Élections sénatoriales

La victoire de l'UMP

  • Publié le 25 septembre 2011 à 16:40

Les UMP Michel Fontaine et Jacqueline Farreyrol ont été élus sénateurs de La Réunion ce dimanche 25 septembre 2011. Le communiste Paul Vergès et le socialiste Michel Vergoz sont également élus. Ils font d'ailleurs jeu égal avec à peine 13 voix de différence au profit du PCR/Alliance. Ce scrutin est historique à triple titre. D'abord par la victoire sans appel de la droite et donc de fait de Didier Robert qui s'affirme comme le chef de file de la droite locale. Ensuite, par la sortie de scène, sans doute définitive, de Jean-Paul Virapoullé qui n'a pas réussi son pari d'être réélu sénateur. Enfin, et c'est assez rare dans les annales politiques de l'île, par la demie victoire de la liste du PCR/Alliance de Paul Vergès qui perd plus 150 voix sur les plus de 400 suffrages qu'elle était en droit d'attendre. Conséquence de cette demie victoire, Paul Vergès a annoncé dimanche soir qu'il démissionnait de son mandat tout juste obtenu (voir article par ailleurs).

Une fois de plus, les électeurs réunionnais, y compris les "grands" ont voté à l'inverse de ceux de la métropole. Dans l'Hexagone comme dans les autres DOM c'st la gauche qui gagne. Ce qui provoque une alternance historique au Sénat qui bascule à gauche pour la première fois depuis 1958 et la création de la 5ème république.

À La Réunion, la droite a donc gagné les élections sénatoriales. Presque contre toute attente. Car s'il était certain pour tous que la liste menée par Michel Fontaine, maire UMP de Saint-Pierre, allait obtenir un siège, au même titre que le PCR/Alliance et le PS, le quatrième siège était plus volontiers attribué à Paul Vergès et ses colistiers.

Il n'en a rien été. La droite a donc gagné. Cela près de deux ans après la victoire des régionales qui avait installé, de fait, Didier Robert à la tête de l'UMP locale et à peine 6 mois après la défaite aux cantonales de cette même droite menée par le même Didier Robert. Inconstance de l'électorat - même s'il s'agit de grands électeurs -, qui a sans doute plusieurs explications. Au premier rang desquelles un problème au sein du camp communiste - alliance.

Après avoir fait ses calculs, compté et recompté les voix des grands électeurs susceptibles de voter pour sa liste, Paul Vergès - et bon nombre d'observateurs avec lui -, était sûr d'obtenir deux sièges. Et pour cause, le total des grands électeurs communistes - alliance dépassait les 400 voix. Au final, il n'en aura obtenu que 296. Dans le même temps, l'UMP qui à priori ne pouvait compter que sur quelque 300 voix, termine le scrutin avec 438 suffrages favorable.

Un tel retournement ne peut être le fruit du hasard, mais bel et bien le résultat d'une opération murement réfléchie, ne pourront sans doute pas s'empêcher de penser Paul Vergès et ses colistiers. Leurs regards se tourneront alors d'abord vers certains élus de leur propre camp. Les tiraillements internes qui ont agité le PCR lors des régionales et surtout lors des dernières cantonales, semblent avoir laissé des traces. Désastreuses au regard des résultats de ce dimanche 25 septembre. Paul Vergès et ses colistiers se poseront aussi sans doute des questions sur l'attitude dans les isoloirs de leurs alliés modérés - droite sociale du conseil général. L'ensemble laisse présager bien des explications orageuses, voire des règlements de compte entre camarades de parti et alliés.

Le second fait marquant de cette élection est la défaite et presque certainement la fin de la carrière politique de Jean-Paul Virapoullé. Ex chef de file de la droite locale, ex conseiller général, ex conseiller régional, ex député-maire de Saint-André et sénateur sortant, il n'a pas réussi son pari d'une réélection contre l'appareil électoral de l'UMP, ce qui lui a valu d'être suspendu de ce parti. Il avait été élu pour la première fois en 1969 contre... Paul Vergès. Au soir de ce dimanche de sénatoriales, il sort de la vie politique par la petite porte, il faut bien le dire. Cela alors que son adversaire de toujours, s'en sort à peine mieux que lui. Il est élu certes mais loin derrière l'UMP et son principal adversaire Didier Robert. Surtout, il est désormais à la tête d'un parti où sa parole, ses consignes de vote, n'ont plus le pouvoir de rassembler les militants comme un seul homme.

Alors oui, l'UMP et Didier Robert peuvent avoir le sourire. Ils se sont débarrassés une fois pour toute de Jean-Paul Virapoullé et ils ont fait mettre un genou à terre à Paul Vergès.

En attendant Jacqueline Farreyrol, déjà députée, et élue sénatrice, a annoncé qu'elle démissionnerait de l'Assemblée nationale. Reste à savoir si des élections partielles seront organisées sachant que les législatives générales auront lieu dans un an.

Pour l'heure l'UMP en est encore à célébrer sa victoire. Ses grands électeurs ont crié leur joie dans la cour de la préfecture lors de la proclamation des résultats. L'annonce de l'élection de Michel Vergoz - qui termine troisième, à peine à 13 voix de Paul Vergès -, a été saluée par quelques timides applaudissements. Celle de Paul Vergès s'est faite dans un silence assourdissant. Aucun grand électeur PCR - Alliance n'était présent...

Mahdia Benhamla pour

* Les résultats
Inscrits 1 211
Votants 1 208
Nuls : 9
Exprimés : 1 199

Liste Michel Fontaine : 438 voix (36,53%)
Liste Paul Vergès : 296 voix (24,69%)
Liste Michel Vergoz : 283 voix (23,60%)
Liste Jean-Paul Virapoullé : 162 voix (13,51%)
Liste Yvette Duchemann : 16 voix (1,33%)
Corine Ramoune 3 (0,25%)
Liste Bernard Law Waï 1 voix (0,08%)
Liste Erick Beeharry 0 voix (0,00%)
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