Une information judiciaire est ouverte

"Gilets jaunes": la manifestante blessée a bien été poussée par un policier, selon le parquet

  • Publié le 29 mars 2019 à 22:58
  • Actualisé le 30 mars 2019 à 06:03

La manifestante blessée samedi 23 mars lors d'une charge des forces de l'ordre pour disperser des "gilets jaunes" à Nice a bien été poussée par un policier, a affirmé vendredi le procureur, au terme d'une semaine de polémique, contrairement à ses premières déclarations.

A l'ouverture de l'enquête, le procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre avait assuré lundi qu'il n'y avait eu "aucun contact" entre la manifestante et un policier. Emmanuel Macron avait affirmé dans un entretien avec Nice-Matin publié également lundi que "cette dame n'a(vait) pas été en contact avec les forces de l'ordre". "Quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", avait commenté le chef de l'Etat.

Ce sont la poursuite des investigations et le témoignage "rectifié" d'un policier - qui a admis avoir repoussé du bras une femme, et non un homme comme il l'avait dit initialement - qui ont permis d'établir que la chute de Geneviève Legay, 73 ans, avait bien été causée par un membre des forces de l'ordre, a indiqué vendredi M. Jean-Michel Prêtre, qui a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire.

Samedi dernier, Mme Legay, porte-parole d'Attac dans les Alpes-Maritimes, a violemment chuté lors de la dispersion d'une manifestation de "gilets jaunes" place Garibaldi, dans un périmètre interdit à toute manifestation. Les images, captées par des journalistes et des manifestants, de cette dame âgée, drapeau arc-en-ciel et gilet jaune à la main, gisant à terre avec une blessure à la tête, avaient immédiatement suscité de vives réactions. Sa famille et Attac ont porté plainte dès lundi pour "violences en réunion" contre la police.

- "Nouvelles images", "nouveaux témoins" -

Une information judiciaire pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique a été confiée à plusieurs juges d'instruction, a ajouté M. Prêtre vendredi. "Comme je l'avais indiqué lundi dernier, les images alors disponibles qui avaient été visionnées et les témoignages recueillis me conduisaient à conclure qu'il n'y avait pas eu de contact direct entre la victime et les policiers", a rappelé le procureur.

Les investigations se sont poursuivies, notamment avec la saisie de nouvelles images et l'audition de nouveaux témoins. "Les résultats finalisés (...) de l'exploitation de très nombreuses autres images (...) et la mise en cohérence de l'ensemble de ces éléments de preuve, m'ont conduit avec les enquêteurs à constater qu'avant l'arrivée du cordon de ses collègues au niveau où se trouvait Mme Legay, un fonctionnaire de police isolé et dépourvu de bouclier avait écarté du bras vers sa droite Mme Legay, provoquant ainsi (sa) chute", a ajouté le magistrat.

Le policier en question, déjà entendu, a "rectifié ce matin son témoignage en admettant que la personne qu'il avait écartée de son chemin n'était pas un homme comme il l'avait déclaré initialement", a-t-il affirmé. "Acculé, le procureur de la République admet finalement que c'est bien un policier qui a provoqué la chute de #GenevieveLegay", a salué l'association altermondialiste Attac sur Twitter.

Attac qui a appelé les "gilets jaunes" à afficher samedi leur soutien à Geneviève Legay en manifestant avec des drapeaux aux couleurs arc-en-ciel, comme celui que la septuagénaire portait quand elle a chuté, a réitéré sa demande de dépaysement de l'enquête. Attac a également publié une lettre ouverte au président de la République, dénonçant ses propos à l'encontre de Geneviève Legay. "Est-ce à dire qu'une personne de 73 ans devrait dorénavant abandonner son droit de manifester par crainte de se retrouver à l'hôpital ?", s'interroge Attac.

AFP

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