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Espagne: les socialistes au centre des manoeuvres pour former un gouvernement

  • Publié le 22 décembre 2015 à 22:16

Le Parti socialiste espagnol, clé d'un prochain cabinet, a opposé mardi un non ferme aux avances du chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, dans ses efforts pour conserver son poste, augurant de longues et incertaines négociations.


L'émergence de deux nouveaux partis aux élections législatives de dimanche, la gauche radicale Podemos et les libéraux de Ciudadanos, exige des alliances au moins tacites pour obtenir l'investiture d'une majorité des députés.
"La fragmentation ne peut pas déboucher sur la paralysie, le blocage et l'inaction", avait plaidé lundi Mariano Rajoy.
Bien qu'il ait remporté le plus de sièges, 123, avec 28,7% des suffrages, son Parti populaire a perdu la majorité absolue de 176 sièges.
Il doit donc, pour gouverner, obtenir au minimum l'abstention du Parti socialiste (PSOE) qui peut lui barrer la route en votant contre lui. Les 90 voix socialistes, additionnées aux 69 de Podemos et aux deux de Gauche unie (161 au total) bloqueraient l'investiture.
M. Rajoy a donc proposé un dialogue avec les autres formations défendant comme lui "l'unité de l'Espagne", la "stabilité" et les "règles de l'Union européenne": le PSOE et Ciudadanos.
"Il est important qu'il y ait une stabilité et il est important que les agents économiques et sociaux sachent que l'on peut gouverner", a insisté M. Rajoy.
Albert Rivera, le leader du centriste Ciudadanos, arrivé quatrième avec 40 sièges est d'accord pour laisser M. Rajoy gouverner en s'abstenant. "Il revient au Parti socialiste de faire le prochain pas", a-t-il estimé. "J'en appelle à la responsabilité et au sens de l'Etat".
Mais même l'option d'une simple abstention est inimaginable pour les socialistes espagnols, estime le politologue Pablo Simon: "il leur serait reproché d'avoir permis un gouvernement du PP".
Podemos, qui tente de prendre la place du PSOE en l'assimilant aux conservateurs tenants de la "vieille politique", se réjouirait de cette stratégie du "suicide". Le PSOE risquerait alors l'effondrement électoral, à l'image des socialistes du Pasok en Grèce, où la coalition Syriza, alliée de Podemos, les présentait aussi comme représentants de la "vieille politique".
La réponse à M. Rajoy ne s'est donc pas faite attendre.
"Les différences sont si grandes entre le PP et le socialistes (que) notre conclusion est définitive: nous ne soutiendrons pas une investiture du PP", a déclaré mardi Antonio Hernando, porte-parole du groupe parlementaire socialiste.
"Nous n'investirons jamais Mariano Rajoy comme président", a martelé Miguel Carmona, élu socialiste de Madrid. Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, ne s'est lui pas exprimé depuis deux jours.
- Retour au système parlementaire -
L'alternative possible d'une grande coalition de gauche formée par les socialistes et Podemos, soutenue par les indépendantistes basques et catalans, s'annonce compliquée.
En effet, Podemos pose comme condition que le PSOE accepte la tenue d'un référendum d'autodétermation en Catalogne, en pleine fièvre indépendantiste.
Là encore, le PSOE dit non. "Nous croyons en l'unité de l'Espagne", a répondu Antonio Hernando.
"Nous ne pouvons être vus comme un parti qui se lance dans les aventures et l'opportunisme", a résumé Susana Diaz, présidente de la région d'Andalousie et un des poids lourds du parti.
Mariano Rajoy dispose de la période des fêtes, jusqu'au 13 janvier, date de la première séance parlementaire, pour tenter de convaincre le PSOE.
Une fois le président de la chambre élu, il doit présenter au roi Felipe VI les différents candidats possibles à l'investiture. Celui-ci désigne celui qui a le plus de chances de succès.
La première tentative d'investiture ouvre une période de deux mois pour former un gouvernement, faute de quoi de nouvelles élections sont convoquées.
Au départ, le système en Espagne était parlementaire mais les deux grand partis ont "mangé" les petits en cinq ans (entre 1978 et 1982), a noté le politologue catalan Gabriel Colomé. "Maintenant nous revenons au système parlementaire: personne n'impose son programme. Il n'y a pas de majorité et il faut la fabriquer".
"Il faut laisser du temps au temps", a résumé le socialiste Antonio Hernando.

- © 2015 AFP
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