Non, le port d'un bracelet n'est pas devenu obligatoire pour les non-vaccinés en Israël

  • Publié le 30 décembre 2021 à 19:46

Le gouvernement israélien a décidé de "marquer les non-vaccinés d'un bracelet", alerte un message viral partagé depuis le 17 décembre. Si le pouvoir en place a souhaité un temps distribuer à l'entrée des centres commerciaux des bracelets pour donner un accès plus large aux personnes vaccinées, cette consigne polémique a finalement été annulée le 15 décembre, avant son entrée en vigueur. Aujourd'hui, le "passeport vert", équivalent du pass sanitaire, n'est obligatoire au sein des centres commerciaux que pour les commerces non-essentiels "dont la superficie est supérieure à 100 mètres carrés", a indiqué le ministère de la Santé israélien à l'AFP le 26 décembre.

"ALERTE : Israël, le gouvernement décide de marquer les non-vaccinés d'un bracelet", affirme un internaute dans un tweet partagé plus de 1.200 fois depuis le 20 décembre.

Capture d'écran prise sur Twitter le 27/12/2021

Le même message a été relayé plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux à la veille de Noël (1, 2), suscitant une vague d'indignation. 

Capture d'écran prise sur Twitter le 27/12/2021

"Donc, ils ont oublié ce que les Nazis leurs ont fait ! Ce n'est pas une étoile qu'ils doivent porter, mais un bracelet !!!", commente par exemple un internaute, tandis qu'un autre ironise : "ils n'ont pas osé l'étoile jaune quand même. C'est bien, ils progressent humainement".

Capture d'écran prise sur Twitter le 27/12/2021
Capture d'écran prise sur Twitter le 27/12/2021

 

 

D'où vient cette affirmation ?

Alors, les non-vaccinés doivent-ils vraiment porter un bracelet pour se distinguer des vaccinés en Israël ? Cette allégation tire sa source d'un projet de mesure sanitaire polémique, envisagé un temps par le gouvernement israélien pour les centres commerciaux uniquement, comme omettent de le préciser les publications virales.

Face à la propagation du variant Omicron dans le pays, le Premier ministre israélien Naftali Bennett avait en effet annoncé le 14 décembre une série de nouvelles mesures sanitaires, durcissant notamment les règles de quatorzaines pour les voyageurs.

Parmi elles, une nouvelle réglementation prévoyait d'imposer aux agents de sécurité à l'entrée des centres commerciaux de contrôler le "passeport vert" - équivalent du pass sanitaire- des clients pour leur donner un bracelet en fonction de leur statut vaccinal.

En Israël, un "passeport vert" numérique est accordé aux personnes vaccinées, aux personnes qui se sont récemment remises du Covid et aux personnes dont le test de dépistage du Covid s'est révélé négatif selon les critères suivants.

Les personnes disposant d'un laissez-passer valide pourraient entrer dans n'importe quel magasin, tandis que les personnes ne possédant pas ce sésame ne seraient autorisées à entrer que dans les commerces essentiels, tels que les pharmacies ou les supermarchés.

Il n'avait pas été encore précisé clairement qui recevrait un bracelet : uniquement les vaccinés ou aussi les non-vaccinés, ou bien si les bracelets seraient distingués par des codes couleurs changés régulièrement.

Cette mesure, comme celles annoncées le 14 décembre, devait entrer en vigueur le 17 décembre, requérant auparavant l'approbation du gouvernement et de la commission constitutionnelle de la Knesset, le parlement monocaméral d'Israël.

Mais cette annonce a suscité un tollé. Selon plusieurs médias israéliens comme le Times of Israël ou i24News, plusieurs propriétaires de centres commerciaux avaient assuré qu'ils ne se conformeraient pas à cette nouvelle règle, et prévoyaient déjà de saisir la Haute Cour de Justice pour discrimination à l'encontre des consommateurs, afin de faire appel de cette décision.

Cette mesure avait également suscité une controverse publique, et provoqué une opposition au sein même du gouvernement.

"Il s'agit d'une initiative précipitée, qui ne présente ni logique épidémiologique, ni lien avec la réalité. Et c'est un coup porté aux gérants de magasin comme à leurs clients ", avait commenté Eli Avidar, ministre issu du parti de droite nationaliste Israël Beyténou, en précisant qu'il s'opposerait à l'application de cette mesure.

"Le public attaché à la démocratie perd le reste de confiance qui lui restait encore, et il blâme tous ceux qui sont responsables de cette folie", avait-il regretté.

Face à l'impopularité de cette mesure, le gouvernement israélien a finalement fait machine arrière le 15 décembre et supprimé cette consigne, 24 heures seulement après son annonce et deux jours avant son entrée en vigueur prévue, comme le rapporte le Jérusalem Post.

À l'heure actuelle, il n'existe aucune réglementation instaurant le port de bracelets à l'entrée de centres commerciaux, a confirmé auprès de l'AFP le 26 décembre le ministère de la Santé israélien.

"Lors d'une discussion avec le Premier ministre et le ministre de la Santé au sujet d'un laissez-passer quotidien qui ne pourrait pas être transféré d'une personne à l'autre, l'idée est venue d'utiliser des bracelets. Cette idée n'a pas été approuvée. Actuellement, le passeport vert n'est pas obligatoire dans les centres commerciaux, mais seulement dans les magasins situés à l'intérieur des centres commerciaux dont la superficie est supérieure à 100 mètres carrés", a indiqué le ministère à l'AFP.

Cette règle, appliquée depuis le 27 décembre et pour une durée neuf jours, ne concerne en outre pas les commerces essentiels.

Plusieurs pays placés sur liste rouge

Les autorités israéliennes ont recensé presque 4.000 nouveaux cas de Covid mercredi, un record depuis septembre qui ne se traduit toutefois pas jusqu'à présent par une hausse marquée des hospitalisations.

Le nombre de cas de Covid en Israël à la date du 30/12/2021

Quelque 4,2 des 9,3 millions d'habitants, soit plus de la moitié des adultes, ont reçu trois doses de vaccins.

Le Premier ministre avait déclaré la semaine dernière que tous les Israéliens de plus de 60 ans et le personnel médical auraient droit à une quatrième dose mais cette décision doit encore être approuvée par le ministère de la Santé. Dans le pays, des scientifiques mènent, depuis lundi, des essais cliniques sur la pertinence d'une quatrième dose de vaccin.

Afin d'empêcher la propagation du variant Omicron du Covid-19, le gouvernement israélien a interdit à ses citoyens de se rendre dans plusieurs pays placés sur liste rouge.

La France, les États-Unis et le Canada, le Mexique, le Portugal, l'Espagne, la Suisse ou encore le Royaume-Uni, figurent notamment parmi ces destinations.

Les étrangers non-résidents sont en outre interdits d'entrée en Israël, sauf exception.

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a également appelé les résidents à télétravailler et à vacciner leurs enfants, afin d'endiguer la cinquième vague épidémique.



Juliette Mansour, AFP France, AFP Israël
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