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Grand débat: l'heure du bilan, en attendant les décisions de Macron

  • Publié le 8 avril 2019 à 12:24
  • Actualisé le 8 avril 2019 à 12:50

Demande de baisses d'impôts et de justice fiscale, mais aussi d'écologie et de santé: Edouard Philippe tire lundi le bilan des centaines de milliers de propositions citoyennes issues des deux mois de grand débat national lancé face à la crise des "gilets jaunes".

Pour accompagner cette "restitution" des débats, le Premier ministre prononcera un discours à la mi-journée sous les verrières du Grand Palais, en attendant les premières décisions concrètes d'Emmanuel Macron à la mi-avril. Selon les documents de synthèse consultés par l'AFP, la baisse des impôts, idée populaire, revient sans surprise comme une des principales suggestions. Le souhait d'une plus grande justice fiscale se traduit par des soutiens notables au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), au renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et à l'idée "que tout le monde paie l'impôt".

En revanche, les dépenses publiques à réduire restent "imprécises", relève la note du gouvernement. Près de la moitié du gouvernement, les cinq "garants" du grand débat, des citoyens, représentants d'associations et partenaires sociaux, maires, et une centaine de directeurs d'administration sont réunis, au surlendemain de l'"acte 21" des "gilets jaunes" qui a enregistré samedi sa plus faible mobilisation.

Les organismes missionnés pour cette "restitution" (le sondeur OpinionWay, les cabinets Roland Berger, Res Publica et Missions Publiques) vont présenter les résultats de la consultation. Plus de 1,5 million de personnes y ont participé directement d'après les comptages officiels: un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10.000 réunions locales, un tiers dans les 16.000 cahiers de doléances ou par courrier libre.

"Cette base de données est un trésor national", a déclaré Isabelle Falque-Pierrotin, membre des garants, évoquant au passage "le doute" qu'a pu soulever "l'hypermédiation des débats présidentiels", avec près de cent heures d'intervention d'Emmanuel Macron. "Quand (le grand débat) a ouvert c'était un saut dans l'inconnu" mais "les Français ont été au rendez-vous", s'est félicitée Emmanuelle Wargon, une des deux ministres chargés des consultations, en saluant "la mobilisation de la société civile".

Le ministre Sébastien Lecornu a lui rendu un "hommage" particulier aux maires, dont "un sur deux ont joué le jeu" des réunions locales. Aux quatre thèmes fixés par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français mi-janvier - écologie, impôts, services publics, démocratie - s'en sont ajouté d'autres qui ont spontanément émergé dans la consultation: la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D'autres sujets, comme l'immigration, sont eux restés en retrait.

- "Eau tiède" -

Quand l'opposition fustige un "grand blabla" et un exercice biaisé par le gouvernement, le risque pour l'exécutif est d'apparaître comme celui qui ne retient que ce qui l'arrange. "Toutes les analyses" seront mises en ligne en parallèle, en gage de "transparence", répond Mme Wargon. Toutes les contributions en ligne ont été traitées et parmi celles manuscrites, un tiers qui ne l'a pas encore été le sera d'ici fin mai, a-t-elle précisé.

Lors de débats sans vote mardi devant l'Assemblée puis au Sénat mercredi, Edouard Philippe dira ensuite "ce que nous retenons, les thèmes que nous voulons privilégier, les orientations que nous fixons". Le Premier ministre a déjà promis des "solutions puissantes" et évoqué un travail à venir avec "les corps intermédiaires" et "les élus locaux".

Le verdict reviendra alors mi-avril à Emmanuel Macron, au terme d'un tour de France en 80 jours dont une centaine d'heures de débats. Les mesures pourront être distillées jusqu'à l'été. Le président s'est engagé à épondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a promis que "rien ne serait comme avant", avec notamment une meilleure association des Français aux décisions.
"Si c'était de l'eau tiède, ce serait un échec", a commenté lundi François Bayrou, patron du MoDem et allié de la majorité, sur RTL, mais "je suis sûr, j'ai la conviction et même la certitude que ce n'est pas cela que cherche le président de la République".

En attendant les arbitrages, plusieurs ministres avancent leurs pions. Pour financer la dépendance, les ex-LR Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont poussé récemment l'idée d'un possible report de l'âge de départ à la retraite, avec l'assentiment de Matignon. Soulignant l'envie de "plus d'écologie" lors du grand débat, François de Rugy s'efforce lui de dessiner un avenir à la fiscalité écologique, déclencheur de la crise il y a six mois.

AFP

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