Exploitation de l'Ouest - Les mangues en sous-production

Cinq Américaines pour mille manguiers

  • Publié le 23 janvier 2012 à 07:30

Américaines ou Josés, sucrées et charnues... Tous les ans à partir de la fin octobre, elles font le bonheur des papilles des gourmets et des gourmands, petits ou grands. Pourtant, en cette fin du mois de janvier 2012, les mangues se font de plus en plus rares sur les étals des marchés forains, des moyennes ou grandes surfaces ainsi qu'en bord de route. Les quelques fruits présents manquent de superbe. Certains producteurs annoncent une fin de saison prématurée. Eddy*, exploitant dans les hauts de l'Ouest, prédit que "sa saison 2011-2012 est foutue".

Dans l'île, la mangue compte plus d'une cinquantaine de variétés. Seule une demie-douzaine d'entre elles sont cultivées. Parmi elles, la José et la Early gold (ou mangues américaines), les préférées des réunionnais. Eddy est producteur dans les hauts de l'Ouest. Et en cette fin du mois de janvier 2012, il est d'humeur morose. Et pour cause, il suffit d'arpenter les allées de son verger pour le remarquer, dame Mangue se fait rare.

Eddy annonce d'emblée : "Ma saison 2011-2012 est foutue". Dans son exploitation d'une dizaine hectares, seul un arbre sur les milliers de manguiers, donnant des américaines, a chargé et "a donné des mangues acceptables en poids et en qualité" selon l'expression du planteur. Il en a retiré tout juste cinq fruits pour 1,5 à 2 kilos contre une quarantaine de tonnes l'an dernier. Les Josés ne sont pas non plus épargnées puisqu'elles représentent 40% seulement de la récolte annuelle habituelle.

Selon lui, cette situation de manque est une "tendance générale" dans quasiment toutes les exploitations de l'île. Conséquence, le prix des mangues reste encore élevé par rapport au début de la saison, à savoir, octobre pour les José, mi-novembre pour les Early Gold. Les fruits se vendaient aux alentours de 10 euros le kilo en début de saison et à peine en dessous de 3 euros en ce mois de janvier. "Il y a quelques années, après les fêtes, on en trouvait à à 0,50 centimes d'euro le kilo", se souvient Eddy.

Le producteur avance plusieurs explications à cette sous production. "Pour bien fleurir, les manguiers ont besoin d'être stressés par le manque d'eau et par une température basse. Hors il n'a pas suffisamment fait froid" explique Eddy. Il note également que "les variétés d'arbres, comme les Américaines, vieillissent et produisent mal". "C'est un phénomène que l'on connaît sur toute l'île", poursuit-il. Eddy pointe du doigt "un problème d'inadaptation". "Il y a une vingtaine d'années, la variété américaine a été préconisée par les autorités locales et fortement subventionnée car elle correspondait parfaitement aux attente du marché européen. Des pépinières agréées par le CIRAD ont également vu le jour. Aujourd'hui, ces arbres manquent en productivité", commente-t-il. Il ajoute : "C'est dommage car même si cette variété était boudée au départ par les Réunionnais, ils l'ont adoptée au fil du temps".

Si Eddy n'incrimine pas les autorités de l'époque, "puisque personne ne savait comment se porter la variété américaine", dit-il, il constate que "c'est un échec total".

"Pessimiste", Eddy dit "ne pas savoir comment gérer l'avenir", en raison d'un manque de productivité qui risque d'accroître d'années en années. "Le problème est qu'à 53 ans, je ne me vois pas retailler des arbres et attendre que les vergers refleurissent", regrette-il.

La saison des Américaines se termine fin janvier. Celle des José en mars.

Émilie Sorres pour

*prénom d'emprunt
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1 Commentaires
lory
lory
6 ans

Moi je cherche des partenaires.j ai des vergers de mangues