Elections à la chambre de commerce et d'industrie

Yvès C. Hoarau : "Nous ne vendrons pas notre âme"

  • Publié le 25 novembre 2010 à 10:30

Leader de la liste "Entreprenons La Réunion" de la CGPME aux élections à la chambre de commerce et d'industrie, Yvès Claude Hoarau sera "vigilant" lors de ces élections. Le scrutin se déroulera du 25 novembre au 8 décembre 2010. Le chef d'entreprise ne veut pas que la CGPME se retrouve dans la situation de 2004. A savoir remporter la majorité des sièges, offrir la présidence à Eric Magamootoo et "devoir faire des compromis" par la suite. "Nous ne vendrons pas notre âme", prévient-il lorsqu'il est interrogé sur d'éventuelles alliances au second tour. Il se dit néanmoins prêt à "ouvrir sa liste à toutes les personnes de bonne volonté". Un programme qui tourne autour de plusieurs axes, notamment "renouer le lien entre la CCIR et les entreprises", "sortir de la crise économique", "revoir le programme de formation" ou encore le "développement des zones d'activité économique". Entretien.

* Vous n'étiez pas le seul à vouloir être la tête de liste de la CGPME à ces élections. Qu'est ce qui a plaidé en votre faveur ?

- Je pense que les adhérents ont vu en moi la personne la plus apte à rassembler les hommes et les femmes. Ils connaissent aussi ma capacité à travailler en équipe. Je ne crois pas en un chef qui déciderait seul mais en une intelligence collective. Il faut un chef d'orchestre entouré d'une équipe capable de se mettre au service de l'intérêt général. C'est de cette façon que je mène la liste "Entreprenons La Réunion".

* Quel bilan tirez-vous de la mandature de la majorité sortante ?

- C'est un bilan mitigé. Les TPE et PME n'ont pas eu les réponses escomptées. Elles voulaient que la chambre de commerce soit au plus près d'elles, pour les soutenir, les conseiller et pour défendre leurs intérêts. Lorsque je rencontre les chefs d'entreprise, ils estiment qu'ils ont été oubliés et que les candidats ne viennent les voir qu'à la veille d'élections.

* Pourtant la CGPME a été une composante de cette majorité sortante...

- A la suite des élections de 2004, la CGPME est arrivée en tête. Mais le syndicat n'avait pas la majorité. Il a dû composer avec d'autres listes. Quand on doit fonctionner par compromis à la chambre de commerce, on ne peut pas respecter le programme que l'on a présenté et que l'on aurait voulu mettre en place.

* Avec le système d'élection actuel, il est difficile de dégager une majorité sans alliance. Il faut réformer le mode de scrutin ?

- Si nous sommes à la tête de la chambre de commerce, nous plaiderons pour une réforme de ce scrutin. Nous sommes favorables à un scrutin de liste tout en gardant une représentation par collège équilibré. Par ailleurs, nous regrettons que la chambre de commerce de La Réunion n'ait pas adopté le système de vote électronique plutôt que le système actuel (ndlr - par correspondance) qui fait actuellement jaser et laisser planer certains doutes (ndlr - référence aux propos du Medef affirmant que des "tentatives de fraudes" seraient perpétrées par des candidats de listes opposées auprès d'agents de la Poste).

* Les chefs d'entreprises vous reprochent de ne venir les voir que lors des élections. Comment ferez-vous pour leur prouver le contraire ?

- C'est ma première préoccupation. Depuis plusieurs années, les entreprises attendent que la chambre de commerce se tourne vers elles, vers leur développement. Nous allons mettre en ?uvre toute la force de la Maison de l'Entreprise pour structurer les filières, mutualiser les moyens et permettre aux sociétés de se développer.

* Que proposez-vous concrètement ?

- Il faut travailler pour le développement endogène. Cela passe par une meilleure accessibilité aux appels d'offres. C'est aussi aider les entreprises à accéder au marché intérieur. Il faut multiplier les zones d'activité économique sur l'île. Le grand problème à La Réunion est celui du foncier. Des sociétés veulent investir mais ne peuvent pas car elles manquent de place. Elles veulent 2 hectares de terrain, on leur propose beaucoup moins. Dans les 10 années qui viennent, 800 hectares seront nécessaires au développement de l'activité économique. Il faut aussi que la chambre consulaire travaille en étroite collaboration avec l'ensemble des institutions pour analyser l'impact économique des décisions politiques. Par exemple, lorsqu'on a construit la déviation de Grand Bois, à Saint-Joseph, on a oublié les entreprises. On a ouvert une nouvelle station-service sur cette voie alors que celle de Grand Bois est en train de mourir. C'est cette dernière qui aurait du être déplacée sur la déviation.

* Cela sera suffisant pour permettre aux entreprises de sortir de la crise ?

- Non, les entreprises veulent qu'on réponde immédiatement à leurs besoins. Elles ont des difficultés à obtenir des prêts de 5 000 à 20 000 euros pour relancer leur économie. La CGPME souhaite mettre en place un plan baptisé "Oxygène". Ce plan vise à alléger les garanties demandées par les banques aux entreprises pour qu'elles aient accès plus facilement à des prêts. Pour ce faire, nous devons travailler en concertation avec les institutions et les établissements bancaires. Les premiers contacts ont été pris et la CGPME s'engage à mettre en place ce prêt "Oxygène" dans les six premiers mois de la mandature. Au total, ce sont près de 10 000 prêts d'un montant total de 200 millions d'euros qui pourront être accordées durant la première année du plan.

* Quels sont les autres grands axes de votre projet ?

- Dans le domaine de la formation, nous voulons établir un nouveau programme de formation. Certaines filières ne sont plus adaptées, d'autres doivent évoluer et il faut en créer de nouvelles, notamment dans le domaine des TIC, de la haute technologie ou encore de l'agroalimentaire. Le déficit de la branche formation à la CCIR ne nous fait pas peur. Nous allons lancer un audit pour trouver les causes de ce déficit et activer les leviers nécessaires au redressement de la situation. Concernant le port Réunion, nous devons continuer à participer activement à son développement. C'est le poumon économique de l'île. En matière de tourisme, il faut investir dans les infrastructures de l'île, notamment celles consacrées au micro-tourisme, les gîtes et les tables d'hôte. Nous devons être en mesure d'accueillir le flux de touristes qui viendra sur l'île à la suite de l'inscription de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco.

* Vous croyez en une victoire de la liste de la CGPME dès le 1er tour ?

- Nous aurons la majorité. Je n'en doute pas. Et nous serons prêts à ouvrir notre majorité aux personnes de bonne volonté qui veulent travailler avec nous au développement économique de l'île.

*Si vous ne parvenez pas à obtenir la majorité au 1er tour. Avec qui allez-vous faire alliance ?

- Nous ne sommes pas encore à ce stade. Notre priorité est le premier tour. Nous verrons par la suite ce qui se passera.

* Mais vous avez sûrement déjà envisagé des alliances en cas de second tour...

- Nous nous allierons avec ceux qui adhéreront à notre programme. Mais une chose est sûre, nous ne vendrons pas notre âme. Nous serons vigilants.

Mounice Najafaly pour
guest
0 Commentaires