Malgré Strasbourg et les annonces de Macron

Les "gilets jaunes" déterminés avant "l'acte V"

  • Publié le 14 décembre 2018 à 16:57
  • Actualisé le 14 décembre 2018 à 17:17

Un mois après le début de leur mouvement, les "gilets jaunes" maintenaient la pression vendredi à la veille d'un "acte V" qui fait débat après une semaine marquée par les annonces d'Emmanuel Macron et l'attentat de Strasbourg.

Les mesures dévoilées lundi par le chef de l'Etat - hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois... - et les appels à "suspendre" le mouvement après l'attentat du marché de Noël mardi soir n'ont guère entamé la détermination des "gilets jaunes".

"C'est le moment où justement il ne faut pas lâcher (...). On doit continuer", a exhorté jeudi Eric Drouet, un des initiateurs du mouvement, dans une vidéo sur Facebook : "Ce que Macron a fait lundi, c'est un appel à continuer parce qu'il commence à lâcher quelque chose et, venant de lui, c'est inhabituel."
"Dans l'Ariège, ça ne désarme pas, les annonces de Macron ne suffisent pas. Les gens au pouvoir sont très déconnectés de ce que les Français vivent", estime Guilhem Boudon, pasteur à Mirepoix venu à Paris dès vendredi en vue de l'acte V.
Après quatre samedis de mobilisation, dont trois émaillés de spectaculaires violences et dégradations, certains prônent toutefois l'apaisement. Le collectif des "gilets jaunes libres", qui a fait dissidence du "canal historique" qu'ils jugent trop radical, appelle ainsi à une "trêve", estimant que "le temps du dialogue est venu".

L'association Robin des Bus, qui a amené des "gilets jaunes" nordistes depuis trois weekends, a, elle, annulé les départs prévus samedi, signe que les manifestants ne "se sont pas mobilisés pour aller à Paris", a déclaré Thibault Vayron, son président, à l'AFP.
Mais sur Facebook, principal canal de mobilisation de ce mouvement, les nombreux appels à un "acte V" réunissent toujours plusieurs milliers de "participants".
Samedi dernier, la quatrième journée de mobilisation a rassemblé 136.000 manifestants en France, selon le ministère de l'Intérieur, et s'est soldée par un nombre record d'interpellations (près de 2.000), plus de 320 blessés et des dégâts et affrontements dans plusieurs villes, comme Paris, Bordeaux et Toulouse.
Le dispositif policier dans la capitale sera "assez semblable" à celui du 7 décembre, avec 8.000 forces de l'ordre déployées et appuyées notamment par 14 véhicules blindés à roues (VBRG), a indiqué le préfet de police Michel Delpuech.
Le weekend dernier, un total de 89.000 forces de l'ordre avait été déployé sur le territoire.

Référendum

Les initiateurs du mouvement réclament désormais un référendum sur quatre propositions, notamment l'instauration d'un référendum d'initiative citoyenne et la baisse des taxes sur les produits de première nécessité.
"Ces demandes, c'est ce qu'on a recueilli (via des sondages Facebook) et on aimerait que le président les soumette aux citoyens par voie de référendum. L'idée n'est pas d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit mais de faire un référendum pour voir si tout le monde est d'accord sur ces points", a expliqué jeudi Priscillia Ludosky, une autre figure à l'origine du mouvement.
Après l'attentat de Strasbourg qui a fait ressurgir le spectre terroriste et dont l'auteur a été tué jeudi soir, de nombreuses voix, notamment au sein de la majorité et du gouvernement, s'étaient toutefois élevées pour appeler à la "responsabilité" et à ne pas manifester.
"Je préfèrerais que les forces de l'ordre soient en train de faire leur vrai métier, c'est-à-dire poursuivre les criminels, diminuer le risque terroriste plutôt que de devoir sécuriser des ronds-points", a rappelé vendredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner sur Europe 1.
"Quel rapport entre le tueur de Strasbourg et le mouvement des +gilets jaunes+ ? Aucun. Si on commence à céder à un assassin en modifiant toute notre vie, c'est lui qui a gagné", s'était indigné la veille le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

La détermination des "gilets jaunes" inquiète aussi les commerçants et le secteur de la distribution, frappée de plein fouet en pleine période d'achats de Noël.
L'activité du secteur privé est tombée en décembre à son plus bas niveau en deux ans et demi, selon le cabinet IHS Markit.

AFP

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