Justice

Flash-Ball: un policier jugé pour la première bavure mortelle

  • Publié le 27 janvier 2017 à 14:24

Un policier qui a tué un homme d'un tir de Flash-Ball, première bavure mortelle recensée en France avec cette arme, a plaidé vendredi la "légitime défense" devant le tribunal correctionnel de Marseille.

"Je n'ai absolument pas tiré pour tuer", a déclaré Xavier Crubezy, costume noir et lunettes rectangulaires sur un visage rond. Le gardien de la paix répond "d'homicide involontaire" pour l'utilisation de cette arme présentée comme non-létale, un délit passible de trois ans de prison au maximum.

Le 12 décembre 2010, il avait voulu maîtriser Mustapha Ziani, 45 ans, résident d'un foyer de travailleurs de Marseille, en lui tirant dessus au niveau du thorax avec son Flash-Ball. M. Ziani venait de blesser l'un de ses voisins à coups de couteau, s'était retranché dans sa chambre et avait jeté une tasse à la face du policier. Il est décédé le lendemain d'un arrêt cardiaque.
"Pour moi, quand j'ai tiré, la légitime défense était établie", a déclaré le policier à la barre. "On savait qu'il y avait des couteaux qui traînaient, qu'il pouvait s'en servir".

L'enquête a démontré que M. Crubezy avait utilisé son Flash-Ball à environ 4,40 mètres alors que l'administration exige une distance minimale de 7 mètres.
Cette audience se tient au terme d'un marathon judiciaire, remonté jusqu'à la Cour de cassation. L'enjeu : savoir s'il s'agissait d'une violence volontaire ayant entraîné la mort mais sans intention de la donner, crime passible de la cour d'assises, comme l'avaient estimé plusieurs magistrats, ou d'un homicide involontaire.

Vendredi, loin du décor solennel des assises, ce dossier d'homicide a finalement été examiné après un cambriolage, un conflit de voisinage et un vol de cartes postales au Vieux-Port.
Ce procès était attendu par les tenants d'une interdiction des lanceurs de balles de défense (LBD), la famille d'armes à laquelle appartient le Flash-Ball. L'Association des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), qui en demande l'interdiction, recense 42 blessés graves et un décès liés à l'usage de cette famille d'armes, depuis leur introduction en France.

AFP

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