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Un an de prison avec sursis, 10 ans d'inéligibilité pour la maire LR d'Aix-en-Provence

  • Publié le 18 juillet 2018 à 12:13
  • Actualisé le 18 juillet 2018 à 12:21

La maire LR d'Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini a été condamnée mercredi à un an de prison avec sursis et 10 ans d'inéligibilité pour avoir promu indûment son chauffeur et fourni des emplois de complaisance à des proches.

L'avocat de l'élue Mario Pierre Stasi, qui avait plaidé la relaxe, a déclaré à l'AFP qu'il allait "immédiatement interjeter appel" après ce jugement "très dur" du tribunal correctionnel de Montpellier. Cet appel est suspensif.

Le 14 mai, le parquet avait requis 18 mois de prison dont neuf mois ferme, et dix ans d'inéligibilité à l'encontre de Mme Joissains-Masini, âgée de 75 ans. Le procureur Dominique Sie avait estimé "parfaitement caractérisés" les délits de détournement de fonds publics et de prise illégale d'intérêts. Les faits reprochés sont "d'une gravité extrême car ils sont le contraire de la probité attendue d'un élu", avait martelé le procureur.
"Mon territoire a besoin de moi, de mon honnêteté, de ma rigueur...", avait rétorqué avant la fin du procès l'avocate à la retraite, qui s'est vue mercredi également condamnée à 10 ans de privation des droits civiques.

Lui aussi poursuivi, le fils du chauffeur et conseiller de la maire Christophe Achouri a en revanche été relaxé mercredi. Douze mois de prison dont six ferme et une interdiction d'exercer dans la fonction publique pendant 5 ans avaient été requis contre le quadragénaire, accusé de "concussion" pour avoir bénéficié d'emplois de complaisance au sein de structures sportives où selon l'enquête il aurait brillé par son absence.

Maire d'Aix-en-Provence depuis 2001 et députée de 2002 à 2012, Mme Joissains-Masini avait été mise en examen en 2014, notamment pour l'embauche d'une collaboratrice chargée de la maltraitance animale, la promotion éclair de son chauffeur et deux emplois pour les enfants de ce dernier.

Alerté en 2012 par une lettre anonyme, le parquet d'Aix-en-Provence avait alors ouvert une enquête et "pour la bonne administration de la justice", le procès avait été délocalisé à Montpellier. Les enquêteurs avaient pointé "un somptueux mélange d'autocratie, de népotisme et de désinvolture dans l'engagement des deniers publics", tant à la mairie qu'à la communauté du pays d'Aix.

- "Erreur manifeste" -

Mme Joissains-Masini avait exigé la promotion d'Omar Achouri, son chauffeur et conseiller, âgé aujourd'hui de 65 ans, alors qu'il figurait à la 50e place sur une liste dressée par ordre de mérite. "Il a un engagement total que j'ai voulu récompenser par une promotion sociale", avait assuré la maire lors de l'audience, soulignant "la capacité à régler les problèmes" de son chauffeur harki.

Ce dernier a été décrit comme un "personnage clef du système de clientélisme" aixois par différents hauts responsables administratifs de la ville.
Il était également reproché à l'élue l'embauche à son cabinet de la Communauté du Pays d'Aix d'une militante de la cause animale, Sylvie Roche, 50 ans, ce qui n'entrait pas dans les compétences communautaires.

Mme Joissains-Masini, qui défend la cause animale depuis les années 1970, a mis en avant le "savoir-faire avec les animaux maltraités" de Mme Roche, assurant que sa décision d'en faire un collaborateur de cabinet pour la communauté de communes du pays d'Aix relevait de son "pouvoir discrétionnaire" sans avoir à passer par un vote.

Sylvie Roche et Omar Achouri, placés sous le statut de témoin assisté, avaient bénéficié d'un non-lieu et n'étaient donc pas jugés à Montpellier.
La promotion du chauffeur de la maire LR d'Aix-en-Provence, qui vaut à Maryse Joissains-Masini d'être condamnée pénalement, a été définitivement annulée le 25 mai par le Conseil d'Etat. Ce dernier a estimé que l'élue a "commis une erreur manifeste d'appréciation de la valeur et de l'expérience professionnelle" de son chauffeur et conseiller.

En accédant à la mairie d'Aix en 2001, Mme Joissains-Masini avait succédé, 18 ans plus tard, à celui qui était alors son mari: Alain Joissains, maire de la ville de 1978 à 1983, lui-même condamné en 1986 en appel pour recel d'abus de biens sociaux. Lors des prochaines municipales, Maryse Joissains-Masini pourrait tenter de passer le flambeau à leur fille Sophie Joissains, aujourd'hui sénatrice UDI.

AFP

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