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Air France: la direction lance l'idée de contrats différenciés pour les navigants

  • Publié le 26 octobre 2015 à 17:16

La direction d'Air France a indiqué lundi étudier l'idée de contrats de travail différenciés pour les personnels navigants parmi les pistes pour améliorer la croissance de la compagnie, le principal syndicat de pilotes dénonçant un nouvel accroc au dialogue social.


"Dans le premier (contrat, ndlr), le salarié accepte d'atteindre la productivité demandée, son salaire reste identique à celui d'aujourd'hui. Dans le deuxième, il travaille encore plus mais gagne plus. Dans le troisième, enfin, il peut refuser de suivre cette hausse de la productivité, mais alors sa rémunération diminue", a expliqué le directeur des ressources humaines d'Air France, Xavier Broseta, dans une interview au quotidien Le Parisien.
La direction a confirmé à l'AFP que cette idée était sur la table. Elle "fait partie des pistes de réflexion pour améliorer la productivité des navigants", a indiqué une source proche de la direction, jugeant "prématuré de donner plus de détails" sur ces contrats individualisés.
Cette idée "concernerait au départ uniquement les pilotes mais si des PNC (stewards et hôtesses, ndlr) pouvaient être intéressés", la mesure pourrait être étendue, selon la même source.
Le SNPL, principal syndicat de pilotes, a regretté par la voix de son porte-parole Emmanuel Mistrali "qu'encore une fois, l'obsession de la sortie médiatique prenne le pas sur la mise en place d'un dialogue social apaisé et constructif" et refusé de commenter les déclarations de M. Broseta.
Ces propositions "étaient déjà sur la table dans le cadre du plan A de Perform, au milieu de tout un tas de propositions, nous garderons toutes nos analyses techniques pour le début officiel des négociations et si jamais ces propositions doivent en faire partie, et rien n'est moins sûr", a déclaré à l'AFP M. Mistrali, ajoutant que les discussions avec la direction étaient "actuellement encore au stade du cadrage".

- 'Vrai problème de dialogue' -

"Chassez le naturel il revient très rapidement au galop. Ce n'est pas comme ça qu'on peut travailler", a regretté Philippe Evain, président SNPL, sur Europe 1, évoquant "un vrai problème de dialogue avec cette direction".
La question de la productivité, notamment des pilotes d'Air France, a été la principale pierre d'achoppement dans les négociations sur le plan de productivité et de croissance "Perform 2020" qui avaient abouti à un constat d'échec début octobre.
Ce plan prévoyait notamment que les navigants volent une centaine d'heures de plus par an à salaire égal.
Faute d'accord, la compagnie a présenté le 5 octobre un plan de restructuration sur 2016 et 2017, dit "plan B", menaçant au total 2.900 postes (300 emplois de pilotes, 900 d'hôtesses et stewards, 1.700 au sol) avec un nombre indéterminé de départs contraints.
Il sera appliqué pour 2016 avec le retrait de cinq avions de la flotte et la suppression de 1.000 emplois par la voie de départs volontaires.
La direction dit vouloir poursuivre le dialogue jusqu'à début 2016 pour revenir au plan "Perform" et ainsi éviter les départs contraints prévus dans le cadre du plan B.
Pilotes et direction avaient renoué le dialogue en octobre après les incidents en marge du Comité central d'entreprise (CCE) lors duquel avait été annoncée la mise en oeuvre du plan B. Deux cadres de l'entreprise, dont M. Broseta, avaient été molestés et leurs chemises déchirées.
Air France a déjà perdu 5.500 postes entre 2012 et 2014 dans le cadre d'un précédent plan appelé "Transform" qui selon M. Gagey commence à porter ses fruits avec des "résultats plutôt bon" pour cet été. Le groupe doit présenter ses résultats du 3e trimestre jeudi.
Interrogé sur France Inter, le ministre des Finances Michel Sapin a jugé "légitime" qu'Air France demande à ses pilotes d'accepter des conditions proches de celles de ses concurrents, sans toutefois s'exprimer directement sur la proposition de M. Broseta.
L'un des objectifs du plan "Perform" est de d'arriver à 80% des lignes long-courrier rentables contre 50% actuellement en réduisant notamment l'écart du coût de l'heure de vol -actuellement d'environ 25%- entre Air France et la concurrence.




Par Ashraf KHAN - © 2015 AFP
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