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Migrants: l'Autriche instaure un quota quotidien, ultimatum des pays d'Europe centrale

  • Publié le 17 février 2016 à 23:45

Face à l'afflux de migrants, l'Autriche a décidé de limiter à 80 le nombre de demandeurs d'asile autorisés à entrer sur son territoire par jour, quand les pays d'Europe centrale ont averti qu'ils prendraient des mesures à leurs frontières sans résultats du plan EU-Turquie d'ici mi-mars.


L'Union européenne (UE) se penchera à nouveau sur cette crise sans précédent lors d'un sommet jeudi et vendredi. La chancelière allemande Angela Merkel a exhorté les dirigeants de l'UE à trouver une position "commune".
Mais l'Autriche, avec laquelle l'Allemagne avait agi en tandem pendant des mois sur la questions des réfugiés fin 2015, a continué mercredi de durcir sa politique.
Elle a annoncé mercredi qu'elle limiterait à partir de vendredi l'entrée des migrants sur son territoire à 80 demandeurs d'asile par jour, et à 3.200 personnes en transit.
La veille, elle avait décidé d'introduire des contrôles généralisés à ses frontières avec l'Italie, la Slovénie et la Hongrie pour "freiner" les entrées de demandeurs d'asile.
"L'Autriche compte parmi les Etats membres de l'UE les plus sollicités et arrive à la limite de ce qu'elle peut endurer", a justifié la ministre de l'Intérieur Johanna Mikl-Leitner.
Après avoir accueilli quelque 90.000 migrants en 2015, soit plus de 1% de sa population, l'Autriche a décidé de plafonner le nombre de nouvelles demandes d'asile à 37.500 cette année et le nouveau quota permet de ne pas dépasser ce chiffre.
Principal pays de passage en Europe centrale, la petite république alpine a appelé de ses voeux un "effet domino" qui verrait les pays des Balkans en amont du flux refermer à leur tour leurs frontières aux migrants.
Le chancelier autrichien social-démocrate Werner Faymann a tenu à assurer que son pays continuait de soutenir les efforts de ses partenaires européens pour trouver une solution commune. Mais, a-t-il déclaré au quotidien Kurier, "nous devons nous préparer" à un échec en envisageant des fermetures de frontières.
Les dirigeants de neuf pays européens doivent se retrouver jeudi à Bruxelles, avant l'ouverture du sommet européen, pour évoquer le projet d'Angela Merkel de répartir davantage de réfugiés en Europe, en échange d'une lutte accrue d'Ankara contre la migration illégale.
- Ultimatum -
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu devait se joindre à eux, mais il a annulé son voyage après un attentat à la bombe meurtrier à Ankara mercredi.
La plupart des Etats membres de l'EU ont montré peu d'enthousiasme devant ce projet, les dirigeants du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Rép.tchéque et Slovaquie) allant jusqu'à promettre ouvertement à la Macédoine et à la Bulgarie de les aider à verrouiller leur frontière avec la Grèce.
Cette option aurait pour effet de laisser la Grèce en grande partie seule face à l'afflux des migrants, la laissant en fait en dehors de l'espace Schengen de libre circulation
Ces pays ont encore monté le ton mercredi, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Tomas Prouza, qui préside le groupe de Visegrad, avertissant qu'Ankara avait jusqu'à "la mi-mars" pour "tenir ses promesses".
"Si un afflux permanent de 1.500 - 2.000 personnes par jour se poursuit à la mi-mars, il sera clair que la Turquie manque à ses promesses et que nous aurons besoin d'un autre type de protection de la frontière européenne", a-t-il ajouté.
La Turquie et l'UE ont signé fin novembre un "plan d'action" qui prévoit une aide européenne de 3 milliards d'euros aux autorités turques en échange de leur engagement à mieux contrôler leurs frontières et à lutter contre les passeurs.
Dans les Balkans, la Croatie a déployé mardi des policiers supplémentaires à sa frontière orientale "pour renforcer les contrôles" avec la Serbie.
Le gouvernement slovène a lui annoncé mercredi avoir demandé au Parlement d'autoriser le déploiement de soldats à ses frontières pour aider à contrôler le flux de migrants.
"La Slovénie va s'adapter aux quotas (pris par l'Autriche) avec de nouvelles mesures", a annoncé le ministre de l'Intérieur Vesna Gyorkos Znidar lors d'une conférence de presse.

Par Maja CZARNECKA et Michel VIATTEAU - © 2016 AFP
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