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Ban Ki-moon plaide pour Haïti, dévasté par l'ouragan Matthew

  • Publié le 16 octobre 2016 à 01:13

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et un des sinistrés de l'ouragan Matthew aux Cayes dans sud-ouest d'Haïti, le 15 octobre 2016Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon est arrivé samedi en Haïti, déplorant la "dévastation" causée par l'ouragan Matthew qui a fait plus de 500 morts, s'efforçant d'inciter les bailleurs internationaux à financer la reconstruction.


"J'étais très, très triste quand nous avons vu une dévastation absolue. Mais tous les gens dans le monde sont avec vous", a dit en français le chef de l'ONU à des sinistrés après un survol en hélicoptère de la zone méridionale du pays le plus pauvre de la Caraïbe.
"Les Nations unies sont à vos côtés. Nous allons mobiliser toutes les ressources pour vous aider", a-t-il ajouté à son arrivée dans un lycée de la ville des Cayes, l'une des plus touchées par le puissant ouragan qui soufflait à 230 km/h lorsqu'il a frappé Haïti le 4 octobre.
Les rues ont été nettoyées. Les branches et troncs d'arbres forment avec d'autres déchets des tas imposants sur les trottoirs. Les commerces ont rouvert et l'activité reprend.
Chaleureusement accueilli à son arrivée dans le lycée Philippe Guerrier, où un peu plus de 500 personnes sont encore réfugiées, Ban Ki-moon a échangé avec un jeune homme blessé, avant de lancer aux sinistrés un "Kembe fem" en créole ("Tenez bon").
Le secrétaire général est ensuite reparti pour Port-au-Prince en hélicoptère où il devait donner une conférence de presse en fin d'après-midi.
"Certaines villes et villages ont presque été entièrement rayés de la carte", avait déploré Ban Ki-moon la semaine dernière, estimant qu'environ 1,4 million d'Haïtiens avaient besoin d'une aide humanitaire d'urgence.
La violente tempête a déclenché une nouvelle crise humanitaire dans le pays.
- Multiplication des cas de choléra -
Un appel d'urgence de 120 millions de dollars, lancé lundi par l'ONU, doit servir à couvrir les besoins vitaux des sinistrés pour les trois prochains mois, 175.500 personnes étant encore réfugiées dans des abris provisoires.
Mais les bailleurs internationaux ne montrent pas d'empressement à financer, une nouvelle fois, l'aide humanitaire destinée à Haïti: 12% seulement de la somme nécessaire en urgence a pour l'heure été collectée.
Avec sa venue sur le terrain, Ban Ki-moon espère mobiliser la communauté internationale pour éviter au pays,- qui peine encore à se relever du séisme de 2010 ayant fait plus de 200.000 morts -, de plonger dans une nouvelle crise alimentaire et sanitaire.
Au-delà des destructions d'habitations et de plantations agricoles, les autorités et organisations humanitaires redoutent surtout une importante recrudescence du choléra en raison des grandes inondations et du cruel manque d'accès à l'eau potable et à des produits d'hygiène dans les zones sinistrées.
Depuis octobre 2010, le pays est confronté à une épidémie de choléra,- maladie introduite dans le pays par des Casques bleus népalais -, qui a fait près de 10.000 morts.
Les cas de choléra se sont déjà multipliés dans la moitié sud du pays après le passage de l'ouragan, poussant l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à annoncer l'arrivée prochaine en Haïti d'un million de doses de vaccin pour tenter d'endiguer cette recrudescence.
Mi-août, l'ONU a pour la première fois reconnu avoir une "responsabilité morale" envers les victimes du choléra et leurs familles, annonçant qu'elle allait leur accorder une "aide matérielle" directe.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé jeudi de prolonger de six mois, jusqu'en avril 2017, le mandat de la mission des Nations unies en Haïti (Minustah).
Sandra Honoré, chef de la mission onusienne présente en Haïti depuis 2004, a indiqué au Conseil que les dégâts causés par l'ouragan étaient étendus et risquaient de nuire à la stabilité du pays.
Le premier tour des élections présidentielle et législatives partielles qui devait se tenir le 9 octobre a été reporté à cause de Matthew au 20 novembre. Le scrutin qui s'était tenu il y a un an a été annulé à cause de violences et de fraudes massives.

Par Colette LARRABURU - © 2016 AFP
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