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Un trafic de cannabis mis au jour dans un local de la mairie de Saint-Denis

  • Publié le 18 novembre 2016 à 22:40

En pleine croisade contre l'insécurité, la mairie communiste de Saint-Denis fait face à une affaire embarrassante: la découverte de 500 kilos de cannabis dans un garage qui servirait de plaque tournante à un trafic impliquant plusieurs agents municipaux.


Fait rarissime, un camion transportant 500 kg de cannabis a été intercepté jeudi soir par les enquêteurs des Douanes au moment où il entrait dans le centre technique municipal (CTM).
Quatre personnes soupçonnées d'avoir participé à ce convoi en provenance d'Espagne ont été interpellées, a-t-on appris vendredi auprès du parquet de Bobigny: un Espagnol de 59 ans (le conducteur du camion), un Algérien de 28 ans (le conducteur de la voiture "ouvreuse") et deux employés du CTM.
Parmi eux, un homme d'origine corse né en 1976 et décrit par une source proche de l'enquête comme un "trafiquant notoire, l'un des plus gros pourvoyeurs de drogue de la circonscription".
"Ce n'était pas la première fois que des chargements arrivaient à cet endroit", a confié à l'AFP une deuxième source proche de l'enquête. La drogue, qui devait être aussitôt reconditionnée puis "dispatchée" entre plusieurs revendeurs, était selon elle "plutôt destinée au marché parisien".
Bénéfice estimé de l'opération: jusqu'à 2,5 millions d'euros, en fonction de la qualité de la marchandise.
Vendredi matin, deux autres agents municipaux ont été interpellées pour avoir fait sortir "le 4x4 Mercedes" de ce trafiquant présumé, au nez et à la barbe des douaniers qui gardaient le centre, selon cette source. Ils ont été placés en garde à vue au commissariat de Saint-Denis, la troisième plus grande ville d'Ile-de-France.
Enfin, plusieurs "véhicules haut de gamme munis de fausses plaques, dont des motos de luxe", ont été saisis dans le garage municipal. Les enquêteurs se demandent s'il n'abritait pas également un trafic de véhicules volés.
- 'Du Ruinart plein les placards' -
Sur les six interpellés, quatre travaillent donc pour la mairie. Or, l'équipe de Didier Paillard, qui cédera son fauteuil de maire début décembre, ne cesse de reprocher à l'État son manque d'engagement sur la sécurité.
Début novembre, l'office HLM de cette ville de Seine-Saint-Denis l'a ainsi attaqué en justice pour obtenir un renfort de policiers nationaux. Les relations avec l'État se sont dégradées après l'assaut policier contre la planque de deux jihadistes du 13-Novembre, il y a un an jour pour jour.
Cette opération avait jeté une lumière crue sur le délabrement du centre de cette ville minée par le trafic de drogue, cannabis mais aussi cocaïne, héroïne et crack.
"C'est un bon jour pour la démocratie dyonisienne", a réagi auprès de l'AFP Mathieu Hanotin. Pour le député socialiste de la circonscription et candidat malheureux aux municipales de 2014, il y a "un ménage à faire à la mairie de Saint-Denis".
Dans un communiqué, la ville a dit avoir pris des mesures disciplinaires à l'encontre des agents mis en cause. Et s'est félicitée "de la réussite de cette opération conduite en étroite collaboration" avec la police et les douanes.
Pour un policier au fait du dossier, la réalité est différente: le principal suspect a pu agir librement par le passé en raison d'une certaine passivité de la municipalité. Connaissant ses antécédents judiciaires, jamais la ville n'aurait dû continuer à l'employer ni à le loger dans son parc HLM, estime cette source, s'étonnant que cet "agent payé au Smic ait un appartement superbe, refait à neuf, et du Ruinart plein les placards".
Cet employé avait été suspendu pendant deux mois "à titre conservatoire" après avoir été interpellé en possession d'un kilo de cocaïne mi-décembre 2015, a rétorqué le porte-parole de la mairie.

- © 2016 AFP
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