Elections à la chambre de commerce et d'industrie

G. Narayanin : "J'ai tiré les leçons de 2004"

  • Publié le 23 novembre 2010 à 06:00

Guyto Narayanin, patron de plus de 40 entreprises installées dans 6 pays de la zone, est le leader de la liste "Agissons pour demain" pour les élections à la chambre de commerce et d'industrie. Ces dernières auront lieu du 25 novembre au 8 décembre prochains uniquement par correspondance. Contrairement à 2004, l'entrepreneur ne fait pas partie de la liste du Medef (Mouvement des entreprises de France) cette année. "J'ai tiré les leçons de 2004", justifie t-il. "Si le Medef a eu quelques sièges cette année là, c'est grâce à moi. Mais mes colistiers m'ont lâché lors de la campagne pour la présidence", dénonce t-il. Un abandon que n'a pas oublié Guyto Narayanin. Il a décidé de présenter sa propre liste avec 27 autres chefs d'entreprise. Une liste qui mise sur "des idées simples et réalistes" pour "aider les entreprises à sortir de la crise" et "redonner à la chambre de commerce son rôle de moteur économique". Entretien.

* En 2004, vous avez été élu à la chambre de commerce sous la bannière du Medef. Pourquoi présentez-vous votre propre liste cette année ?

- J'ai effectivement été sur la liste du Medef en 2004. Mais lors de la campagne pour la présidence, mes colistiers m'ont lâché. Si le Medef a eu quelques sièges cette année là, c'est grâce à moi. Au lieu de me remercier, on m'a tourné le dos. J'ai pris acte et j'ai décidé de créer ma propre liste.

* Une liste qui ne compte que 28 candidats alors que la chambre de commerce compte 36 sièges. Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter dans 9 collèges sur 12 ?

- Nous ne visons pas la présidence de la CCIR. Nous souhaitons juste mettre nos compétences au service des entreprises. C'est pour cette raison que nous avons décidé de présenter des candidats dans des collèges où nous avons une certaine expertise.

* Quels sont les grands axes de votre programme ?

- Tout d'abord, il faut redonner à la chambre de commerce et d'industrie le rôle qui est le sien, à savoir être un moteur économique. Les politiques ont pour rôle de lever des fonds et de conduire les projets. La CCIR doit apporter son expertise et son savoir-faire pour que ces projets réussissent, ou pour qu'ils soient amendés. Pour le reste, nous proposons des idées simples et réalistes.

* Qu'entendez-vous par "simples et réalistes" ?

- En matière de tourisme par exemple, c'est bien beau de vouloir profiter de l'inscription de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco pour relancer la filière touristique. Mais a-t-on les infrastructures suffisantes ? Il n'y a pas assez de chambres d'hôtels, pas assez de voitures de location. Il faut faire les choses dans l'ordre et construire avant de vouloir attirer les touristes. Nous proposons par exemple d'aider les agriculteurs à construire quelques bungalows sur leurs parcelles. Ça permettrait de faire fonctionner l'économie rurale et d'accroître le nombre de structures d'accueil. Le développement de l'île passe aussi par la prise en compte de la problématique des transports. Aujourd'hui, on ne règle rien en construisant la route du littoral ou la route des Tamarins. Il faut arrêter de constamment bâtir et davantage exploiter la mer en termes de transports maritimes. Nous souhaitons également que La Réunion devienne la plateforme de formation par excellence dans la zone Océan Indien. Nous avons des centres de formation et des écoles de qualité qui doivent s'ouvrir aux pays voisins.

* Comment aider les entreprises touchées de plein fouet par la crise ?

- Il faut mieux conseiller les entreprises. Beaucoup de sociétés mettent la clef sous la porte alors qu'il existe des dispositifs qui peuvent les sauver comme le crédit restructuration, la création d'un groupement d'intérêt économique ou encore la recapitalisation. Mais les patrons ne les connaissent pas. À la CCIR nous avons une Maison de l'Entreprise de qualité. En période de crise, les entrepreneurs n'ont pas le temps de se déplacer dans ces structures pour s'informer. C'est aux administratifs de la chambre de commerce de se déplacer dans les entreprises et d'y organiser des réunions. La CCIR doit réellement se mettre au service des sociétés.

* Le Medef a proposé la création d'une "compagnie d'aviation d'affaires". Que pensez-vous de cette idée, en tant qu'actionnaire d'Air Austral ?

- C'est une idée complètement loufoque. On ne peut pas proposer des choses comme ça. Quand on sait qu'Air Austral ne fait que 1,02% de marge et fait vivre plus de 1 000 familles, on n'a pas le droit de s'amuser avec un outil de cette importance. De plus, il n'est pas normal que cette idée n'ait pas été débattue au sein même du syndicat. Je suis moi même adhérent du Medef, je n'ai jamais entendu parler de ça.

* Lors d'une conférence de presse ce dimanche 21 novembre, le Medef a évoqué des "tentatives de fraudes" qui seraient perpétrées par des candidats de listes opposées auprès d'agents de la Poste. Qu'en pensez-vous ?

- Même si dans le fond je ne conteste pas le bien fondé de ce discours, je n'adhère pas du tout à la manière dont le Medef a communiqué sur le sujet. On ne peut pas jeter l'opprobre sur une profession de cette façon.

* Quel regard portez-vous sur liste du syndicat dont vous êtes adhérent (Medef) ?

- La majorité des candidats sont des directeurs de société. Ils peuvent quitter la structure n'importe quand. Ce n'est pas une liste qui défend les entreprises.

* Vous n'êtes pas tendre avec votre syndicat. Pourquoi en faites-vous partie ?

- Quand on veut se faire entendre, il vaut mieux être sous la véranda que dans la rue. Je suis certain que le Medef enregistrera un échec cuisant lors de ces élections. J'espère qu'il y aura ensuite un examen de conscience et que des leçons seront tirées pour qu'il redevienne un syndicat où il existe une vraie solidarité.

* Et si cet examen de conscience n'est pas fait, quitterez-vous le Medef ?

- Non, il ne faut surtout pas quitter le Medef. Mon but est de faire évoluer le syndicat. Il y a beaucoup de compétences au sein de l'organisation. Nous ne sommes simplement pas d'accord sur la façon d'agir.

Mounice Najafaly pour
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