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Fifa: Platini ne veut plus jouer le jeu

  • Publié le 16 décembre 2015 à 17:08

Plus l'épilogue approche et plus les rebondissements s'accélèrent: Michel Platini a décidé mercredi de boycotter son audition par la justice interne de la Fifa prévue vendredi à Zurich, le lendemain de celle de Sepp Blatter, alors qu'un verdict est attendu à partir de lundi et que tous deux risquent la radiation à vie du monde du foot.


Pour "signifier sa plus profonde indignation face à une procédure qu'il considère comme uniquement politique et visant à l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa", Platini a donc décidé de dribbler son audition prévue vendredi à 9h00, selon un communiqué de ses avocats transmis à l'AFP.
Ses conseils seront bien présents à l'audience, mais pas l'ex-triple Ballon d'Or car "le verdict a déjà été annoncé dans la presse par un des porte-parole" de la justice interne de la Fifa, au "mépris de la présomption d'innocence".
En cause, l'interview du porte-parole de la chambre d'investigation de la commission d'éthique, Andreas Bantel, qui avait confié au journal L'Equipe vendredi: "Platini va sûrement être suspendu plusieurs années, et en ce qui concerne Blatter, il n'y a pas de différence entre une suspension de quelques années ou une suspension à vie". Au coeur de ce dossier, il y a les 1,8 M EUR reçus par Platini en 2011 de Blatter pour un travail de conseiller achevé en 2002 sans contrat écrit.
- 'Précipitée et à charge' -
"Dans ce dossier la question de la corruption est bien fondée", disait Bantel, avant de lâcher: "Et en supposant que l'argument de la corruption ne soit pas accepté par la chambre de jugement, il y a plusieurs autres délits contre la loi pénale, comme le conflit d'intérêt, la gestion déloyale ou la falsification des comptes".
Bantel a précisé par la suite que l'interview était "non autorisée", puis fait savoir à l'AFP qu'en tant que porte-parole des instructeurs de la Fifa, il avait le droit de donner son avis sur des sanctions possibles. Mais ses propos ont détonné.
"En outre", relève encore le camp Platini, "ces déclarations et l'audience du 18 décembre interviennent alors même que les derniers éléments communiqués par sa défense établissent que l'enquête a été conduite de façon précipitée et à charge, mais également que celle-ci n'est manifestement pas achevée: Michel Platini ayant appris en effet (mardi) que de nouvelles investigations étaient en cours".
Il s'agit de la note interne à l'UEFA datée de 1998, révélée le 6 décembre par le Journal du Dimanche, et consultée plus tard par l'AFP, qui fait état d'un possible futur travail salarié de Platini à la Fifa.
L'ancien secrétaire général de l'UEFA Gerhard Aigner a reconnu devant la chambre de jugement qu'il était bien l'auteur de ce document, a révélé à l'AFP une source proche dossier. Contacté, le porte-parole de cette instance s'est refusé à tout commentaire.
- Le TAS, ultime recours -
Pour le camp du Français, cette note est susceptible de dissiper tout caractère occulte du "contrat oral" passé entre Blatter et Platini.
Blatter avait de son côté assuré, lundi dans une lettre "aux membres de la Fifa", que le fameux paiement avait été "soumis au processus administratif intégral, dont le caractère correct a été confirmé par toutes les instances compétentes de la Fifa - y compris le congrès".
Lui non plus n'a pas manqué de rebondir sur les propos de Bantel, dont la communication "présente une dimension tendancieuse et dangereuse", jusqu'à lancer: "Ce procès me rappelle l'Inquisition".
Outre l'affaire du paiement, Blatter, également suspendu comme Platini jusqu'au 5 janvier, est soupçonné par la justice suisse d'avoir "signé un contrat défavorable" à la Fifa avec l'Union caribéenne de football, en vendant très en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014.
La seule ambition de Blatter, 79 ans, était de rester président de la Fifa jusqu'au 26 février, date de l'élection de son successeur. La candidature de Platini est gelée le temps de sa suspension. En cas de lourdes suspensions, tous deux pourront faire appel en interne à la Fifa et/ou saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Par Mohamad Ali Harissi - © 2015 AFP
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