Le Sdis réagit aux accusations de syndicalistes (actualisé)

Incendie de Montgaillard : "ne nous trompons pas de cible"

  • Publié le 15 décembre 2021 à 16:16
  • Actualisé le 15 décembre 2021 à 18:35

Plusieurs pompiers du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPTR) assurent que le Sdis (service départemental d'incendie et de secours) n'était pas suffisamment armé la nuit du dimanche 12 décembre au lundi 13 décembre 2021 pour affronter l'incendie survenu à Montgaillard, sur la commune de Saint-Denis. Le feu qui s'est déclaré dans la résidence Marina a tué cinq personnes dont quatre enfants. Pour Jean-Pierre Lallemand et Michel Mani, les pompiers de garde auraient dû être 17 au lieu de 12 ce soir-là et l'intervention a été trop tardive. "On a des morts sur la conscience" affirment-ils. Les deux syndicalistes s'apprêtent à déposer une plainte pour que la lumière soit faite sur cette nuit dramatique. Stéphane Fouassin, président du Sdis, réagit : pour lui, ces propos sont inacceptables, "ne nous trompons de pas de bouc émissaire, ne nous trompons pas de cible" demande-t-il. Le colonel Frédéric Léguillier, directeur du Sdis, rappelle qu'il s'agissait d'un feu "hors normes" qui ne peut en aucun cas permettre de tirer des conclusions sur le quotidien des pompiers et juge la polémique "inappropriée vis-à-vis des victimes" (Photo rb/www.ipreunion.com)

Après l'incendie dramatique qui a coûté la vie à cinq personnes dont quatre enfants, et fait plusieurs blessés dont deux graves, le SAFPTR hausse le ton : "il y a eu de graves dysfonctionnements au sein du Sdis" affirme Jean-Pierre Lallemand, président du syndicat. "La direction ment : au début, ils ont manqué de bras. Les pompiers entendaient les habitants crier, appeler à l'aide, mais il n'étaient pas suffisamment pour les sauver."

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- 13 pompiers au lieu de 17 ? -

Cette nuit-là, 12 pompiers étaient de garde, auxquels s'ajoute le standardiste soit 13 personnes mobilisées en tout. "Normalement c'est minimum 17 et maximum 22" indique Michel Mani, à la tête de la branche pompiers de la SAFPTR. "Notre métier c'est de sauver des vies. Et pourtant on a des morts sur la conscience." Pour lui l'obligation vaccinale renforce le manque d'effectifs déjà présent auparavant, par la suspension des pompiers non vaccinés.

Les deux syndicalistes s'apprêtent à déposer une plainte, "pour obtenir une enquête générale et faire la lumière sur cette affaire". Jean-Pierre Lallemand ajoute au manque d'effectifs un problème de bouche d'eau lors de l'arrivée des sapeurs-pompiers. "Elle ne fonctionnait pas, ça n'a pas été vérifié." Lui et Michel Mani fustigent aussi la lenteur de l'intervention du Sdis.

Interrogé à ce sujet, le président du Sdis, Stéphane Fouassin s'offusque de ces accusations. "C'est archi faux. Monsieur Mani est un pompier à la retraite. Ce syndicaliste ne sait pas ce qu'il s'est passé. Il encourage les pompiers à ne aller se faire vacciner et ensuite il dénonce le manque d'effectifs." 90 sapeurs-pompiers sont non opérationnels en ce moment, sur 900 professionnels et volontaires.

Stéphane Fouassin, nouveau président délégué du conseil d'administration du Sdis depuis août dernier, affirme faire le maximum pour augmenter les effectifs. "D'août à novembre nous avons recruté plus de 100 sapeurs-pompiers volontaires et 100 professionnels via le concours de la fonction publique soit près de 250 pompiers supplémentaires", indique-t-il. "Mais il faut rappeler que ces personnes recrutées doivent ensuite suivre un temps de formation de six mois, elles ne peuvent pas venir renforcer les équipes dans l'immédiat."

Au 10 décembre, le Sdis a également signé 35 contrats de sapeurs pompiers volontaires, pour prise de poste ce 15 décembre. "Il n'y a pas de manque d'effectifs" martèle Stéphane Fouassin. Le soir de l'incendie, les équipes étaient suffisantes lors de leur première intervention, affirme-t-il. "Oui il faudrait 17-18 pompiers, ce serait mieux bien sûr. Mais la loi dit qu'à 13 personnes, ça roule bien et que nous sommes en capacité d'intervenir. Sur une structure en bois comme celle-là, quelques pompiers en plus ça n'aurait rien changé."

Autre élément selon lui : une autre intervention le même soir, sur un feu en sous-sol, ce qui explique que les équipes n'étaient pas au complet dès le début. "Mais ensuite nous avons fait venir toutes les équipes, il n'y a eu aucun retard." Au total près de 110 pompiers ont été mobilisés sur l'incendie.

- Un manque de suivi psychologique -

Jean-Pierre Lallemand et Michel Mani accusent aussi le Sdis de laisser ses pompiers livrés à eux-mêmes, sans suivi psychologique, après une intervention de cette ampleur. "Imaginez, voir des corps d'enfants carbonisés... pourtant les pompiers ne sont absolument pas suivis après" fustige l'un quand l'autre raconte que ses collègues "sont à plat, trois jours plus tard, certains ne dorment toujours pas la nuit."

A ces accusations, Stéphane Fouassin rappelle que deux médecins et des psychologues sont pourtant mis à disposition des pompiers du Sdis. "Pour un incendie de cette ampleur, l'impact psychologique est très violent et très dur. Et bien évidemment le Sdis est là pour effectuer un suivi de ces pompiers" assure-t-il.

Si les syndicalistes affirment "ne pas être là pour accuser à tort", le président du Sdis, lui, appelle à "ne pas se tromper de cible, ne pas se tromper de bouc émissaire". "Nos pompiers ont sauvé 15 personnes grâce à leurs échelles. Qu'on ne les mêle pas à cette polémique.

Lire aussi - Après l'incendie à Montgaillard : des habitants à la recherche d'un souvenir, de la moindre chose de leur vie d'avant

Un avis partagé par le colonel Frédéric Léguillier, directeur du Sdis. Si lui aussi estime que le départ des pompiers s'est fait de façon "conforme" à savoir un premier départ de six sapeurs-pompiers, il rappelle aussi qu'il est impossible de mobiliser l'ensemble de la garde, afin de ne pas risquer un manque de pompiers disponibles en cas d'autre incident ou incendie ailleurs.

"J'ai avant tout une pensée pour les victimes. Des personnes sont décédées, des centaines d'autres sont sinistrées à quelques jours de Noël. Il faut rester humble et ce genre de polémique est inaproprié" déclare le colonel. L'incendie, "hors de proportions", ne permet pas "de tirer des conclusions sur le quotidien".  "Au-delà du fait que l'intervention s'est faite dans les normes, l'incendie lui a connu de nombreux facteurs aggravants : en pleine nuit quand les habitants dorment, avec du vent, des bouteilles de gaz qui explosent, des voitures mal garées qui gênent l'intervention des pompiers..." liste-t-il. Mais l'intervention s'est faite dans un enchaînement classique, "avec tous les moyens dont on dispose" et le maillage territorial disponible. "Cet incendie, c'est une situation sans précédent à La Réunion."

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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10 Commentaires
etan, depuis son mobile
etan, depuis son mobile
2 ans

Qui raconte ' importe quoi a la population , je pense que se sont les syndicats ,qui manquent d objectivites .

Jean Philippe Desby (NSR)
Jean Philippe Desby (NSR)
2 ans

Je ne partage absolument les propos, l'analyse faite par la direction du SDIS et de son président (un maire par ailleurs..., et ancien président de l'AMDR, ...).Pour combattre n'importe quel feu, les premières minutes sont capitales et fondamentales. Si on n'est pas capable d'intervenir rapidement, c'est-à-dire en moins de 10 minutes, après on peut mobiliser 100 ou 200 pompiers et 40 camions, cela ne sert plus à grand-chose !On a des morts, qui plus sont des enfants en majorité. Moi, à leur place, je me tairais.L'enquête ne fait que démarrer..., elle sera longue, et la chaîne de responsabilité est loin de ne concerner que 2 ou 3 acteurs (publics et privés).

ely, depuis son mobile
ely, depuis son mobile
2 ans

Chacun se protège mais il ne faut pas être égoïste et penser aux autres se faire vacciner c est aussi protéger les autres et surtout ses proches .

Changera jamais
Changera jamais
2 ans

Chacun se protège à tous niveau dommage faire croire la population n importe quoi

toto, depuis son mobile
toto, depuis son mobile
2 ans

A Pompiers il faut se conformer aux nouvelles regles et de faire vacciner sinon il faut changer métier.

Zoizo Yab
Zoizo Yab
2 ans

Le 19 novembre à 12h14, j'essaie d'appeler les pompiers (au 18) de nombreuses fois pour un incendie, impossible d'avoir quelqu'un au bout du fil (ça sonne, ça ne décroche pas, ça finit par arrêter de sonner).Je tente plusieurs fois.Je finis par appeler le 112 (sur portable), je tombe sur le SAMU, qui essaie de me transférer vers les pompiers.Le standardiste du SAMU revient plusieurs fois vers moi pour me dire de patienter qu'il essaie de me mettre en relation.Je finis par avoir le centre du SDIS, au bout de 5-6 minutes, ils étaient visiblement "débordés".Il n'y avait pas d'urgence vitale, heureuement, c'était pour aider à la localisation d'un feu de canne sans habitation à proximité et aiguiller les pompiers sur les bons chemins (je les ai vu passer du mauvais côté d'une ravine et je voulais leur éviter de perdre d'avantage de temps). Finalement le temps que j'ai quelqu'un au téléphone, les pompiers avaient eu le temps de refaire 4 km pour se remettre sur la bonne route ...Bref, des dysfonctionnement à la Réunion, il y en a.Il serait de temps mettre les moyens pour avoir des effectifs à tout moment suffisants ...

pompiers
pompiers
2 ans

Mais posons nous les vraies questions ... Est-ce vraiment si important d'être vacciné pour aller éteindre un feu 'Et vous, mesdames, messieurs, face au danger, demain qui sait .. refuserez vous l'aide d'un pompier non vacciné '

Fouassin très très inquiet
Fouassin très très inquiet
2 ans

On comprend que Fouassin soit très très très inquiet.

fo pa l's' sa passer, depuis son mobile
fo pa l's' sa passer, depuis son mobile
2 ans

Alors !' 13 ou 18 ' Qu'est-ce que vs en savez' Mr le fouzssin

jo, depuis son mobile
jo, depuis son mobile
2 ans

Toujours ce même syndicat pour faire le buzz est monter la population contre les pompiers ils ont fait leur travail dans des conditions pitoyable bravo à vous messieurs les soldats du feu