France

Creuse: des salariés de GM&S détruisent du matériel et "piègent" leur usine

  • Publié le 11 mai 2017 à 23:22

Des salariés de l'équipementier automobile GM&S Industry à La Souterraine (Creuse), menacé de liquidation judiciaire, ont commencé jeudi à détruire du matériel et affirment avoir "piégé" leur usine, pour dénoncer l'attitude des constructeurs français qu'ils accusent de bloquer les négociations de reprise du site.


Les salariés ont détruit jeudi matin une presse, qu'ils ont découpée en deux au chalumeau, et écrasé une autre machine-outil dans l'après-midi, ont constaté des correspondants de l'AFP. Selon le délégué CGT de GM&S, Vincent Labrousse, l'usine de La Souterraine a aussi été "piégée" à l'aide de bonbonnes de gaz et de bidons d'essence.

"Nous refusons d'être baladés une minute de plus (...) Cela fait six mois que l'on se bat, et nous sommes désolés d'en arriver là, mais aujourd'hui la menace, c'est celle d'une liquidation pure et simple. Si tel devait être le cas, l'usine ne sera pas rendue intacte!", a-t-il menacé.
Il s'agit pour les 279 salariés du site, deuxième employeur privé du département placé en redressement judiciaire depuis décembre dernier, de faire pression sur PSA et Renault, leurs principaux clients, pour qu'ils s'engagent à maintenir un volume de commandes suffisant.

Sous la houlette du gouvernement, la direction de crise négociait depuis plusieurs semaines avec les constructeurs automobiles pour obtenir un engagement ferme sur ces commandes, dont l'ampleur permettrait de définir les conditions de reprise par GMD (premier sous-traitant français de l'emboutissage) qui, à plusieurs occasions, a montré son intérêt pour le site industriel creusois.

Mais l'intersyndicale (CGT-FO) de GM&S a annoncé mercredi "l'échec des négociations" pour une reprise de l'usine, dont la liquidation risque d'être prononcée le 23 mai par le tribunal de commerce de Poitiers. Les représentants des salariés réclament à présent une rencontre avec PSA, Renault et le président élu Emmanuel Macron, et "qu'on nous considère comme des interlocuteurs sérieux."

Renaud Le Youdec, négociateur de crise et gestionnaire de transition mis en place par le mandataire judiciaire, a appelé jeudi ces constructeurs à "prendre leurs responsabilités" pour assurer la pérennité du site, parfaitement viable selon lui. "Je rappelle que depuis mon arrivée, les syndicats et salariés ont fait preuve de leur bonne foi: ils ont renoncé à bloquer le site, ils ont accepté le principe d'un plan de licenciement, ils ont même accepté de dépanner de manière urgente Renault sur des pièces défectueuses sous-traitées ailleurs, preuve de leur bonne foi", a-t-il souligné.

"Nous avons toujours été au côté de La Souterraine et sommes le seul client à avoir maintenu notre niveau de chiffre d'affaires alors que les autres clients ont sciemment abandonné GM&S", a réagi PSA, interrogé par l'AFP. "Entre 2011 et 2016, le chiffre d'affaires de GM&S a été divisé par deux quand PSA maintenait un niveau d'activité", a ajouté un porte-parole du groupe, assurant avoir augmenté les prix de 6% depuis fin 2014 et réduit les délais de paiement.

"Pour trouver une solution aux problèmes de GM&S, il faut que ceux qui ont abandonné GM&S reviennent", ajoute PSA, sans citer nommément son concurrent Renault. De son côté, Renault s'est défendu auprès de l'AFP en affirmant avoir "maintenu ses commandes auprès de GM&S malgré les difficultés de livraison".

"Renault soutient depuis plusieurs mois l'exploitation de GM&S au travers d'un processus d'achat de matières premières", a ajouté le constructeur automobile, qui revendique être le second client de GM&S et représenter 20% de son activité.

La menace de faire sauter des usines a souvent été brandie lors de conflits sociaux par le passé, comme en juillet 2000 par les ouvriers de la filature Cellatex de Givet (Ardennes) négociant leurs indemnités de licenciement. Ce fut aussi le cas en novembre 2001 à l'usine Moulinex de Cormelles-le-Royal (Calvados) et plus récemment, en juillet 2009, à l'usine de pièces automobiles New Fabris de Châtellerault (Vienne).
Cette menace n'a toutefois jamais été mise à exécution.

AFP

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