Décès

Jean Raspail, romancier et patagon très royaliste est mort

  • Publié le 13 juin 2020 à 18:10
  • Actualisé le 13 juin 2020 à 19:01

Monarchiste et catholique de droite, bataillant contre ce qu'il appelait la disparition de la France sous les coups de l'immigration, Jean Raspail était l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont le roman "Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie".

Front haut, sourcils en bataille, nez impérieux et moustache rousse, élégant et portant beau, cet aventurier à la forte personnalité ressemblait à un personnage de l'écrivain britannique Rudyard Kipling. Il disait être "un marin manqué, qui a longtemps exploré le monde avant de découvrir que l'écriture est aussi un long voyage". Manquant d'être élu à l'Académie française en 2000, il avait reçu en 2003 le grand prix de littérature de l'institution.

Jean Raspail naît le 5 juillet 1925 à Chemillé-sur-Dême (Indre-et-Loire). Son père fut président des grands moulins de Corbeil. En 1939, il tente à 14 ans de s'engager dans les corps francs. Les gendarmes l'arrêtent et le renvoient à ses études. Après deux années de Droit, il succombe à l'appel du monde : "Mes universités, ce sont mes voyages". En 1948, il part de Québec à bord d'un canoë avec trois camarades et, sur les traces du père Marquette (17e siècle), rejoint la Nouvelle-Orléans, via les Grands Lacs et le Mississippi.

En 1951, il traverse en automobile les deux Amériques dans leur totalité. Ce raid, considéré comme la dernière grande expédition automobile, lui inspire son premier récit de voyage, "Terre de feu-Alaska" (1952). D'autres suivent : "Le vent des pins" (Japon), "Terre et peuple incas" (Pérou), "Terres saintes et profanes" (Congo)...

Il devient chroniqueur dans différents journaux, dont le Figaro, et se met au roman : "Le camp des saints", "Le jeu du roi", "Septentrion".

- Admiré par les identitaires -

Son plus grand succès est, en 1981, "Moi, Antoine de Tounens..." ou le destin d'un aventurier français qui débarqua en Argentine en 1860 et se fit proclamer roi d'Araucanie et de Patagonie par les populations indigènes. Ce livre obtient le prix du roman de l'Académie française. En 1989, puis en 1998, il "occupe" brièvement l'archipel des Minquiers, éparpillement de granit peuplé de lapins, au sud de Jersey, "en représailles à l'occupation des Malouines, territoire purement patagon, par les Britanniques".

Lauréat du prix Chateaubriand et du livre Inter pour "Qui se souvient des hommes..." (1986), du prix Maison de la presse pour "L'anneau du pêcheur" (1995), du grand prix du roman de la ville de Paris pour "Sire" (1991), il préside, pour le bicentenaire de 1793, le Comité national pour la commémoration solennelle de la mort de Louis XVI.

Jean Raspail, qui se situait politiquement, selon ses mots, à "droite-droite", revient dans l'actualité en 2004 avec une tribune parue dans le Figaro, intitulée "La patrie trahie par la République", qui suscite de vives réactions. Il y prédit "le basculement définitif des années 2050 qui verra les Français de souche se compter seulement la moitié - la plus âgée - de la population du pays, le reste étant composée d'Africains, de Maghrébins ou Noirs et Asiatiques (...), avec forte dominante de l'Islam, djihadistes compris".

Attaqué en justice par la Licra pour "provocation à la haine raciale", il est finalement relaxé. Par ailleurs, dès 2008, "Le camp des saints", qui raconte l'arrivée en Occident d'un million d'immigrants dont les bateaux s'échouent sur la Côte d'Azur, est réédité avec un grand succès.

Le roman - un des livres de chevet de Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump - est chroniqué favorablement sur des sites comme celui d'Action française ou du Rassemblement pour la France.

Admiré par les déclinistes et les identitaires, Jean Raspail fait en 2015 la une de "Valeurs Actuelles" qui le qualifie de "prophète". Au magazine Le Point, cette année-là, il dit à propos des commentaire sur son livre : "Je ne vais pas sur Internet, je ne suis pas entré dans le 21e siècle, je ne sais donc pas ce qu'on y dit".

AFP

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