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Nord-Pas-de-Calais-Picardie: Bertrand inflige un camouflet à Marine Le Pen

  • Publié le 14 décembre 2015 à 11:19

Très nettement distancé au premier tour, Xavier Bertrand (Les Républicains) a infligé au second une très nette défaite à Marine Le Pen, grâce à un sursaut de mobilisation et au rassemblement anti-FN derrière lui, notamment des électeurs de gauche.


Le député-maire de Saint-Quentin (Aisne) et ancien ministre de Nicolas Sarkozy l'a emporté, selon les résultats définitifs, avec 57,77% des voix contre 42,23% à la présidente du Front national, qui essuie un échec sévère et progresse d'à peine 1,6 point (mais cependant de plus de 100.000 voix) par rapport au premier tour.
Ce n'est "pas ma victoire, mais la victoire des gens du Nord", a lancé M. Bertrand, pour qui "l'Histoire retiendra que c'est ici (en Nord-Pas-de-Calais-Picardie) que nous avons stoppé la progression du Front national". "Nul ne peut se prévaloir de cette victoire", a ajouté ce natif de La Marne, qui a affirmé qu'avec un FN ayant réuni 4 électeurs sur 10 au premier tour, ce scrutin "changera à jamais" sa "façon de faire de la politique".
Dimanche dernier, après une énorme poussée du FN, Marine Le Pen caracolait en tête avec 40,64% des voix, contre 24,97% à Xavier Bertrand.
Paradoxalement, l'ancien secrétaire général de l'UMP prend une région à la gauche... grâce aux voix de la gauche. Celle-ci avait toujours dirigé Nord-Pas-de-Calais depuis la première élection au suffrage universel direct en 1986.
"Je remercie les électeurs de gauche qui ont clairement voté pour faire rempart", a déclaré le vainqueur depuis son QG à Saint-Quentin. De son côté, le candidat PS Pierre de Saintignon, qui s'était retiré au soir du premier tour, a "félicité" M. Bertrand.
Au contraire, pour le maire FN d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) Steeve Briois, "c'est la malhonnêteté et le mensonge qui l'ont emporté" dimanche soir.
M. Bertrand, qui s'était présenté entre les deux tours comme "le candidat contre l'extrême droite" ("Non au Front national", proclamait sa profession de foi) a profité d'une forte hausse de la participation.
L'abstention n'a atteint que 38,75% en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. C'est presque trois points de moins que la moyenne nationale (41,54% selon une totalisation à 00h39) et près de sept points de moins qu'au premier tour (45,19%).
A la tête d'une liste Les Républicains-UDI-MoDem-CPNT - la même au second tour qu'au premier -, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy a bénéficié entre les deux tours de l'appel à voter pour lui de Pierre de Saintignon (18,12% dimanche dernier). La maire de Lille Martine Aubry et la tête de liste EELV-PG Sandrine Rousseau (4,83%) avaient fait de même. Le communiste Fabien Roussel (5,32%) avait, lui, appelé à "faire barrage à l'extrême droite".
La gauche (hors extrême gauche) avait recueilli le 6 décembre un peu plus de 632.000 voix, soit 28,27%.
Ces suffrages se sont reportés massivement sur Xavier Bertrand. Ainsi, dans le Pas-de-Calais, où le nombre de votants a progressé de 60.000 d'un tour à l'autre, le candidat obtient quelque 341.000 voix (54,12%), contre moins de 123.000 le dimanche précédent. Marine Le Pen, elle, ne gagne que 25.000 voix et plafonne à 289.000 suffrages.
Alors qu'elle avait obtenu la moitié des voix des Calaisiens le 6 décembre, Marine Le Pen n'en obtient plus que 45%, contre 55% à M. Bertrand. Le candidat Les Républicains écrase aussi son adversaire à Roubaix (76%) ou Amiens (71,7%).
Plus rassembleur dans l'entre-deux tours, Xavier Bertrand s'était présenté comme "un gaulliste social" et avait salué le retrait "digne et responsable" de Pierre de Saintignon.

Par Veronique DUPONT - © 2015 AFP
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