Economie

Les "extras" de la restauration ne veulent pas être les oubliés de la crise

  • Publié le 24 juin 2020 à 14:26
  • Actualisé le 24 juin 2020 à 15:18

Toques blanches et n?uds papillon, les cuisiniers et maîtres d'hôtel de l'événementiel à l'arrêt du fait de l'épidémie de Covid-19 ont manifesté mercredi à Paris, Cannes et Bordeaux pour la prolongation de leurs droits au chômage et la prise en compte de leur statut d'intermittents.

Immobiles sous un soleil de plomb, près de 800 "extras" en grande tenue - chemise immaculée et costume noir - ont stationné en silence sur la Place de l'Hôtel de Ville à Paris, brandissant des pancartes "Monsieur le Président, vraiment sûr de n'avoir oublié personne?" ou encore "Nous vous avons servi avec fierté, nous récoltons la précarité".

Ces personnels appelés en renfort pour les mariages, matches, salons professionnels ou cocktails des ministères ont vu leur activité réduite à néant par la crise du Covid. "On devrait être à un pic d'activité en juin et on est cloué à la maison" témoigne Amandine, 30 ans. "Normalement, on fait des 150 à 250 heures par mois à cette période et ça recharge nos droits, là on épuise nos droits et on n'en ouvre pas de nouveaux".

Maria, cheffe pour le traiteur Fleur de mai et extra depuis 30 ans "n'a jamais connu ça. D'habitude, on a des périodes creuses, en février par exemple, mais là c'est la catastrophe".

À Bordeaux, ils étaient plusieurs dizaines - 82 selon les organisateurs - disposés en croix humaine avant 7H00 Place de la Bourse, pour marquer "la mort de la profession". "Le Covid, c'est le dernier soubresaut de notre corporation. C'est une longue descente aux enfers", a indiqué à l'AFP Franck Chapoutier, représentant en Gironde de l'OPRE (Organisation du personnel de la restauration dans l'événementiel).

Après une réforme de leur statut d'intermittents en 2014 qui a "énormément fait baisser les calculs d'indemnisation de Pôle Emploi, on a perdu toutes les prestations à cause du Covid", a-t-il ajouté. "Les structures ont été aidées par les aides gouvernementales mais nous, on meurt à petit feu. La profession d'extra-événementiel, un réel savoir-faire, va disparaître, ça va devenir un job d'appoint, un job d'étudiant".

- Inscrit au RSA -

À Cannes, environ 200 hôtesses, chauffeurs, cuisiniers, pâtissiers et autres professionnels du petit four ont manifesté avec le soutien de la Coordination des intermittents du spectacle et des collègues de Toulon et Marseille, avant de se rendre en cortège à l'hôtel de ville où le maire David Lisnard (LR) leur avait apporté son soutien le 26 mai.

Les manifestants, interdits sur les marches de l'emblématique Palais des Festivals où ils travaillent souvent en temps normal, ont servi café et viennoiseries aux forces de l'ordre et aux passants: "Notre métier, c'est l'accueil!", explique Thierry Le Gall, pâtissier cuisiner de Lenôtre Côte d'Azur, à l'initiative de quatre précédentes manifestations à Cannes, Nice, Grasse et Antibes.

Les extras réclament une prolongation de leurs droits, à l'instar des intermittents du spectacle qui ont obtenu une "année blanche". Ils veulent aussi retrouver un statut adapté à leur métier. "L'annexe 4 qui encadrait leurs métiers a été vidée de son sens en 2014 et supprimée en 2017, tandis que le nouveau calcul des droits s'est traduit par une baisse de 22% en moyenne des allocations selon les calculs de l'Unedic", explique Denis Gravouil, négociateur pour la CGT de l'assurance chômage.

"J'ai épuisé mes droits fin mai et j'ai dû m'inscrire au RSA, je ne sais pas comment je vais payer le loyer, les factures, l'essence pour la voiture..." énumère Salmi Salah, 3 enfants, venu manifester à Paris depuis Joinville-le-Pont (Val-de-Marne).

L'évènementiel, qui rassemble les organisateurs de quelque 1.200 salons et foires, génère en France 4,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et fait vivre selon l'OPRE 20.000 extras dans l'hôtellerie et la restauration.

AFP

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