Depuis plus de deux semaines

Crise politique en Arménie

  • Publié le 1 mai 2018 à 22:42
  • Actualisé le 2 mai 2018 à 05:04

L'Arménie, où l'opposant Nikol Pachinian a appellé au blocage des routes et des aéroports après le rejet de sa candidature au poste de Premier ministre, est secouée par une crise politique depuis plus de deux semaines.

Rappel des principaux événements:

- Sarkissian de président à Premier ministre -

Le 11 avril 2018, le Parti républicain au pouvoir en Arménie annonce que le président sortant Serge Sarkissian, dont le second et dernier mandat vient de se terminer, va devenir Premier ministre, détenteur réel du pouvoir en vertu d'une réforme constitutionnelle controversée.
Le nouveau président, Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec son prédécesseur) dispose, lui, de fonctions largement protocolaires.

- Manifestations -

A partir du 13 avril, la perspective du maintien au pouvoir de Serge Sarkissian, un ancien militaire, déclenche des manifestations de plusieurs milliers de personnes dans la capitale, Erevan. Le 16, plusieurs dizaines de personnes sont blessées dans des affrontements avec la police, alors qu'elles tentent de se rendre au Parlement et de bloquer les rues, à l'appel du leader de l'opposition Nikol Pachinian.

- Sarkissian Premier ministre -

Le 17, Serge Sarkissian est élu Premier ministre par le Parlement, malgré la contestation. A Erevan, 40.000 personnes manifestent, réclamant "l'Arménie sans Serge!". Les manifestations s'enchaînent les jours suivants.

- Pachinian arrêté -

Le 22, une rencontre entre Nikol Pachinian et Serge Sarkissian tourne court, le chef du gouvernement dénonçant un "chantage". "Un parti qui a enregistré un score de 8% aux élections (législatives) ne peut pas parler au nom du peuple", dit-il.
La crise s'aggrave avec l'interpellation de Pachinian et de deux autres députés d'opposition, accusés d'"avoir violé de manière répétitive et grossière la loi sur les manifestations". Les manifestations se poursuivent.

- Démission de Serge Sarkissian -

Le 23, Pachinian est libéré. Serge Sarkissian démissionne, disant s'être "trompé", au onzième jour des protestations.
Des milliers de personnes s'embrassent et dansent place de la République. "Fier citoyen d'Arménie, tu as gagné!", clame le chef de l'opposition.
Les partis au Parlement ont une semaine pour proposer leurs candidats au poste de Premier ministre.

- Pachinian "prêt à diriger le pays" -

Le 24, le pays commémore le génocide arménien (1915-1917). Pachinian se dit "prêt à diriger le pays" et réclame des législatives anticipées.
Le lendemain, la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA) quitte la coalition au pouvoir, laissant le Parti républicain avec une majorité de 58 sièges sur 105, au lieu de 65 précédemment.

- Consultations avec Moscou -

La Russie, puissance régionale qui dispose d'une base militaire en Arménie, tente de s'afficher comme médiateur: le président Vladimir Poutine s'entretient au téléphone avec le Premier ministre arménien par intérim Karen Karapetian.
Selon le Kremlin, la crise doit se régler "dans le cadre de la Constitution", sur la base des résultats des législatives d'avril 2017. Le vice-Premier ministre et le chef de la diplomatie arméniens sont reçus à Moscou.

- Pachinian seul candidat -

Le 27, les autorités refusent de négocier avec Pachinian et l'accusent de "dicter son agenda". Le 29, celui-ci réunit à Erevan des dizaines de milliers de partisans et se déclare "prêt" à devenir Premier ministre.
Le 30, il est formellement désigné par le bloc d'opposition Yelk comme seul candidat au poste de Premier ministre.
Pachinian promet un "tsunami politique" s'il n'est pas élu par le Parlement réuni le 1er mai en session extraordinaire pour procéder au vote, et accuse le Parti républicain, majoritaire, de vouloir entraver son élection.

- Rejet au Parlement, appel au blocage -

Le Parlement rejette sa candidature : sur les 100 députés ayant voté, 55 s'expriment contre lui et Nikol Pachinian n'obtient que 45 voix alors qu'il lui en fallait 53. Nikol Pachinian appelle au "blocage total" des routes, trains et aéroports dans le pays, devant des dizaines de milliers de partisans réunis au centre d'Erevan, les appelant à "la désobéissance civile".

AFP

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