[VIDEO] Le Premier ministre interrompu en plein discours

Edouard Philippe veut baisser les impôts "plus vite" face à "une immense exaspération fiscale"

  • Publié le 8 avril 2019 à 18:09

L'exécutif retient du grand débat qu'il faut "baisser plus vite les impôts" face à une "immense exaspération fiscale", a affirmé lundi Edouard Philippe, qui veut plus largement répondre sans "frilosité" à "un besoin de changement radical" des Français. Il s'est exprimé dans un discours au Grand Palais concluant le compte-rendu détaillé des remontées du grand débat en France.

Fait marquant de ce compte-rendu, le Premier ministre a été interrompu par un homme dans le public. "Monsieur Macron doit être poursuivi pour haute trahison (...) Nous voulons une VIe République", a-t-il hurlé avant d'être évacué par les services de sécurité. Regardez

 

Après quelques instants d'interruption, Edouard Philippe a repris : "je disais donc merci à tous ceux qui ont choisi de faire en sorte que les réunions se passent dans l'ordre et dans l'écoute".

"La première exigence, c'est en fait une immense exaspération fiscale", a poursuivi le Premier ministre lors d'un discours au Grand Palais concluant le compte-rendu détaillé des remontées du grand débat en France.

Face à "une sorte de tolérance fiscale zéro", "les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre: nous devons baisser et baisser plus vite les impôts", a-t-il dit.

Avant une adresse au Parlement mardi et mercredi, et à quelques jours des premiers arbitrages du président Macron, le Premier ministre a affiché la volonté de l'exécutif d'annoncer des décisions fortes après la crise des "gilets jaunes" et trois mois de grand débat national. "Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait à mes yeux impardonnable", a-t-il affirmé.

"Le président l'a dit, nous ne pourrons plus gouverner comme avant", a déclaré le Premier ministre, jugeant nécessaire "de construire les outils d'une démocratie plus délibérative". "Certains annonçaient la fin de la démocratie représentative et l'avènement de ce qui aurait pu être une forme de démocratie directe et médiatique permanente. Ça n'est pas ce que les Français veulent, ils sont exigeants, ils veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, plus efficace et une exemplarité encore renforcée", selon les conclusions du Premier ministre.

Quant à l'écologie, "nos concitoyens nous disent qu'ils sont prêts à changer de comportement, dans un grand nombre de domaines, en revanche, ils ne veulent pas, ils ne veulent plus, que des taxes leur dictent ce qu'il doivent faire et dans les cas où ils peuvent l'envisager, ils veulent que leurs produits financent des dispositifs d'accompagnement", a relevé l'ancien maire du Havre après trois heures de compte-rendu.

- "Bonne foi" -

Il a aussi plaidé pour "un rééquilibrage entre métropoles et communes petites ou moyennes" et la nécessité de "bâtir une démocratie participative au long cours".

Sur les 80 km/h, M. Philippe a plaidé "la bonne foi". "Je voulais sauver des vies, on m'a accusé de vouloir remplir les caisses" de l'Etat, a-t-il regretté, sans pour autant dire qu'il souhaitait d'abandonner cette mesure.

"Aucune annonce concrète: le grand blabla continue", a réagi sur Twitter le député LFI Alexis Corbière. "Les Français n’ont pas une +tolérance fiscale zéro+: ils ont une +tolérance privilèges zéro+!", a critiqué son collègue Eric Coquerel, réclamant de nouveau la suppression de l'ISF.

Selon les documents de synthèse consultés par l'AFP, la baisse des impôts revient sans surprise comme une des principales suggestions qui émergent du grand débat, et le souhait d'une plus grande justice fiscale se traduit par des soutiens notables au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), au renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et à l'idée "que tout le monde paie l'impôt".

En revanche, les dépenses publiques à réduire restent imprécises.

Plus de 1,5 million de personnes ont participé directement au grand débat d'après les comptages officiels: un tiers via le site dédié, un tiers dans les quelque 10.000 réunions locales, un tiers dans les 16.000 cahiers de doléances ou par courrier libre.

Aux quatre thèmes fixés par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français mi-janvier - écologie, impôts, services publics, démocratie - s'en sont ajouté d'autres qui ont spontanément émergé dans la consultation: la santé, beaucoup, mais aussi les retraites ou encore la dépendance. D'autres sujets, comme l'immigration, sont restés en retrait.

- "Eau tiède" -

Quand l'opposition fustige un "grand blabla" et un exercice biaisé par le gouvernement, le risque pour l'exécutif est d'apparaître comme celui qui ne retient que ce qui l'arrange.

"Toutes les analyses" seront mises en ligne, répond la secrétaire d'Etat Emmanuelle Wargon, chargée de l'organisation du débat.

Le verdict reviendra mi-avril à Emmanuel Macron, au terme d'un tour de France en 80 jours dont une centaine d'heures de débats. Les mesures pourront être distillées jusqu'à l'été. Le président s'est engagé à répondre sans "reniement" ni "entêtement" aux souhaits des Français, un "en même temps" qui maintient le flou.

D'autant que les remontées du grand débat sont parfois vagues, contradictoires ou orientées par les questions posées, et n'ont jamais eu la prétention d'une solidité scientifique.

"Si c'était de l'eau tiède, ce serait un échec", a commenté François Bayrou, patron du MoDem et allié de la majorité, tout en disant avoir "la certitude que ce n'est pas cela que cherche le président de la République".

"Ces réunions (du grand débat) ont fait honneur à leurs participants" et "au débat démocratique", a salué Edouard Phippe, en s'en prenant aux "exemples de violences que d'autres se complaisent à donner chaque samedi" lors de manifestations de "gilets jaunes".

AFP

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