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Ronaldo et Mourinho accusés de dissimulation fiscale par plusieurs médias

  • Publié le 3 décembre 2016 à 02:58

Les superstars du foot Cristiano Ronaldo (Real Madrid) et José Mourinho, coach de Manchester United, sont accusés de dissimulation fiscale par douze médias européens, dans une enquête baptisée "Football Leaks" et basée sur la fuite de 18,6 millions de documents, sur le modèle des "Panama Papers".


La publication, assurée par Mediapart en France, a débuté vendredi soir et durera trois semaines. Les premiers incriminés, Ronaldo, Mourinho et l'attaquant de Monaco Radamel Falcao, font tous partie du portefeuille du super-agent du foot, le Portugais Jorge Mendes, également mis en cause et qui conteste ces accusations.
Il avait vu le coup venir, car il avait fait publier dès vendredi matin, via sa société Gestifute, un communiqué assurant que Ronaldo et Mourinho respectent "pleinement leurs obligations fiscales vis-à-vis des autorités espagnoles et britanniques". Gestifute se plaignait d'avoir été interrogée de façon "insidieuse" par un consortium de médias.
Ce dernier, l'"European Investigative Collaborations" (EIC), accuse Ronaldo, grand favori pour le prochain Ballon d'Or, d'avoir "dissimulé 150 millions d'euros dans les paradis fiscaux, grâce à des montages offshore passant par la Suisse et les Iles vierges britanniques".
Les documents exploités par l'EIC -- obtenus au départ par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel -- montreraient comment CR7 "a encaissé, en toute discrétion, un total de 149,5 millions d'euros de revenus de sponsoring dans des paradis fiscaux ces sept dernières années". "Sur cette fortune, l'attaquant n'a payé que 5,6 millions d'euros d'impôts. Soit à peine 4%, et sans être poursuivi pénalement", affirme l'EIC.
- "Système de dissimulation" -
L'enquête "Football Leaks" dénonce aussi "les rouages du système de dissimulation fiscale mis en place" selon elle par Mendes, pour "soustraire au moins 185 millions d'euros de revenus de sponsoring à la vue des administrations fiscales, via un réseau de sociétés écrans et de comptes offshore en Irlande, aux Iles vierges Britanniques, au Panama et en Suisse".
L'EIC accuse aussi Mourinho d'avoir "dissimulé 12 millions d'euros au fisc, logés sur un compte suisse détenu par une société écran immatriculée aux Iles Vierges Britanniques".
Ni Ronaldo, ni Mourinho "n'ont été impliqués dans des procédures judiciaires (de) la commission de fraude fiscale", avait contesté par anticipation Gestifute dans son communiqué.
Pourtant, "un contrôle fiscal a été lancé sur les revenus 2011-13" de Ronaldo et selon ses avocats "une inspection du fisc espagnol" est "toujours en cours", assure l'EIC. Pourquoi? Le Portugais a "touché, entre 2009 et 2014, 74,8 millions d'euros via une société offshore (...) immatriculée aux Iles vierges Britanniques, sans en parler au fisc" puis "par peur d'être découvert, il a fini par en déclarer une partie", peut-on lire dans les "Football Leaks".
- Comptes de Falcao -
L'EIC soutient aussi que "le 20 décembre 2014, Ronaldo a vendu pour 74,7 millions d'euros ses droits marketing pour les années 2015-20" pour "profiter d?un régime fiscal ultra-avantageux qui allait disparaître douze jours plus tard". Le Portugais aurait ainsi "éludé 31 millions d?euros d'impôts".
Ces accusations tombent alors que Cristiano Ronaldo jouera samedi avec le Real face à Barcelone un des matches les plus attendus au monde, baptisé le "clasico".
Dans son communiqué, Gestifute ne parlait pas du Colombien Radamael Falcao, également ciblé par l'EIC. Pendant la période 2011-13 (il jouait pour l'Atletico Madrid), il aurait notamment "encaissé 1,3 million d'euros sur un compte suisse détenu par une société aux Iles Vierges, versés, via les sociétés irlandaises du système Mendes", par différents sponsors et équipementiers.
Falcao détient aussi, selon l'EIC, "en tant que personne physique, 2,2 millions de dollars sur un compte à Miami et 8,5 millions d'euros sur son compte à Monaco, sans compter les avoirs d'un trust en Colombie".
Outre Mediapart en France, le projet "Football Leaks" rassemble Der Spiegel (Allemagne), The Sunday Times (Royaume-Uni), Expresso (Portugal), El Mundo (Espagne), L'Espresso (Italie), Le Soir (Belgique), NRC Handelsblad (Pays-Bas), Politiken (Danemark), Falter (Autriche), Newsweek Serbia (Serbie) et The Black Sea, média en ligne créé par le Centre roumain pour le journalisme d'investigation.

Par Philippe GRELARD - © 2016 AFP
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