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Syrie: la Russie dépêche des avions-cargos sur une base militaire

  • Publié le 26 septembre 2015 à 16:12

La Russie a encore renforcé sa présence en Syrie en guerre en dépêchant une quinzaine d'avions-cargos sur une base militaire du régime au moment où Washington subit un revers, des rebelles formés par les Américains ayant remis une partie de leurs munitions à Al-Qaïda.

Moscou, principal allié du régime de Damas, semble avoir repris l'initiative dans le conflit qui s'éternise en Syrie. Entre l'activisme russe et la crise des migrants en Europe, de nombreuses chancelleries commencent à envisager d'inclure le président syrien Bachar al-Assad dans la recherche d'une solution à cette guerre qui a fait plus 240.000 morts en quatre ans et demi.
Lundi, le président russe Vladimir Poutine, qui veut proposer de bâtir une coalition élargie comprenant l'armée d'Assad pour combattre le groupe extrémiste Etat islamique (EI), rencontrera son homologue américain Barack Obama à New York, alors que Washington s'inquiète du renforcement de la présence militaire russe sur le terrain.
Samedi, une source militaire syrienne a indiqué à l'AFP "qu'au moins 15 avions-cargos russes transportant "des équipements et du personnel" ont atterri au cours des deux dernières semaines sur la base militaire de Hmeimim dans l'ouest de la Syrie.
Les appareils "portant les couleurs du drapeau russe", sont arrivés à raison d'un avion par jour sur cette base située dans l'aéroport civil et militaire Bassel al-Assad, dans la province de Lattaquié, fief du régime.

- 'Tournant' dans la guerre? -

"Des camions de moyen tonnage viennent ensuite décharger les avions et transportent la cargaison hors de l'aéroport", a ajouté cette source.
Bien qu'il n'y ait aucune confirmation officielle du Kremlin, Washington s'inquiète du renforcement de la présence russe en Syrie avec des avions de combat, des systèmes de défense aérienne et des équipements modernes, dont une partie est cédée à l'armée syrienne en guerre contre les rebelles.
Mercredi, l'armée a utilisé pour la première fois des drones fournis par la Russie, selon une source de sécurité à Damas. D'après les Américains, les Russes ont mené des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie sans effectuer de frappes.
Un haut responsable syrien a déclaré à l'AFP que l'implication russe marquait un "tournant". Et Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah chiite libanais qui combat aux côtés de l'armée syrienne, a affirmé que l'intervention russe "influera sur l'évolution de la bataille en cours en Syrie".
Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils accueilleraient favorablement une initiative russe pour renforcer la lutte contre l'EI mais ils craignent que les Russes ne cherchent avant tout à renforcer le régime de M. Assad.
La chancelière allemande Angela Merkela a de son côté estimé pour la première fois cette semaine qu'il fallait parler avec le président syrien pour résoudre le conflit. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, farouche ennemi de M. Assad, a aussi concédé que le chef de l'Etat syrien pourrait faire partie d'une période de transition.

- Coup dur pour Washington -

Dans le même temps, la stratégie de Washington pour armer des rebelles en vue de combattre l'EI a subi un nouveau revers, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) admettant vendredi soir que des insurgés formés par les Américains ont remis une partie de leur équipement et de leurs munitions au Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
Les rebelles ont indiqué à l'armée américaine qu'ils avaient remis "six pick-ups et une partie de leurs munitions à un intermédiaire soupçonné d'appartenir au Front al-Nosra, soit à peu près 25% de leur équipement", selon un communiqué.
Le programme américain était censé former et équiper environ 5.000 rebelles par an pendant trois ans mais il n'a pour l'instant permis que de former deux groupes de 54 et 70 combattants. Un premier groupe de 54 combattants avait rejoint la Syrie en juillet avant que plusieurs de ses membres ne soient kidnappés par Al-Nosra.
Sur un autre front, le chef du Hezbollah a confirmé la conclusion d'une trêve de six mois, sous l'égide de l'ONU et après une médiation iranienne, dans la ville rebelle de Zabadani, proche du Liban, et dans deux villages chiites prorégime du nord-ouest syrien.
La trêve comprend l'évacuation des combattants rebelles et des blessés de la ville de Zabadani en échange de l'évacuation de 10.000 civils des villages de Foua et Kafraya.

AFP

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