Touché mais pas coulé

Le PS tourne la page Cambadélis

  • Publié le 30 septembre 2017 à 13:25
  • Actualisé le 30 septembre 2017 à 14:05

Touché mais pas coulé. Laissé pour mort après le désastre électoral de 2017, le PS tentait samedi de rebondir en tournant la page Cambadélis et en donnant le coup d'envoi de "forums de la refondation", cinq mois avant son congrès.


Après plusieurs semaines de tension sur la question de la succession de son premier secrétaire démissionnaire, le Conseil national (le "parlement" du parti), réuni à partir de 14H00 à l'Assemblée, devrait entériner une solution de compromis approuvée vendredi soir par les membres du bureau national.
Réuni au siège du PS dans une atmosphère quelque peu surréaliste, alors que les équipes de tournage de la série "Baron noir" occupaient les lieux, le BN s'est prononcé pour le maintien de la direction collégiale provisoire mise en place en juillet, et l'extension de ses prérogatives.
Désormais organisée en quatre pôles (coordination et organisation, expression, administration et finances, relations extérieures), elle aura à charge de fixer l'ordre du jour hebdomadaire du PS, d'accompagner le lancement des "forums de la refondation" organisés d'octobre à décembre, de mettre en place une commission de travail sur les statuts, de préparer le congrès de février/mars, a précisé à l'AFP M. Cambadélis en sortant du BN.
Conformément aux statuts actuels, le numéro deux du parti, le sénateur Rachid Temal, "remplace" M. Cambadélis -il sera le "représentant légal" du PS, a précisé à l'AFP une membre du BN. Le secrétariat national et le bureau national sont maintenus, ce dernier étant l'instance de décision finale du parti.
Le député du Val-de-Marne Luc Carvounas, qui plaidait avec d'autres pour que la direction collégiale assume à part entière les missions du premier secrétaire, redoutant que M. Cambadélis continue de "tirer les ficelles" à travers son bras droit, s'est dit satisfait de la solution proposée.
"Nous avons confirmé la direction collégiale qui devient l'organe de direction du parti. (...) Ses prérogatives seront pleines et entières", a aussi souligné François Kalfon, membre comme M. Carvounas de la direction collégiale.
Les noms des animateurs et membres des différents pôles n'ont pas été communiqués. Ils pourraient l'être samedi ou la semaine prochaine.


- +Premier groupe d'opposition à gauche+ -


Ces questions d'appareil étant réglées, "nous allons pouvoir faire un conseil national tourné vers l'extérieur", s'est réjoui M. Kalfon.
Selon l'ancien directeur de campagne d'Armaud Montebourg, plusieurs prises de parole sont prévues après l'introduction de M. Cambadélis, qui permettront de faire entendre la voix du parti sur plusieurs sujets sur lesquels la majorité est aujourd'hui vivement critiquée.
La sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (aile gauche) devrait s'exprimer sur le logement, la députée Valérie Rabault sur le projet de loi de finances, la présidente de la région Occitanie Carole Delga sur les finances des régions, Luc Carvounas, premier vice-président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), sur les territoires.
"Cet après-midi, (nous allons) parler aux Françaises et aux Français et aux socialistes", a déclaré samedi sur Europe 1 M. Carvounas.
Pour cet ancien lieutenant de Manuel Valls, le parti socialiste est certes "en grandes difficultés" et "doit se refonder sur le plan idéologique", mais il n'est pas "agonisant". "Au Parlement, au Sénat, nous sommes le premier groupe d'opposition de la gauche", a-t-il souligné, une semaine après des sénatoriales ratées pour La République en marche, où La France insoumise n'avait pas présenté de listes.
Interrogé sur le livre de Jean-Christophe Cambadélis, "Chronique d'une débâcle 2012-2017", où l'ancien député de Paris règle ses comptes, M. Carvounas a dit en avoir "un petit peu assez de ce bashing permanent de cette génération qui n'a eu de cesse de se tirer la bourre (...), qui n'a pas su régler leurs problèmes au moment des congrès, qui a grâce à ma génération repris les rênes de ce pays, et dans quel état, et quel héritage il nous concèdent".
"C'est un livre de plus sur l'étagère (...) est-ce que c'est intéressant pour les Françaises et les Français, j'en sais rien (...) Moi j'ai envie de regarder de l'avant, j'ai envie d'être sur les vraies questions", a-t-il dit.

Par Yulius Martoni - © 2017 AFP

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