AURAR - Ouverture d'un centre de dialyse à Tamatave

"La Réunion ne doit pas être l'Eldorado"

  • Publié le 25 novembre 2010 à 13:55

Avec le soutien de l'association pour l'utilisation du rein artificiel à La Réunion (Aurar), un centre de dialyse a été mis en place au centre hospitalier universitaire de Tamatave (Est de Madagascar). En service depuis juin 2010, la structure a été inaugurée ce lundi 22 novembre (voir article d'Imaz Press Réunion du mardi 23 novembre http://www.ipreunion.com/reportage.php?id_reportage=10139). "La Réunion ne doit pas être le seul Eldorado de la dialyse dans l'Océan Indien. Nous nous engageons donc avec conviction dans une politique de coopération avec les centres hospitaliers de Madagascar afin de les doter de moyens et compétences pour la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique" a commenté l'Aurar lors de la conférence de presse qu'elle a tenue ce jeudi.

La dialyse rappelons-le, est un procédé permettant d'épurer le sang des personnes dont les reins fonctionnent mal. Un traitement vital pour les malades. Sans ce traitement, le sang du malade est à plus ou moins court terme empoisonné par les déchets organiques. L'évolution de la maladie est alors inexorablement mortelle. Un patient doit être dialysé trois fois par semaine, à raison de 4 heures par séance.


Sur les 18,5 millions d'habitants de Madagascar, "le nombre de personnes souffrant d'insuffisance rénale est impossible à déterminer. On sait simplement que le taux de prévalence de cette maladie chronique est important et que la très grande majorité ne se soigne pas" a indiqué à Imaz Press Réunion lors de l'inauguration du centre Claude Raharivelina, médecin néphrologue à l'Aurar.

C'est pour tenter de faire face à ce besoin vital que l'association réunionnaise s'est fortement impliquée dans la mise en place du centre de dialyse de Tamatave. Elle a formé une équipe médicale malgache et elle a participé à hauteur de 15 000 euros à l'équipement de la structure. 8 générateurs (machines utilisées pour l'épuration du sang) ont ainsi été installés dans le centre. Pour le moment, un seul patient est traité. Même en optimisant au mieux les ressources, le coût de la séance de dialyse, 120 euros, reste encore onéreux dans un pays où le salaire moyen est de 40 euros. L'objectif reste malgré tout de donner accès au traitement au plus grand nombre possible d'insuffisants rénaux.

Le centre de Tamatave est le premier à être implanté par l'Aurar en province. La collaboration entre l'association réunionnaise et le CHU de Tamatave a débuté il y a plus de 2 ans. "Une première mission d'expertise technique a eu lieu du 31 mars au 3 avril 2008. Elle nous a permis de réfléchir à la création d'une salle de dialyse au sein du service de médecine en prévoyant également les aspects bio médicaux avec le local de traitement de l'eau et le stockage" indique l'Aurar dans sa conférence de ce jeudi.

Pour concrétiser ce projet, deux techniciens du service travaux et du service biomédical se rendaient à Tamatave de fin janvier à mi avril 2009 pour mettre en place le centre. "De la réception du container avec tout le matériel préparé depuis La Réunion, à la formation du personnel en passant par les aléas des travaux sur le traitement de l'eau, leur quotidien a été fait de surprises de toutes sortes" commente l'association réunionnaise.

"Les techniciens ont aussi dû improviser avec les événements politiques de l'époque (le renversement du président de la République malgache Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina - nldr). Il y avait un couvre feu tous les soirs et des trajets incertains entre l'hôpital et leur hôtel" raconte l'Aurar. Ces événements politiques sont directement à l'origine du retard pris dans la mise en service du centre de dialyse. Il a en effet été inauguré ce 22 novembre 2010, soit un an plus tard que la date initialement prévue.

À noter que la coopération régionale entre Madagascar et l'Aurar a commencé en 2006. L'association a accompagné les autorités sanitaires malgaches dans la réalisation d'un centre de dialyse à l'hôpital HJRB de Tananarive. Un déplacement dans la capitale malgache en septembre 2010 a permis d'effectuer un point d'étape et de constater que les patients bénéficiaient toujours des soins de dialyse "Des compléments de formation et l'envoi de matériel sont programmés d'ici début 2011 pour améliorer encore la prise en charge des patients" indique l'Aurar.

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