Municipales de Sainte-Suzanne

Les plaies du parti communiste

  • Publié le 5 février 2012 à 22:50

"Ce soir, c'est une grande victoire électorale mais aussi politique", déclarait Élie Hoarau, secrétaire général du parti communiste réunionnais. Une déclaration non anodine qui fait suite à la fin d'une élection municipale marquée par de nombreuses tensions au sein même du parti. Trois candidats se réclamant du PCR s'étaient alors présentés aux élections anticipées, Maurice Gironcel, ancien maire, Yolande Pausé, maire sortante, Daniel Alamélou, premier adjoint sortant. Du jamais vu à Sainte-Suzanne, commune historiquement communiste. Ce dimanche 5 février, Maurice Gironcel et le PCR avec lui ont donc gagné leur pari. Le premier, celui de retrouver son fauteuil de maire, après son inéligibilité en 2009, et le second, car il est conforté dans sa décision d'avoir soutenu la candidature de Maurice Gironcel. Il reste maintenant à panser les plaies que cette campagne a provoqué dans les rangs communistes

Jamais une élection n'a autant été marquée par de tels déchirements au sein du parti communiste. Pour celle de Sainte-Suzanne, l'affaire trouve son origine en 2009 lorsque les condamnations de Maurice Gironcel, alors maire de la ville, à deux ans d'inéligibilité dans des dossiers de marchés publics frauduleux, d'emplois fictifs, et de détournement de fonds publics au sein d'association sont prononcées par la justice. Elu conseiller général en 2004 et maire en 2008, Maurice Gironcel, perd ses deux mandats. Yolande Pausé, jusqu'à lors première adjointe au maire, accepte le marché, surprenant en démocratie, d'occuper le fauteuil de maire durant la période d'inéligibilité de Maurice Gironcel et de le lui "rendre" à la fin de cette période.

La fin de l'inéligibilité de ce dernier est arrivée, conformément au "marché", l'ancien maire a voulu retrouver son fauteuil et une démission massive de plusieurs conseillers municipaux lui a permis d'obtenir l'organisation d'élections municipales partielles.

Yolande Pausé n'a que très peu apprécié l'affaire. Tout en jurant "j'aurai démissionner si on me l'avait demandé" et "je ne m'accroche pas à la place de maire", elle a fini par se présenter.
 Le parti communiste n'avait lui visiblement pas apprécié cette prise de position. Elie Hoarau, secrétaire général du PCR, employait alors un ton sans appel pour dire : "Aucune personne, responsable du parti ou pas, ne peut publiquement adopter une position sans prendre le risque, réfléchi ou non, d'être considérée comme travaillant à l'affaiblissement du parti".

De son côté, Daniel Alamélou, a choisi de rompre sans états d'âme particuliers avec, selon son expression, "les instances dirigeantes de son parti" en se présentant à ces élections anticipées. Lesquelles instances l'ont soutenu pour son élection réussie au conseil général il y a moins d'un an sous l'étiquette PCR. Il sera accusé de trahison, notamment, avec Yolande Pausé pour "ne pas avoir tenu parole" mais également révoqués de la direction.

Les tensions se sont accrues lorsque Maurice Gironcel, n'a pas obtenu le soutien de la section communiste de Sainte-Suzanne au détriment de Daniel Alamélou. Il sera par ailleurs soutenu par celle de Sainte-Marie.

Ce dimanche au soir du second tour, Maurice Gironcel l'a emporté. Entouré de ses partisans, collier de fleurs autour du cou, il savoure son triomphe et son fauteuil de premier magistrat retrouvé. "Il faudra refonder le parti sur la base des principes de solidarité et de respect", annonçait alors Élie Hoarau.

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