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Avancée de l'EI en Syrie malgré les raids russes et de la coalition

  • Publié le 9 octobre 2015 à 13:17

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a réussi vendredi une avancée éclair près d'Alep en Syrie, profitant de la confusion générale suscitée par les frappes russes dans les régions tenues par les rebelles dans le pays en guerre.


Sur un autre front, l'armée syrienne, revigorée par les frappes de son allié russe et du Hezbollah chiite libanais, a intensifié sa chasse aux rebelles dans des régions du nord-ouest où les combattants de l'EI ne sont pas présents.
Dans cette guerre complexe impliquant une multitude d'acteurs, l'EI qui contrôle la moitié du territoire syrien, est la cible des raids de Moscou qui frappe aussi d'autres groupes hostiles au régime, et de ceux de la coalition menée par les Etats-Unis qui ne parvient pas à neutraliser le groupe jihadiste.
L'intervention le 30 septembre dans le conflit de Moscou, un allié du régime syrien de Bachar al-Assad, est critiquée par l'Occident qui l'accuse de vouloir secourir M. Assad, qui était en mauvaise posture, plutôt que de combattre les jihadistes.
La France, qui a mené une deuxième frappe contre l'EI dans son fief de Raqa (nord-est), a réitéré les critiques occidentales affirmant que "80 à 90%" des frappes russes ne ciblaient pas en priorité l'EI.
En lançant sa campagne aérienne, le Kremlin a annoncé qu'elle visait à combattre l'EI et "les autres groupes terroristes", terme par lequel il désigne tous les opposants d'Assad sur le terrain.
Et depuis, la polémique n'a cessé d'enfler sur les cibles russes, les Etats-Unis et leurs alliés accusant Moscou de viser des groupes rebelles "modérés" qu'ils soutiennent et de chercher à voler au secours d'Assad dénoncé comme "un tyran" par Washington.

- Confusion des rebelles -

L'Otan, qui n'est pas directement impliquée dans le conflit, a qualifié l'engagement militaire russe d'"escalade inquiétante".
Les bombardements russes qui frappent les positions rebelles dans plusieurs provinces semblent même profiter à l'EI, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le groupe jihadiste a avancé rapidement au nord d'Alep a après avoir chassé au prix de violents combats nocturnes des groupes rebelles rivaux de plusieurs localités, au nord de cette deuxième ville de Syrie, a indiqué l'ONG en faisant état de dizaines de morts.
"L'EI n'a jamais été aussi proche de la ville d'Alep, c'est sa plus grande avancée vers" la métropole, à indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'ONG qui dispose d'un large réseau de sources dans le pays.
Il se trouve désormais à une vingtaine de km d'Alep, notamment près de la zone industrielle de Cheikh Najjar, qui ouvre directement sur la partie de la ville contrôlée par le gouvernement.
"Le groupe jihadiste profite de la confusion parmi les rebelles frappés par les Russes dans plusieurs provinces. Il a avancé sans qu'il ne soit inquiété par aucune frappe", a ajouté M. Abdel Rahmane.

- Un général iranien tué -

Toujours dans la région d'Alep, un haut commandant des Gardiens de la révolution iraniens, le général Hossein Hamedani, a été tué jeudi par l'EI selon Téhéran, principal allié régional de Damas qui a 7.000 membres de cette armée d'élite en Syrie.
Les bombardements russes, mais aussi l'appui crucial du Hezbollah libanais au sol, ont ragaillardi l'armée du régime qui subissait revers après revers depuis le début de l'année notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), perdue en entier au profit des rebelles et d'Al-Qaïda.
Les troupes d'Assad ont ainsi lancé mercredi une vaste offensive pour reprendre le territoire perdu, avançant depuis dans des secteurs dans les provinces de Hama (centre) et de Lattaquié (ouest), un des principaux fiefs du régime.
"La campagne vise en premier lieu à protéger le territoire du régime dans ces deux provinces, puis de contre-attaquer pour reprendre Idleb en remontant vers le nord", selon M. Abdel Rahmane.
Parmi les fronts les plus chauds figure Sahl al-Ghab, une plaine stratégique à Hama divisée entre régime et rebelles. Les insurgés avaient avancé ces derniers mois dans cette zone menaçant Lattaquié mais ils sont actuellement visés par les frappes russes.
Déclenché en mars 2011 par une révolte populaire brutalement réprimée, le conflit s'est mué en guerre ouverte qui a fait plus de 240.000 morts, poussé à la fuite plusieurs millions de Syriens et provoqué une grave crise migratoire qui a touché surtout l'Europe.


- © 2015 AFP
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