"L'accusé reconnaît les faits"

Les démocrates veulent aller vite dans la procédure de destitution de Trump

  • Publié le 27 septembre 2019 à 19:06
  • Actualisé le 27 septembre 2019 à 19:38

Les démocrates affichaient vendredi leur volonté d'aller vite dans la procédure de destitution de Donald Trump, après une semaine qui pourrait marquer un basculement dans la présidence du milliardaire républicain.

"Il ne faut pas que ça traîne", a déclaré la chef des démocrates au Congrès Nancy Pelosi sur MSNBC. Refusant de préciser un calendrier, elle a jugé que "les documents fournis par la Maison Blanche avaient de fait accéléré" la cadence en vue d'une mise en accusation du président.

Après avoir tempéré pendant des mois les ardeurs de l'aile gauche du parti démocrate, Mme Pelosi a créé la surprise mardi en décidant de lancer cette procédure rare et explosive qui, si elle a peu de chances d'aboutir à la destitution de M. Trump pour cause de majorité républicaine au Sénat, augure de luttes acharnées jusqu'à la présidentielle de 2020. Donald Trump "ne nous a pas laissé le choix", a-t-elle assuré vendredi pour expliquer son changement de position. "Ce que le président a fait est clair", a-t-elle poursuivi: il a "trahi son serment, mis en péril la sécurité nationale et l'intégrité des élections".

Les démocrates lui reprochent d'avoir demandé à l'Ukraine de l'aider à rassembler des informations compromettantes sur son rival politique Joe Biden, parmi les favoris pour l'affronter dans les urnes, et dont le fils travaillait pour une entreprise ukrainienne au moment où il était vice-président de Barack Obama.

Cette requête a été formulée il y a deux mois lors d'un appel téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Informé de sa teneur, un membre de la communauté du renseignement avait formellement signalé ses inquiétudes à sa hiérarchie le 12 août. Mais l'existence de ce mystérieux lanceur d'alerte n'a été révélée qu'à la mi-septembre.

- "Blague" -

Des fuites dans les médias ont fait éclater au grand jour, il y a une semaine, ce qui s'était joué entre les deux dirigeants. Acculée, la Maison Blanche a accepté de publier mercredi une transcription de leur échange dans l'espoir de convaincre qu'il était "anodin".
Cette conversation, jugée "accablant" par les démocrates, jette une lumière crue sur l'asymétrie des relations entre le dirigeant de la première puissance mondiale et celui de l'Ukraine, en guerre avec des séparatistes pro-russes et très dépendant de l'aide occidentale.
Donald Trump y aborde les "efforts" américains, se plaint d'en faire beaucoup pour l'Ukraine sans que "cela soit forcément réciproque", avant d'évoquer Joe Biden et les affaires en Ukraine de son fils Hunter. "Cela serait formidable si vous pouviez vous pencher dessus", dit-il à M. Zelensky.

Il n'exerce toutefois aucune menace. Martelant qu'aucune "pression" n'a été exercée, Donald Trump a comparé l'affaire à une simple "blague" et dénoncé "l'hystérie" de l'opposition. Signe de sa nervosité, il a toutefois déclaré "être en guerre", lors d'une conversation privée rendue publique par un témoin. Et sur Twitter, le tempétueux président a appelé les républicains à "se battre". "L'avenir de notre pays est en jeu", a-t-il écrit.

- "L'accusé reconnaît les faits" -

Le scandale a encore gagné en ampleur jeudi avec la publication du signalement du lanceur d'alerte. Après l'échange entre MM. Trump et Zelensky, les juristes de la Maison Blanche sont "intervenus pour +verrouiller+ toutes les archives", a-t-il écrit. Pour ce lanceur d'alerte, cela prouve que l'entourage du président "comprenait la gravité de ce qui s'était passé".

Là encore, Donald Trump et son entourage ont tenté de minimiser la portée du document, "une compilation de récits de troisième main et d'articles de presse" qui ne montre "rien d'inapproprié".

Mais les démocrates s'en sont emparés pour dénoncer une volonté "d'étouffer" le scandale. "Je ne crois pas qu'on ait besoin d'en savoir beaucoup plus", a déclaré vendredi sur CNN le parlementaire démocrate Eric Swalwell, qui siège dans les commissions judiciaire et du renseignement de la Chambre des représentants, qui sont à la manoeuvre dans l'enquête lancée contre Donald Trump. "En tant qu'ancien procureur, je dois vous dire que c'est plus facile quand l'accusé reconnaît les faits et là, le président ne nie pas ses propos", a-t-il ajouté en souhaitant lui aussi avancer "rapidement".

AFP

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