Les collisions avec les bateaux ont quadruplé

Les hélices mises en cage pour mieux protéger les tortues et les baleines

  • Publié le 13 août 2022 à 11:29

Alors que les tortues semblent plus nombreuses le long de nos côtes, il y a quelques mois, l'Aquarium de La Réunion a équipé son bateau d'une cage de protection d'hélices. Une mesure préventive pour éviter les collisions avec ces animaux marins particulièrement vulnérables. Cependant, cette cage n'est pas le seul moyen pour protéger nos espèces marines. La sensibilisation et le comportement des usagers reste primordiale (Photo rb/www.ipreunion.com)

La mise en place de cette cage était nécessaire "pour protéger les animaux que l’on peut retrouver dans le milieu marin", explique Thomas Joubert, biologiste et scientifique de l’Aquarium de La Réunion. Le principe, isoler les hélices. "Quand on regarde les tortues se sont souvent les hélices qui coupent les carapaces et cassent leurs os", note le biologiste. Comme l’explique le scientifique, s'équiper de cette protection était important pour l'aquarium, car "l'on se doit d’être une structure sensibilisée sur cette problématique et de porter certains projets qui pourraient motiver les plaisanciers et pêcheurs".

Le coût pour cette cage de protection est d’environ 300 euros, pose comprise. "Un prix négligeable par rapport au coût quand on blesse une tortue", indique Thomas Joubert. Écoutez :

Toutefois, Thomas Joubert tient à le rappeler, cette protection d’hélice n’est pas le seul moyen d’éviter l’impact avec les animaux. "Il y a un gros travail de sensibilisation à faire parce qu’il y a des normes à respecter, notamment dans la bande des 300 mètres", explique-t-il.

- L’hélice, pas le seul outil qui fait des dégâts –

Si l’hélice peut provoquer des blessures sur les tortues et baleines comme on peut le voir ci-dessous, selon un rapport d’analyses de données recueillies par Kélonia "les tortues ayant subi une collision présentent des marques suite à des chocs avec la coque des navires dans 68% des cas et avec l’hélice dans 32% des cas", explique Charline Fisseau, chargée de mission Quiétude des cétacés et des tortues marines. Elle ajoute, "ainsi, les systèmes de cage à hélice permettraient probablement d’atténuer l’impact des collisions mais pas leur nombre". "Depuis 2015, les collisions avec les tortues ont même quadruplé, avec un pic atteint en 2019 avec six collisions", explique Lisa Fontaine, stagiaire à Kélonia.

Mais outre les hélices, ce qui marque le plus, c’est que les chocs avec les coques et foils de bateau sont de plus en plus en cause. "Ce qui provoque des renfoncements profonds des carapaces, des coupures très profondes et même des destructions totales des carapaces et plastrons", explique Marie Fontaine.

Selon le travail mené par Marie, "l’étude des données du centre de soins de Kélonia a permis d’identifier les zones où de nombreuses collisions ont eu lieu entre 2001 et 2021". Quatre sites ressortent de ces données : le Cap Homard, le port  de Saint-Gilles, l’Hermitage et la Baie de Saint-Paul (comprenant le Cap la Houssaye).

- Pour protéger baleines et tortues, levez le pied -

C’est pourquoi, selon les professionnels de la mer, la sensibilisation et la prévention valent plus que tout. Notamment, le respect de la vitesse règlementaire de 5 nœuds dans la zone des 300 mètres de la côte de la barrière corallienne, la vigilance accrue et l’adaptation de son trajet. Selon la brigade Quiétude, "il faut s’éloigner des côtes avant d’accélérer et adapter sa vitesse à 10 nœuds au-delà des 300 mètres".

Un arrêté que se doivent de respecter les plaisanciers, comme le Grand Bleu qui propose des croisières en mer. "Nos navires ne vont pas très vite. On a une vigilance accrue", explique son directeur, Grégory Theate. Cependant, installer des cages de protection d’hélice serait très complexe sur ses navires. "On a des moteurs qui se trouvent sous l’eau et donc pas rétractables donc pour modifier cela il faudrait faire de nombreuses manipulations", précise-t-il. Mais même sans ces protections, ces usagers de la mer veillent. "On voit à l’œil. Quand on voit la tortue ou les baleines on débraye et on approche doucement", indique Grégory Theate. Écoutez-le :

Guylain Moutama, plaisancier et président de l’association des amodiataires du port de Saint-Gilles le dit également. "La protection d’hélice est un outil mais après c’est aux véritables gens de la mer de regarder où ils vont." Ce pêcheur du tan lontan nous explique, "les anciens quand ils sortent ils ont toujours une personne à l’avant pour regarder. C’est une habitude qu’on a pris dans le temps parce qu’il y avait beaucoup de plongeurs". Pour lui, les gens de la mer comme il les appelle respectent la règlementation. Mais ce qu’il faudrait c’est sensibiliser et former davantage les nouveaux plaisanciers. "Il faut du temps pour connaître le monde de la mer, regarder la vague, les tortues", conclut-il.

Les tortues et autres mammifères marins sont particulièrement vulnérables face à un bateau approchant à toute vitesse. Les tortues sont d’autant plus fragiles qu’en plus de remonter à la surface en phases de respiration, elles passent du temps à se chauffer au soleil.

On ne le dira donc jamais assez, les leviers importants auxquels il faut faire attention en mer pour le respect des autres usagers mais également et surtout des mammifères marins et tortues, restent la vitesse et la vigilance accrue.

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
gueenec
gueenec
1 an

dispositif a rendre obligatoire de suite