Santé publique

Conduite ou antidépresseurs : il faut choisir

  • Publié le 3 septembre 2012 à 05:14

Entre prendre des antidépresseurs et conduire il faut choisir. C'est ce que souligne une étude de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Les anxiolytiques, les hypnotiques ou encore les antidépresseurs rendent, en effet, des conducteurs inaptes à la conduite. Une catégorie plus nombreuse qu'on ne le pense. "Un million de personnes environ seraient concernées", comme le confirme le Pr Henry Hamard, membre de l'Académie nationale de médecine. Il y a déjà quatre ans, il avait tiré la sonnette d'alarme sur ce risque, note lefigaro.fr

Ce n'est pas un secret, conduire sous l'emprise de certains médicaments peut s'avérer particulièrement dangereux. Aussi, les traitements sont actuellement classés en trois niveaux de risque, allant du niveau 1 (faible) à 3 (risque majeur), indiqués par des pictogrammes figurant sur les boites : un triangle jaune pour le niveau 1, orange pour le niveau 2 et rouge pour le niveau 3 (qui déconseille formellement la conduite automobile). "Selon ce classement, les boites d'antidépresseurs présentent un pictogramme de niveau 2 invitant les conducteurs à être "très prudents" et à ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé", remarque maxisciences.com.

Pourtant, c'est une nouvelle alerte qu'a émis ce mercredi l'agence du médicament ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Cet organisme appelle à une "vigilance" spéciale. 72.685 conducteurs impliqués dans des accidents corporels de la route entre 2005 et 2008 ont fait l'objet d'une étude de l'Inserm en collaboration avec l'ANSM.

"Elle a mis en évidence des résultats préoccupants" relève maxisciences.com. "Les chercheurs ont croisé les fichiers de police sur les accidents de la route avec blessés et ceux de l'assurance maladie pour déterminer les médicaments prescrits à ces conducteurs dans les jours précédant l'accident. Ils ont alors constaté que les 2.936 conducteurs qui avaient pris au moins un antidépresseur la veille de l'accident montraient un risque accru d'accident de 34%" écrit le site maxisciences.com.

Plus sérieux encore, les chercheurs ont également montré que le risque était maximum, de l'ordre de 49% en plus, au moment de la mise en route du traitement et qu'il était également augmenté de 32% lors de sa modification. "Il y a des périodes pendant lesquelles il faut être particulièrement vigilant et les praticiens doivent prévenir leurs malades quand ils débutent ou changent un traitement", explique à l'AFP Emmanuel Lagarde, co-auteur de l'étude parue dans la revue spécialisée Journal of Clinical Psychiatry.

Toutefois, ce dernier relativise le risque global attribué aux antidépresseurs dans les accidents de la route. Le scientifique qui dirige une équipe Inserm à Bordeaux sur les traumatismes, estime en effet qu'il est difficile de déterminer si les accidents sont liés au médicament ou à l'état dépressif.

Reste que l'Académie nationale de médecine et le conseil national de l'ordre des médecins cherchent aujourd'hui à établir une procédure de signalement d'un patient inapte à la conduite. "Une réflexion qui n'avait pas abouti en 2008, achoppant sur la difficulté de préserver le secret médical, et qui est donc de nouveau relancée" indique lefigaro.fr.

Afin de respecter la règle sacrée du secret, une des pistes évoquées serait d'exclure le médecin de la procédure, qui reposerait exclusivement sur l'information par voie déclarative de l'automobiliste. "En cas d'inexactitude des données communiquées ou d'omission et en cas d'accident, il pourrait y avoir des conséquences en matière de couverture d'assurance concernant le conducteur", indique le Dr André Deseur, président de la section exercice professionnel au Conseil national de l'ordre des médecins qui, dit-il, mène une tâche délicate. Car "d'un côté, on cherche à informer sur la dangerosité d'un usager de la route et, d'un autre, il ne faut surtout pas rompre le lien de confiance entre un médecin et son patient. Si ce dernier finit par interrompre son traitement parce qu'il redoute de perdre son permis, les conséquences seront terribles."

Ce travail d'équilibre devrait aboutir d'ici quelques mois, indique Henry Hamard, membre de l'Académie nationale de médecine, qui espère rapidement soumettre des propositions aux pouvoirs publics.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
hmadou
hmadou
11 ans

Les antidépresseurs ne sont utiles que s' ils sont dosés ( pour entretenir un état "de guérison" ). Le médecin donnera une dose longue ( de deux à six mois assez forte ) il sera donc amené d' interdire dans sa prescription la conduite longue de plus de 50 km maximum, ensuite les doses sont réduites pour atteindre le traitement définitif souvent à vie. Le danger est antidépresseur + alcool même à petite dose + fatigue. Il faut savoir que la dépression est un handicap, que les antidépresseurs est une béquille....