"Gilets jaunes"

A Paris, un samedi plus calme pour les habitants

  • Publié le 15 décembre 2018 à 16:49
  • Actualisé le 15 décembre 2018 à 18:50

"Aujourd'hui, ça a l'air d'être plus calme": A Paris, après des manifestations émaillées de scènes de guérilla urbaine et de saccages, les commerçants ouvraient timidement leurs portes samedi dans une capitale restant sous un dispositif sécuritaire exceptionnel.

Les façades de contreplaqué sont devenues un décor familier, comme à chaque week-end de mobilisation. Sur les Champs-Elysées, le Publicis Drugstore s'est protégé pour éviter une nouvelle tentative d'attaque comme celle de la semaine dernière.

A Bastille ou à République, banques et magasins sont encore une fois barricadés derrière de hautes plaques de bois. La Banque de France s'est elle aussi ceinturée de hautes plaques de métal.
Mais contrairement à la semaine dernière, la vie matinale s'anime, notamment dans les cafés et magasins, qui ont ouvert leur portes, timidement, en attendant de voir...
"Mon patron m'a dit +on ouvre+, donc on ouvre", résume Laurent, serveur au Café des Phares, place de la Bastille. Samedi dernier, le café avait tiré le rideau. Et si la tension devait monter dans la journée? "On verra bien, mais ça m'étonnerait qu'on ferme aujourd'hui".
Une passante devant la terrasse lance un "bon courage!" au serveur. En signe d'encouragement pour cet acte V de la mobilisation? "Non, pour le froid !", dit-elle emmitouflée dans son manteau. "Aujourd'hui, ça à l'air d'être plus calme", constate-t-elle.

"Ras-le-bol"

Au café Le Beaumarchais, sur le boulevard du même nom, Lucie et Alex, les deux serveurs servent les premiers cafés de la journée. Samedi dernier, Lucie avait dû fermer le café en voyant les premiers "gilets jaunes" débarquer sur le pavé. "Dès 8H00, on les voyait passer. Aujourd'hui aucun, à part les éboueurs", sourit-elle.
"Moi je savais que ça allait tomber à l'eau leur truc", commente son collègue Alex, critique sur le mouvement des "gilets jaunes". Avec ses annonces en faveur du pouvoir d'achat, "Macron a quand même fait un gros effort. Ca sert à rien de continuer maintenant", assure-t-il.

Malgré ce calme apparent, la crainte d'une escalade de la violence reste présente. A la brasserie Le vin, avenue Carnot, à 100 mètres du rond-point de l'Etoile, le personnel redoute de nouvelles dégradations, comme chaque samedi depuis plusieurs semaines.

Résultat, on s'adapte: pas de chaises en terrasse ni de sapin ni d'appareil chauffant extérieur - tous ont été volés les samedis précédents, raconte Maria, la responsable.
"Dès que ça gaze, on a ordre de fermer et de rentrer toutes les chaises et de remonter le store de la terrasse", explique-t-elle. C'est "un peu le ras-le-bol". "Qu'ils manifestent pas de souci mais c'est cette tension, cette casse, c'est affligeant. Samedi dernier, on a dû fermer toute la journée, ça fait 7 à 8.000 euros de chiffre d'affaires perdus", déplore encore Maria.

Signe que la tension est un peu retombée, la plupart des musées et théâtres sont ouverts, contrairement au dispositif adopté il y a une semaine.
Ouverts aussi la Tour Eiffel, l'Opéra Garnier, les musées du Louvre, d'Orsay et le Grand palais, fermés samedi dernier, tout comme les grands magasins (Galeries Lafayette, BHV et Printemps) à l'approche de Noël. Rue de Rivoli ou place de l'Opéra, plusieurs grandes enseignes de prêt-à-porter, protégés par des plaques de bois, sont également ouvertes.
Sur la place de la République, plusieurs magasins accueillent le public avec des vitrines couvertes de contre-plaqué, dont le Go Sport, pillé en fin de journée samedi dernier.

Un slogan a été tagué sur le contre-plaqué: "les gilets jaunes sont verts de rage" (...) "On aimerait voir la vie en rose".

AFP

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