Adaptation

Avec la pandémie, un DJ de New York s'essaie aux tournées virtuelles

  • Publié le 15 août 2020 à 10:45
  • Actualisé le 15 août 2020 à 11:54

Avec la pandémie de coronavirus, les concerts en ligne se sont généralisés, et les musiciens se battent pour monter (virtuellement) sur scène. Et pour en tirer des revenus.

Ce week-end, le DJ haïtien Michael Brun va essayer un nouveau modèle dans la musique: le géorepérage. Repérer des gens qui se connectent depuis une zone géographique précise, et leur faire payer "l'entrée". De quoi recréer l'expérience d'une tournée.

Les premiers trois concerts payants qu'il va organiser, à 5 dollars l'accès virtuel, sont pour les habitants (où ceux se trouvant à moins de 160 kilomètres) de Los Angeles, Miami et Chicago.

Comme beaucoup d'autres artistes, ce DJ de 28 ans, qui a mixé dans les plus grands festivals et dont les tubes ont été écoutés des millions de fois en streaming, jouait gratuitement depuis son appartement au début de la pandémie.

Ce week-end, il mixera depuis un célèbre club de jazz de Manhattan, avec un système sonore et une qualité de production bien au-dessus de la moyenne des autres concerts virtuels.

Le géorepérage payant, espère-t-il, permettra de recréer une expérience plus immersive, limitée à 500 places par soirée. "Ce n'est pas seulement un concert parmi tant d'autres, comme ça au hasard", explique-t-il à l'AFP. "On a plus l'impression de vivre le moment". Les shows gratuits, qui permettaient de divertir les esprits et réchauffer les coeurs pendant la pandémie, étaient une "nécessité" pour garder le contact avec le public, explique-t-il. "Personne ne sait quand la musique live va revenir, donc nous ne voulons pas disparaître", ajoute-t-il.

- "Dans la bonne direction" -

Depuis la crise du disque, la plupart des artistes tirent la grande majorité de leurs revenus des concerts et des tournées, un modèle économique considérablement mis à mal par la crise sanitaire mondiale. D'où l'intérêt de chercher une manière de monnayer les soirées virtuelles.

Sa scénographie et les morceaux qu'il jouera changeront à chaque show, comme pour un vrai concert. Les spectateurs pourront acheter leur place en ligne et suivre le concert sur Zoom. En plus du revenu des places, Michael Brun est sponsorisé par une célèbre marque de rhum, un type de partenariat que le producteur de musique électronique espère inscrire dans la durée. "Les marques associées avec le monde du divertissement tirent un bénéfice des artistes", explique-t-il. "Pour qu'ils puissent continuer à avoir un public à viser, il leur faut soutenir les gens qui créent cette culture", utilisée pour vendre leurs produits.

Thomas Fiss, un responsable marketing du label de Michael Brun, AWAL, qualifie les derniers mois "d'épreuve du feu".
Et maintenant que l'on sait que les choses ne vont pas "revenir à la normale" avant un bon bout de temps, l'industrie musicale doit faire preuve de créativité, estime-t-il. "Les fans veulent de nouveau être en lien", avec les artistes, explique-t-il à l'AFP.

Le géorepérage "est loin d'être une solution parfaite", reconnait-il. "Mais c'est un pas dans la bonne direction". Pour Michael Brun, ce système de géolocalisation pourra s'avérer utile dans le tant attendu "monde d'après", notamment pour trouver un public en dehors des destinations de concert habituelles, comme son pays d'origine Haïti.

Et même si les shows virtuels ne remplaceront jamais les concerts en chair et en os (et souvent en sueur), le DJ dit apprécier certains éléments de ses performances virtuelles. "En fait, on interagit avec les gens à un niveau qu'on ne pourrait jamais atteindre dans un vrai show", dit-il. "Il peut y avoir quelque chose de très personnel quand les gens vous envoient des messages". "On a l'impression de faire partie d'une communauté".

AFP

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