La Chine prête à soutenir la Russie en cas d'intervention de l'Otan ? Une affirmation introuvable et démentie par les autorités chinoises

  • Publié le 2 mars 2022 à 19:48

Le ministère chinois de la Défense, par l'intermédiaire de son porte-parole, aurait déclaré que la Chine se tiendrait prête à soutenir la Russie "à tout moment" et "n'importe où", en cas d'intervention militaire des Etats-Unis ou de l'Otan en Ukraine, selon des publications virales en français et en espagnol. Mais on ne trouve aucune trace de cette déclaration prêtée au porte-parole, que ce soit dans des médias ou sur le site du ministère, et ce dernier, interrogé par l'AFP, a formellement démenti cette déclaration.

"Le porte-parole du ministère chinois de la Défense nationale, Tan Kefei, a déclaré qu'à tout moment, n'importe où, ils sont prêts à soutenir la Russie au cas où les États-Unis et l'OTAN voudraient intervenir militairement. C'est plus la même limonade là !!!", affirme notamment l'auteur d'un tweet partagé plus de 2000 fois en 24 heures sur Twitter, mais également sur Facebook (1, 2).

Capture d'écran Twitter prise le 2 mars 2022

Quelques jours plus tôt on retrouvait la même prétendue déclaration, relayée cette fois-ci en espagnol par plusieurs comptes sur Twitter, le 25 février.

( Sami ACEF)

Problème, aucun média couvrant habituellement les conférences de presse du porte-parole du ministère de la Défense ne semble mentionner cette phrase, qui serait pourtant lourde de conséquence diplomatiquement parlant.

Tan Kefei, qui est bel et bien l'un des porte-parole de ce ministère, a pris la parole lors d'un point presse le 24 février, pour la première fois de l'année. Dans la seule retranscription de ses propos disponible sur le site internet du ministère, on ne retrouve pas non plus cette phrase, ni dans les quelques extraits vidéos de la conférence sur le site du ministère. Elle ne figure pas non plus dans les différents communiqués de presse du ministère de la Défense à propos de cette prise de parole.

Interrogé par l'AFP, le ministère de la Défense chinois lui-même a fermement démenti cette affirmation.

"Le porte-parole du ministère chinois de la Défense nationale n'a jamais prononcé cette déclaration. Nous exhortons les médias (sic) concernés à observer une éthique professionnelle et à cesser de fabriquer et de diffuser de fausses informations", a répondu le ministère.

La position chinoise

Depuis le début du conflit, la diplomatie chinoise se livre à un numéro d'équilibriste, entre sa proximité politique avec Moscou et sa défense traditionnelle de "la souveraineté et l'intégrité territoriale" des Etats.

Si la Chine a dit "comprendre" les demandes "raisonnables" de la Russie en matière de sécurité, reprenant à son compte les griefs de Moscou contre l'Otan, Pékin a adopté un ton beaucoup plus mesuré que le laisse supposer cette phrase prêtée au porte-parole.

L'ambassadeur de Chine à l'ONU a soutenu que le monde n'avait "rien à gagner" d'une nouvelle Guerre froide lors d'une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale des Nations unies.

"La Guerre froide est terminée depuis longtemps. La mentalité de Guerre froide fondée sur la confrontation de blocs doit être abandonnée", a affirmé Zhang Jun à la tribune de l'Assemblée générale, assurant que "tout le monde aurait à perdre" d'un tel retour.

La Chine a également appelé à la désescalade dans le conflit par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, qui a appelé les belligérants à "rester calme et à faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade".

Par ailleurs, si Pékin a refusé d'approuver une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'agression russe, le régime chinois n'a pas non plus voté contre, en choisissant l'abstention.



Sami Acef, Sophia TSUI, AFP France, AFP Hong Kong
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