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Espagne: les socialistes décident si le pays aura un gouvernement

  • Publié le 23 octobre 2016 à 10:50

Le Parti socialiste, deuxième parti d'Espagne, devrait surmonter dimanche ses divisions pour décider de laisser ses adversaires conservateurs former un gouvernement minoritaire, après 10 mois de blocage politique.


Le comité fédéral du Parti socialiste ouvrier d'Espagne (PSOE), qui fixe la ligne du parti entre les congrès, se réunit à Madrid après des semaines de luttes intestines provoquées par des échecs électoraux successifs et la menace montante du parti anti-austérité Podemos, décidé à le supplanter.
Les désaccords sur la stratégie à suivre ont conduit à un coup de force sans précédent et la démission forcée le 1er octobre du secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez.
Celui-ci refusait catégoriquement de laisser le conservateur Mariano Rajoy se maintenir au pouvoir, après un premier mandat marqué par les scandales de corruption et les inégalités croissantes.
Les adversaires socialistes de Sanchez préfèrent avaler cette couleuvre et rester dans l'opposition plutôt que de provoquer les troisièmes élections en un an et risquer un résultat encore plus humiliant qu'en décembre 2015 et en juin 2016.
Le Parti populaire de M. Rajoy avait remporté ces deux derniers scrutins, mais sans majorité absolue et sans alliés. Pour former un gouvernement minoritaire, il a besoin que les députés socialistes votent la question de confiance ou au moins s'abstiennent.
La plupart des délégués s'attendent à ce que que le comité fédéral se prononce pour l'abstention, même si les divisions restent profondes.
"La majorité des Espagnols ne veut pas retourner aux urnes, à plus de 65%, et c'est la même chose chez les électeurs socialistes", explique le député Ignacio Urquizu. Mais une courte majorité de ces mêmes électeurs préfèreraient maintenir le veto contre Rajoy, ajoute-t-il.
Reste à décider si le jour du vote décisif, le 29 ou le 30 octobre, les députés du PSOE s'abstiendront en bloc, ou seulement 11 d'entre eux, le minimum requis pour laisser la voie libre à Mariano Rajoy.
Ce dernier devrait donc obtenir la confiance de la chambre avant la fin du mois et l'Espagne retrouver un gouvernement en novembre après plus de 300 jours d?intérim.
- Gouvernement faible -
L'équipe sortante ne pouvait qu'expédier les affaires courantes, sans faire voter ni budget ni loi, ni faire approuver les nominations de dizaines d'ambassadeurs, ou même remplacer les trois ministres démissionnaires.
Ce sera cependant un gouvernement faible qui devra guider le pays à la sortie d'une crise économique dévastatrice, avec un taux de chômage de 20%.
Les socialistes, ainsi que Podemos et les libéraux de Ciudadanos, les deux nouveaux partis qui ont bouleversé les équilibres au parlement, sont décidés à mener la vie dure aux conservateurs.
Le PSOE est dans une position unique, explique sur son blog Guillermo Fernandez Vara, président socialiste de la région d'Extremadure, limitrophe du Portugal: c'est le seul à pouvoir permettre la formation d'un gouvernement et le seul à pouvoir mener "une vraie opposition" quand Rajoy retournera au pouvoir.
Mais pour le plus ancien parti d'Espagne, le mal est fait. Beaucoup d'élus craignent de se couper de leur base en s'abstenant en faveur de Rajoy, après avoir promis de mettre fin à son règne.
De fait, des militants ont bravé la pluie samedi pour manifester devant le siège du PSOE à Madrid avec des pancartes proclamant " Non au PP", "Nous voulons décider : non c'est non".
Dans une interview au journal en ligne El Espanol, la députée socialiste Susana Sumelzo estime que son parti souffrira "sans aucun doute" au prochain scrutin, "pas seulement à cause de l'abstention mais aussi à cause du spectacle honteux que nous avons donné au cours des derniers jours".
"Je prévois que ça va être très compliqué à moyen et à long terme. Nous allons devoir travailler énormément pour retrouver notre crédibilité", dit-elle.

- © 2016 AFP
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