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Mondial de rugby: All Blacks-Springboks, petite demie entre faux amis

  • Publié le 24 octobre 2015 à 12:23

C'est un classique du genre qui opposera samedi (17H00 françaises) à Twickenham la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud, pour une demi-finale de Coupe du monde à l'odeur de soufre et de sang entre deux vieilles connaissances.


Il ne fallait pas se fier à la décontraction apparente des uns et des autres, au spectacle des enfants de joueurs s'ébattant dans les couloirs des hôtels et aux délicates politesses distillées par conférences de presse interposées cette semaine.
Car il est dit que dans l'intimité des vestiaires et des salles de réunion, All Blacks et Springboks ourdissent leur coup.
"Je sais qu'ils se sont préparés à nous arracher la tête et il faudra que nous soyons dans les mêmes dispositions", prévient ainsi le manager néo-zélandais Steve Hansen, bien déterminé à devenir le premier entraîneur de l'histoire à conserver le titre de champion du monde.
Quand on sait l'affection sincère qu'Hansen voue à son homologue sud-africain, ce "vieux diable d'Heineken" (Heyneke) Meyer, avec qui il partage un dîner avant et une bière après chaque match, cela donne le ton général de la rencontre.
Pas de chichis entre amis donc, surtout pour cette rencontre à la vie à la mort qui promet des étincelles. "Soit tu te lèves et tu fais face, soit tu rentres chez toi", résume ainsi Steve Hansen.

- Le facteur peur -

"Si on se fait prendre à gober toutes leurs louanges, on ne sera pas dans le bon état d'esprit", poursuit le placide technicien, en appelant ses troupes à ressentir un peu de "peur".
"Il n'y a que les imbéciles qui n'en ressentent pas", souligne-t-il. "Si vous allez au combat sans craindre votre adversaire, soit vous vous trompez d'opposant, soit vous êtes stupide. La peur permet de s'élever."
Sur le papier, les All Blacks n'ont pas tellement besoin d'angoisser. Depuis la dernière Coupe du monde, ils ont gagné six de leurs sept derniers matches face aux Springboks et ils sortent d'une démonstration de force en quarts de finale face à la France (62-13).
"Après avoir gagné une Coupe du monde, généralement les performances déclinent. Les All Blacks, eux, se sont améliorés", assure Meyer. "Je le dis et je le pense vraiment: cette équipe est la meilleure de tous les temps."
Faut-il donc croire que ce 91e opus entre les deux nations sera déséquilibré ? Que l'inégalé talent de Richie McCaw et consorts les rend intouchables ?
Ce serait sous-estimer la motivation qui étreint les Springboks avant toute rencontre face aux All Blacks. Chaque épisode les renvoie inexorablement aux brumes de l'enfance et à d'impérissables souvenirs nocturnes à regarder à la télévision leurs favoris défier les hommes en noir, là à Auckland, ici à Wellington.

- Des records d'essais en vue -

Certes, les Sud-Africains ont commencé leur Coupe du monde dans le doute, dans le sillage d'un Four nations raté puis d'un accident industriel face au Japon (32-34). Mais ce groupe mêlant subtilement jeunesse et expérience s'est repris en mains pour retrouver de l'élan et arracher son billet pour les demies d'un souffle face au pays de Galles (23-19).
Le lustre de l'affiche proposée à Twickenham n'est en rien entamé, surtout si l'on regarde à la loupe les appétissants duels qu'elle offre.
Evidemment, les projecteurs seront braqués sur les finisseurs. D'un côté, le "bus" All Black Julian Savea, déjà auteur de 8 essais dans cette édition, record de Jonah Lomu et de Bryan Habana égalé. Habana justement, se tiendra lui aussi sur l'aile des Boks, prêt à entrer dans la légende avec 15 essais marqués en carrière sur la scène planétaire, comme Lomu. Plus qu'un et il sera seul au monde.
Mais avant, ce sera aux packs de créer des espaces. Quand on sait que les Springboks n'aiment rien tant qu'imposer leur domination physique, que d'âpres joutes en perspective ! Deux paires de jeunes deuxièmes lignes se rendront coup pour coup (Whitelock - Retallick côté All Blacks, de Jager - Etzebeth chez les Springboks) et les troisièmes lignes déploieront leur énorme activité dans le jeu au sol notamment.
Tout est donc en place pour écrire une page d'histoire de l'ovalie. Et tant pis pour les politesses.




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