France - 7 personnes blessées, dont une gravement

Air France: le DRH agressé après la confirmation de 2.900 postes menacés

  • Publié le 5 octobre 2015 à 04:59

Le conflit à Air France a brutalement dégénéré lundi avec l'agression du DRH Xavier Broseta, qui a manqué "se faire lyncher" après la confirmation de la possible suppression de 2.900 postes. Ces incidents qui ont eu lieu lors du comité central d'entreprise (CCE) ont fait 7 blessés dont un grave, un vigile qui a été hospitalisé dans le coma et qui en est ensuite sorti, a affirmé un porte-parole de la compagnie. Dans le même temps sous des cris "à poil, à poil", "démission", le directeur des ressources humaines s'est retrouvé torse nu, puis a été évacué en marge de la réunion du comité central d'entreprise (CCE) de la compagnie aérienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il a "manqué de se faire lyncher", a assuré une source syndicale. Ces événements ont fait réagir depuis le Japon Manuel Valls, "scandalisé par les violences inacceptables auxquelles se sont livrés des manifestants en marge du CCE d'Air France". "Il exprime tout son soutien à la direction d'Air France, à Frédéric Gagey et à Xavier Broseta, agressé physiquement lors de la séance", a-t-il ajouté Interrompu au bout d'une heure par l'intrusion de plusieurs centaines de salariés, le CCE ne reprendra pas lundi, ont indiqué plusieurs sources syndicales.

La compagnie a "fermement" condamné des "violences physiques" et annoncé son intention de porter plainte, sans révéler l'identité des personnes prises à partie lors du CCE. Selon des témoins, Pierre Plissonnier, responsable de l'activité long-courrier à Air France a également été victime de violences. Le ministre des Transports Alain Vidalies a jugé "inacceptables" ces violences, ajoutant qu'elles méritaient des sanctions. La direction a annoncé lundi aux syndicats que la mise en ?uvre d'un plan "alternatif" au projet de développement "Perform 2020", décidé après l'échec de négociations avec les navigants. Il induirait un sureffectif de 300 pilotes, 900 PNC (hôtesses et stewards) et 1.700 personnels au sol, ont rapporté à l'AFP des représentants des salariés avant l'invasion du CCE.

Ce nouveau plan fait suite à déjà 5.500 suppressions de postes de 2012 à fin 2014 et des efforts de productivité des personnels. De source aéroportuaire, 1.000 à 1.500 salariés manifestaient dans la matinée devant le siège, 2.000 selon la CGT. "Le plan D? Démission de la direction" ou "Valls arbitre vendu!" pouvait-on lire sur les pancartes tenues par des salariés en uniforme, en réponse aux critiques du Premier ministre contre les pilotes. "Direction irresponsable" ou encore "ras-le-bol d'être mis les uns contre les autres", criaient certains.

L'appel à la grève lancé parallèlement par trois syndicats (CGT, FO et Unsa) au niveau national, et la CFDT dans le sud, entraînait peu de perturbations. Air France devait assurer ses vols mais avec "retards probables". Le président d'Air France Frédéric Gagey a officiellement confirmé aux représentants du personnel son projet de réduire l'activité sur son réseau long-courrier: cinq avions quitteraient la flotte long-courrier en 2016, puis neuf autres en 2017. La compagnie dispose actuellement de 107 avions sur ce réseau, actuellement déficitaire pour moitié. Air France réduira en 2016 ses fréquences sur 22 lignes et six autres deviendront plus saisonnières. En outre, en 2017, la compagnie fermera cinq lignes, en Inde et en Asie du Sud-Est.

Départs volontaires privilégiés

Les suppressions de postes se feront d'abord par des plans de départs volontaires. Mais "si jamais on n'y arrive pas, ça pourrait mener à des licenciements secs", du jamais-vu à Air France, a relaté Jean-Pierre Bernasse (Unsa-aérien). Selon M. Gagey, les licenciements restent "une possibilité sur des champs bien précis (...) où nous ne ferions pas les progrès que nous attendons en matière de productivité".

Les syndicats sont particulièrement inquiets pour les escales de Marseille et Nice. Vendredi, la direction avait déjà esquissé en conseil d'administration les grandes lignes de ce projet, après l'échec des négociations avec les pilotes sur de nouvelles mesures de productivité. Les discussions avec les PNC n'avaient pas plus abouti. La direction demandait au personnel navigant de voler une centaine d'heures de plus par an, à rémunération constante, et de renoncer à des jours de repos.

Les dirigeants d'Air France n'ont "jamais eu deux plans" et ont organisé "une parodie de négociation", s'est défendu Philippe Evain, le président du SNPL, syndicat majoritaire chez les pilotes, sous le feu des critiques de l'Etat, actionnaire à plus de 17%. Le numéro un de la CGT Philippe Martinez a lui refusé de faire "porter la responsabilité sur les pilotes", évoquant la "déréglementation accrue du système aérien". Si les réductions de coûts grâce au précédent plan "Transform" devraient lui permettre de renouer avec les bénéfices en 2015, Air France reste prise en tenaille entre la concurrence des compagnies à bas coûts en Europe et celle des compagnies du Golfe sur le long-courrier. Avec ce "plan B", elle espère retrouver des marges d'investissements.
 

AFP

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