Enquête de l'Insee et de l'Ined

Les gramounes ne sont pas isolés

  • Publié le 11 mai 2011 à 07:00

La Réunion compte 89 000 personnes âgées de 60 ans et plus. Certaines sont soumises à l'isolement, confrontées à une perte d'autonomie ou à des difficultés financières. 51% des plus de 65 ans vivent en effet sous le seuil de pauvreté. Pourtant, les personnes âgées ne sont pas isolées. La solidarité intergénérationnelle est d'une grande importance sur l'île et se révèle supérieure à celle des autres départements d'Outre-mer. C'est ce que révèle, notamment, l'enquête "Migrations, famille et vieillissement" menée par L'Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) et l'Ined (Institut National des Études Démographiques).

Les résultats de cette étude ont été commentés par l'Insee et l'Ined ce mardi 10 mai 2011. Ils montrent qu'à La Réunion, un senior sur deux bénéficie de l'aide régulière d'un membre de sa famille. L'aide la plus répandue est la prise en charge des tâches administratives, à savoir remplir les formulaires et régler les questions juridiques. Les personnes âgées sont aussi soutenues par leurs proches pour faire les courses et entretenir leur maison.

Les gramounes réunionnais ne sont donc pas isolés. Les trois quarts d'entre eux ont des contacts très réguliers avec leurs enfants. Ils cohabitent avec eux ou reçoivent leurs visites au moins une fois par semaine. "À La Réunion, les personnes âgées sont souvent aidées dans leur quotidien par leurs enfants, mais l'aide financière apportée est très limitée", explique Didier Breton, chercheur à l'Ined.

La prise en charge de la dépendance par les proches (aider les seniors à se laver, s'habiller, sortir du lit...), est également très rare. L'enquête donne l'avis des vieilles personnes en cas de perte d'autonomie. 61% voudraient pouvoir rester à leur domicile et bénéficier d'une aide à domicile. 22% souhaiteraient être placées en établissement spécialisé et 17% aimeraient être hébergées par un membre de leur famille.

Les migrations et les maternités précoces ont également été étudiées par l'Insee et l'Ined dans le cadre de leur enquête "Migrations, famille et vieillissement". Il en ressort que 26% des natifs Réunionnais n'ont jamais quitté leur département d'origine, 47% l'ont quitté pour un court voyage et 26% reviennent après un séjour de plus de six mois hors de l'île. Neuf fois sur dix, c'est vers la France métropolitaine que migrent les Réunionnais, avant de revenir à La Réunion. Les raisons de leur départ sont multiples. 34,7% sont partis dans le cadre d'obligations militaires, 28,7% partent pour l'emploi et 14,5% pour raisons familiales. Concernant les personnes migrant vers La Réunion, on remarque que 25% sont des Métropolitains qui ont des parents ou des grands-parents originaires de l'île.

L'enquête montre aussi que les maternités précoces restent prégnantes à La Réunion. Près d'une femme sur quatre née entre 1980 et 1989 a eu son premier enfant avant l'âge de 20 ans. C'est une constante sur l'île, avec une proportion équivalente à celle observée chez les femmes nées 40 ans plus tôt. Ces maternités précoces sont considérées comme "un substitut de statut social" par Claude-Valentin Marie, conseiller pour l'Outre-mer à l'Ined, les jeunes mères ayant souvent une scolarité défaillante.

L'enquête a été menée dans quatre départements d'Outre-mer (La Réunion, la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe). L'Insee et l'Ined ont interrogé 16 000 personnes, âgées de 18 à 79 ans. Le but de l'étude était de "fournir des indicateurs pour mieux cerner les défis de demain", explique Claude-Valentin Marie.

Samia Omarjee pour
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