Des cartables tachés de sang

En Syrie, des écoliers fauchés par un tir d'obus du régime

  • Publié le 31 octobre 2017 à 17:17
  • Actualisé le 31 octobre 2017 à 17:43

Au moins quatre écoliers ont été tués mardi par un tir d'obus du régime syrien sur une ville assiégée de la Ghouta orientale, région rebelle à l'est de Damas où les enfants sont déjà frappés de malnutrition et de maladies.


Le régime a bombardé le même jour d'autres villes de la région rebelle, mais le tir sur la ville de Jisrine a donné lieu à des images particulièrement terribles d'enfants ensanglantés et d'autres enveloppés dans des linceuls.
"Un obus tiré par les troupes du régime s'est abattu à l'entrée d'une école dans la ville de Jisrine au moment où les enfants quittaient l'établissement, tuant quatre écoliers", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), rapportant qu'un adulte a également péri.


- Cartables tachés de sang -


Une source médicale à l'hôpital de Jisrine a confirmé à l'AFP ce bilan, rapportant également 25 blessés.
Un photographe de l'AFP qui s'est rendu à l?établissement a vu les corps d'au moins quatre enfants, des cartables d'écoliers frappés du sigle de l'Unicef et des chaussures d'enfant tachés de sang.
En arrivant à l'hôpital, un homme ayant appris la mort de son fils a commencé à crier et les personnes présentes peinaient à le calmer.
Un autre homme pleure devant les corps de deux enfants enveloppés de linceuls blancs, les visages marqués par les blessures.
Plusieurs autres enfants blessés à la tête ou à la jambe, étaient assis, hébétés, sur des lits d'hôpital.
Parmi eux, un enfant aux jambes sectionnées, tandis qu'un autre gémit de douleur au moment où on lui bande la jambe.
Des flaques de sang sont visibles dans l'hôpital mais également dans la rue de l'école primaire où le photographe s'est également rendu.
"Je sortais de l'école et j'allais emprunter une ruelle lorsque (l'obus) est tombé. Il y a eu des morts, des blessés", raconte à l'AFP un enfant revenu sur place.
La Ghouta orientale est l'un des derniers fiefs de la rébellion syrienne en lutte contre le régime de Bachar al-Assad depuis six ans.
Le 22 juillet, la Russie a annoncé la conclusion d'une trêve avec des groupes rebelles "modérés" dans cette région assiégée, où a été créée une "zone de désescalade".
Mais depuis une semaine, ce secteur connaît une recrudescence des bombardements du régime.
En plus de Jisrine, les bombardements ont également touché la localité de Mesraba, plus au nord, tuant trois civils dont un enfant, selon l'OSDH.
Dans une morgue, un vidéaste de l'AFP a vu des secouristes et des jeunes hommes mettant deux cadavres dans des sacs en plastique blancs, ceux d'un père et de son fils.
"Que Dieu se venge des oppresseurs", s'écrit le frère de l'homme.


- Malnutrition -


Par ailleurs, dans la ville de Harasta, dix personnes, dont cinq enfants, ont été blessées par des obus qui se sont abattus près d'une école au moment où les élèves sortaient également de l'établissement.
Dimanche, 11 civils ont été tués, dont un journaliste local travaillant pour une chaîne de l'opposition.
Près de 400.000 personnes vivent dans la Ghouta orientale, où l'aide humanitaire parvient au compte-goutte en raison du siège de l'armée.
L'escalade intervient d'ailleurs au moment où des cas de malnutrition ont été rapportés dans la Ghouta orientale, l'AFP publiant notamment des photos choc d'enfants squelettiques.
Lundi, des dizaines de camions transportant de l'aide humanitaire pour 40.000 personnes ont pu entrer dans cette zone rebelle.
Au moins deux nourrissons sont décédés en raison de malnutrition dans la zone, selon des médecins locaux.
Autrefois région agricole importante pour la Syrie, la Ghouta orientale est assiégée depuis 2013 par les troupes gouvernementales, après sa prise de contrôle par les rebelles.
Ce siège a provoqué une flambée des prix des produits locaux et de contrebande.
La guerre complexe en Syrie, qui implique de multiples acteurs, a fait plus de 330.000 morts depuis 2011.

Par Sophie PONS - © 2017 AFP

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