Protection des abeilles

Lutte contre le petit coléoptère : la CGPER réclame une formation urgente des techniciens de La Réunion

  • Publié le 17 août 2022 à 10:30
  • Actualisé le 17 août 2022 à 10:35

Dans un communiqué publié ce mercredi 17 août 2022, la CGPER proteste contre "'arrivée d'une dizaine d'agents venus de métropole pour une durée indéterminée en renfort aux apiculteurs" en lutte contre l'invasion de leurs ruches par les petits coléoptères. Le syndicat agricole souligne : "la formation des techniciens réunionnais doit être une priorité" dans la lutte contre ce nouveau parasite (Photo : rb/www.ipreunion.com)

"Ces techniciens n’ont jamais été confrontés à ce ravageur, car c’est sa première apparition, aussi bien en France qu’Outre-mer. Ils vont donc venir se former à La Réunion !", s'indigne Jean-Michel Moutama, président de la CGPER.

Il s'interroge : "Les techniciens agricoles de La Réunion ont en effet au moins le même niveau de connaissance en matière de lutte contre le petit coléoptère des ruches que l’équipe qui a fait un déplacement de 10.000 kilomètres. Pourquoi ne pas former ces Réunionnais à ce domaine plutôt que faire venir des techniciens de l’extérieur ?".

La CGPER tient à rappeller que, "grâce au travail des équipes des lycées et centres de formation du ministère de l’Agriculture, La Réunion ne manque pas de techniciens agricoles aussi compétents que ces renforts".

"Le débat sur l'autonomie de l'île est en permanence mis en avant", indique Jean-Michel Moutama. "Dans le cadre du plan Agripéi 2030, le Départelent ne cesse de dire "La jeunesse appelée à cultiver La Réunion", on voit bien là une totale incohérence dans les discours et les actes entre les différents décideurs", affirme le représentant syndical, irrité.

"Notre syndicat estime que l’État ne peut ignorer ces faits. La CGPER propose de tirer parti de cette crise pour renforcer les compétences de nos techniciens dans la lutte pour la protection des abeilles", fait-il savoir.

Compte tenu de la grande sensibilité de l’opinion au sujet des recrutements à La Réunion, la CGPER estime qu’ "une telle initiative ne pourra qu’être favorablement accueillie par le monde agricole et bien au-delà, et bénéfique pour tous."

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Pour rappel, depuis le 6 juillet 2022, la présence du ravageur des colonies d'abeilles, dénommé Aethina tumida ou petit coléoptère des ruches, a été confirmée dans un rucher situé sur la commune de Saint-Pierre. Au 18 juillet 2022, neufs foyers sont contaminés et détruits par les autorités.

Des mesures préventives ont immédiatement été mises en œuvre par les services de l’État, car ce ravageur provoque systématiquement l’affaiblissement ou la mort des colonies d’abeilles. Si le petit coléoptère des ruches venait à s’installer durablement sur le territoire de La Réunion, l’impact sur la filière apicole serait majeur et irréversible.

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- Rappel des mesures de restrictions des mouvements autour des zones infestées -

Autour de chaque rucher infesté, une zone de protection d’un rayon de 5km et une zone plus large de surveillance ont été définies par arrêté préfectoral, avec l’application de mesures de police sanitaire visant à l’interdiction stricte de déplacement des ruches et du matériel apicole, en provenance, à destination, et à l’intérieur des zones ainsi définies.

Les services de l’État et du groupement de défense sanitaire assurent une surveillance active des ruchers sur l’ensemble de l’île. Les zones de Saint-Philippe Saint-Pierre font bien sûr  l’objet d’une attention renforcée.

Du fait de la très grande capacité de contagion du ravageur, la priorité doit être donnée à l’éradication des ruchers contaminés, selon un plan de lutte qui a été validé à l’unanimité des familles professionnelles en conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CROPSAV) de La Réunion.

Dès la découverte d’un foyer, il est donc nécessaire de détruire toutes les colonies et tout le matériel du rucher infesté par le petit coléoptère des ruches pour éviter sa propagation au sein de l’île. De plus, il est de plus absolument nécessaire de procéder à l’assainissement du sol pour s’assurer de la destruction des larves éventuellement présentes, en précisant que cette opération ne peut pas être pratiquée en présence de colonies d’abeilles sur le site.

Malgré la difficulté de certains professionnels à accepter la destruction de leurs ruches, la mobilisation de chacun est pourtant impérative pour contribuer à l’éradication rapide de ce ravageur dont les dégâts pourraient être irréversibles pour l’ensemble de l’île de La Réunion.

- Un plan de soutien aux apiculteurs déployé par l'Etat -

Les services de l’État s’attachent bien sûr à informer la filière apicole à chacune des étapes clés de la gestion de l’évènement. La direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF) et la chambre d’agriculture sont mobilisées pour accompagner dans les dimensions techniques, humaines et financières chaque apiculteur dont les ruchers ont dû faire l’objet de destruction.

La définition des modalités d’indemnisation est d’ores et déjà à l’étude, en lien avec le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire.

- Rappel de la réglementation -

La détention d’une ruche, à titre particulier ou professionnel doit obligatoirement être déclarée. Cette déclaration s’effectue par voie électronique sur ce lien.

Par arrêté préfectoral n°413/SGAR/DAAF du 24 mars 2016, toute introduction ou importation des produits suivants est strictement interdite, quelle qu’en soit la forme ou les modalités :

- matériel apicole ayant servi à l’exploitation d’un rucher ;
- miel et pollen à visée de nourrissement ou de complémentation alimentaire des colonies d’abeilles ;
- cires d’abeilles ayant servi à l’exploitation d’un rucher ;
- abeilles vivantes ou mortes du genre Apis.

Tout apiculteur, professionnel ou amateur, constatant ou suspectant la présence du ravageur Aethina tumida doit informer immédiatement :
le vétérinaire chargé du suivi de son rucher ou les services de la direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF)

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www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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