Politique - Législatives

2ème circonscription : H. Bello candidate contre la volonté du PCR

  • Publié le 11 décembre 2011 à 21:56

Dans un communiqué publié ce dimanche 11 décembre 2011 à 21 heures 30, Huguette Bello, députée-maire communiste de Saint-Paul annonce officiellement qu'elle est candidate à sa succession dans la 2ème circonscription (la possession, Le Port et une partie de Saint-Paul). Plus tôt dans la soirée le PCR lui avait tout aussi officiellement demandé d'être candidate dans la 7ème circonscription (une partie de Saint-Paul, Trois Bassins, Saint-Leu, les Avirons, Etang Salé et une partie de Saint-Louis).. Cette fois la guerre jusqu'à présent larvée entre la députée-maire saint-paulaise et la direction du PCR est ouvertement déclarée

"C'est avec une profonde stupéfaction que je prends connaissance, par la presse, des deux résolutions signées par les bureaux des sections communistes du Port et de La Possession. De façon simultanée, l'une et l'autre me convient à quitter la deuxième circonscription dont je suis la députée" écrit Huguette Bello dans son communiqué.

En début de soirée, la section communiste du Port avait en effet publié un communiqué soulignant souligne que "les conditions optimales" pour une victoire du PCR dans la 2ème et la 7ème circonscription "seront remplies dès lors que notre camarade maire de Saint-Paul, Huguette Bello conduira le combat électoral dans la 7ème circonscription". Et la résolution conclut : "le bureau de la section communiste du Port souhaite que le secrétariat du P.C.R. demande à notre camarade Huguette Bello de prendre, dans la 7ème circonscription, la tête de notre combat commun pour le succès électoral et politique" (voir article par ailleurs).

La section communiste de la Possession publiait quasiment le même communiqué et précisait "pour la circonscription regroupant une partie de Saint-Paul/Le Port/La Possession (la 2ème circonscription - ndlr), nous n'aurons aucune difficulté à trouver une nouvelle candidature issue de nos rangs".

Interrogé dimanche soir par Imaz Press Réunion sur ces prises de positions, Élie Hoarau, secrétaire général du PCR, affirmait qu'il n'y a "rien de machiavélique" dans la position du parti communiste et que le seul but recherché est "d'assurer la victoire du parti dans la 2ème et la 7ème circonscription" (voir article par ailleurs).

Ce qui fait commenter à Huguette Bello dans son communiqué : "ni mon bilan, ni mon action, à l'Assemblée nationale comme à la Réunion, ne sont en mis en cause. Dans ces deux résolutions, la décision paraît surtout motivée par la volonté de remporter les 2ème et 7ème circonscriptions. Je comprends cette volonté, je l'approuve. Je ne suis pas indifférente non plus à la faculté qu'on me prête de pouvoir concourir avec succès dans ces deux circonscriptions".

Par contre, ajoute la députée-maire "je crois qu'il est de mon devoir de souligner qu'il est indispensable, en ces temps difficiles, d'avoir une stratégie claire si l'on souhaite vraiment remporter la victoire dans les 2ème et 7ème circonscriptions". Elle poursuit en notant : "nous le savons tous : le résultat d'une élection n'est jamais assuré. La sagesse et le sens des responsabilités doivent nous guider dans cette période cruciale pour La Réunion. Nous ne devons en aucun cas contribuer à compliquer la situation".

Huguette Bello remarque ensuite "l'action que je mène dans la 2ème circonscription est reconnue - et je crois appréciée -, par un grand nombre de nos concitoyens". Raison pour laquelle elle pense qu'il "est donc non seulement légitime, mais encore raisonnable, que je continue à me présenter dans la 2ème circonscription, dont je suis la sortante".

Les choses ont le mérite d'être claires : que la direction du PCR le veuille ou non la députée-maire saint-pauloise sera candidate dans la 2ème circonscription. Que la direction du PCR le veuille ou non, elle laissera à un autre le soin d'aller croiser le fer dans la 7ème circonscription avec Thierry Robert, le maire Modem de Saint-Leu jugée par les communistes comme étant trop proche de Nassimah Dindar, la présidente du conseil général qui a choisi de rompre avec le PCR

La guerre qui couve entre Huguette Bello et la direction du PCR vient donc d'éclater au grand jour. "Il fallait bien que cela arrive un jour. Trop de choses se sont accumulées sans jamais être réglées" soupire un militant communiste portois. "Le premier grand désaccord s'est produit juste avant le premier tour de la présidentielle en 2007. Huguette Bello a refusé de faire campagne pour la candidate du PCR Marie Georges Buffet et a "fait" pour Ségolène Royal, la candidate du PS" se souvient ce militant. "Il est vrai aussi que la direction du PCR avait demandé à toutes les sections de s'engager aux côtés des socialistes avant de changer d'avis brusquement et sans réelle explications" reconnaît ce militant. Il cite ensuite l'épisode des élections régionales où Huguette Bello a dit publiquement son désaccord avec la décision de la direction du PCR de s'allier à André Thien Ah Koon. Le même, qui, dans le milieu des années 90 alors qu'il était maire du Tampon, avait été accusé d'avoir fait disperser par des gros bras une manifestation de femmes menée, notamment, par Huguette Bello contre la pratique de sa politique municipale.

"Dernièrement encore à l'occasion des cantonales, on est passé très près de la rupture lorsque la direction du PCR a joué la carte de Joseph Sinimalé dans le canton de la Saline, contre celle du candidat soutenu par la député-maire" croit encore savoir le militant communiste portois. "À aucun moment, il n'y a eu une rencontre, une réunion où Huguette Bello, la direction du parti et les autres camarades auraient pu s'expliquer franchement" dit-il avant d'aouter, "on a laissé les choses pourrir et s'envenimer. Il ne fait s'étonner que l'on en soit là aujourd'hui". Et que l'on en arrive à la situation inédite, et sans doute profondément troublante, pour les militants et les électeurs PCR d'avoir à choisir entre la candidature d'une personnalité charismatique et populaire du PCR, Huguette Bello en l'occurrence, et celle d'une autre personnalité, elle aussi de premier plan. Pierre Vergès par exemple.

Mahdia Benhamla pour
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