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New York part en guerre contre le cannabis de synthèse

  • Publié le 20 novembre 2015 à 10:26

"0% cannabis, 100% dangereux" : avec une campagne d'information publique, New York part en guerre contre le cannabis de synthèse, qui en quelques mois a fait deux morts dans la ville et menace les populations les plus défavorisées.


Outre ces deux décès, cette drogue bon marché connue sous le nom de K2 a été responsable depuis janvier de plus de 6.000 visites aux services d'urgence des hôpitaux new-yorkais.
Le K2, dans le radar des autorités sanitaires depuis l'an dernier, est vendu sous des appellations multiples : Spice, AK-47, Bizarro, Green Giant, Smacked... Parfois présentés comme "aromathérapie", ou "pot pourri", certains sachets sont décorés avec des personnages de bande dessinée. On en trouve sur internet, mais aussi parfois dans les débits de tabac.
Certains usagers peuvent ainsi penser que c'est légal, or ça ne l'est pas.
"Il est très important que les gens comprennent qu'il y a 0% de cannabis et 100% de danger", explique à l'AFP le docteur Mary Travis Bassett, responsable des services de santé de New York.
La composition de ces cannabinoïdes de synthèse, vendus parfois seulement 5 dollars le sachet de quelques grammes, varie selon les lots, avec des effets imprévisibles.
Mme Bassett participait cette semaine à un sommet consacré à cette drogue de synthèse qui a réuni à New York quelque 200 professionnels de la santé, magistrats, mais aussi membres des forces de l'ordre, de la lutte antidrogue ou des services sociaux.
Une campagne d'affichage sur les abribus new-yorkais, les cabines téléphoniques, dans des foyers de sans-abri et d'autres centres sociaux des quartiers les plus touchés a été lancée simultanément pour mettre en garde contre le K2.
Sa composante de base, venue de Chine, est généralement mélangée à des solvants, le liquide étant ensuite pulvérisé sur des feuilles comme des feuilles de thé puis vendu sous forme de petits sachets d'herbe.
"Le K2 est une drogue terrifiante et imprévisible", a déclaré Julie Menin, responsable de la défense des consommateurs à la mairie, en soulignant que l'usager, incité à penser que ces petits paquets d'herbe étaient légaux, ne pouvait jamais savoir quelle en était la composition chimique et quel serait leur effet.
- Sanctions renforcées -
Plus de 9.000 courriers vont aussi être envoyés aux débits de tabac, leur rappelant que la vente en est illégale et les sanctions sévères.
Le mois dernier, le maire de New York Bill de Blasio a annoncé un renforcement de ces sanctions, les vendeurs et distributeurs risquant désormais un an de prison, des amendes pouvant aller jusqu'à 100.000 dollars et la fermeture de leur magasin à la deuxième infraction.
Le 16 septembre, les autorités avaient fait part d'un vaste coup de filet à New York contre un réseau de distribution. Six personnes avaient été arrêtées et dix inculpées.
Les utilisateurs de cette drogue se trouvent surtout selon Mme Bassett "dans les quartiers pauvres", avec une "sur-représentation des personnes atteintes de maladie mentale parmi ceux hospitalisés d'urgence". Au total, 99% des personnes hospitalisées ont plus de 18 ans et 90% sont des hommes, âgés en moyenne de 37 ans.
Le problème a d'abord été identifié dans le quartier new-yorkais d'East Harlem, avant de s'étendre aux arrondissements voisins.
Le K2 peut provoquer hallucinations, angoisses, comportements agressifs, léthargie, vomissements, perte de connaissance, convulsions et même être mortel.
Deirdre Canaday, mère de quatre enfants, en a fait l'expérience il y a quatre ans, bien avant que les autorités ne s'en inquiètent.
Son fils de 26 ans, Aaron, avait voulu essayer le K2 avec des amis, "pour s'amuser un peu", dit-elle à l'AFP. "C'était légal à l'époque. Il a essayé une demi-douzaine de fois. Et un matin, ils se sont tous réveillés, sauf Aaron." Son fils était en pleine santé.
A l'époque "ce truc était bénin" par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui, ajoute-t-elle. Le K2 est "de plus en plus mortel, de plus en plus imprévisible, de plus en plus puissant". Et selon elle, "il menace tout le monde".

Par Brigitte DUSSEAU - © 2015 AFP
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