Camaïeu

Le repreneur connu lundi, deux offres divisent les 3.100 salariés

  • Publié le 17 août 2020 à 10:55
  • Actualisé le 17 août 2020 à 11:38

Le tribunal de commerce de Lille doit annoncer lundi l'offre choisie pour reprendre une partie des magasins de l'enseigne de prêt-à-porter féminin Camaïeu et de ses 3.100 salariés, divisés entre un projet extérieur et celui de l'actuel PDG de l'entreprise en redressement judiciaire.

La première est celle de la Foncière immobilière bordelaise (FIB), fonds d'investissement spécialisé dans l'immobilier commercial de l'homme d'affaires Michel Ohayon, qui a notamment acquis 22 franchises Galeries Lafayette en régions en 2018.

Elle a la préférence du comité social et économique (CSE) et de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO et compte reprendre 511 magasins et 2.619 salariés, sur les 634 magasins et 3.146 salariés de l'entreprise, dont 438 au siège à Roubaix."Il y a moins de casse", souligne Omar Rahni, représentant CGT au CSE. "Et puis, comment soutenir une équipe dirigeante qui coule la boîte, la met en redressement, bénéficie des aides de l'Etat, voit l'ardoise effacée et en profite pour fermer des magasins et licencier?".

Cette deuxième offre est portée notamment par l'actuel PDG de l'entreprise, Joannes Soënen, et trois fonds déjà actionnaires (GoldenTree, CVC et Farallon), soutenus par le syndicat maison majoritaire (38%) Unis pour agir ensemble (UPAE).

Elle prévoit de garder 2.520 emplois et de reprendre 446 magasins, dont 43 seront sous l'enseigne de prêt-à-porter féminin de la galaxie Mulliez, Grain de malice. Selon Van Minh Nguyen, élu UPAE au CSE, ce projet est "plus pérenne". "L'offre reprend moins de magasins mais est plus en adéquation par rapport au marché actuel du textile, en difficulté", estime-t-il.

Le 24 juillet, à l'issue de l'audience, tendue, devant le tribunal de commerce, M. Soënen avait assuré avoir "un plan bien identifié, une feuille de route claire" "pour que Camaïeu puisse se dynamiser pour les dix prochaines années". La nouvelle direction s'associerait au logisticien nordiste Log's, qui intègrerait les 153 salariés de l'entrepôt de Roubaix et investirait 25 M EUR pour en créer un nouveau, selon son PDG Franck Gimomprez. L'intersyndicale de Camaïeu craint que la société ne se sépare à terme du prestataire actuel Dispéo, qui emploie plus d?une centaine de personnes à Hem pour les commandes internet.

- Très serré -

Interrogés par l'AFP, les différentes parties n'ont fait aucun pronostic, assurant que chaque offre avait 50% de chance de l'emporter. Les différents membres du tribunal étaient eux-mêmes partagés lors de l'audience. Fondée en 1984, Camaïeu a été placée en redressement judiciaire le 26 mai, "lourdement impactée par la crise sanitaire et faute d?un prêt garanti par l'Etat (PGE) qui lui aurait permis de surmonter" cette situation, selon une source proche de la direction.

Début mars, "l'entreprise avait commencé à mettre en oeuvre son plan de transformation et un accord de financement était sur le point d?être conclu avec les actionnaires et les banques". Mais "la crise sanitaire a obligé le groupe à fermer brutalement plus de 800 magasins dans le monde", entraînant un "manque à gagner de 162 millions d'euros", précise cette source.

L'intersyndicale et des syndicats des filiales belge et luxembourgeoise réclament eux des enquêtes, disant avoir la "profonde conviction" que "dès le mois de mars, tout était organisé" pour "passer par une faillite et non par un plan social négocié". Ce que la direction réfute.

Selon l'avocat de la FIB, Olivier Pardo, l'ordonnance du 20 mai relative aux difficultés des entreprises dues à l'épidémie du coronavirus, qui assouplit les règles pour qu'un dirigeant puisse déposer une offre de reprise de sa propre entreprise, ne peut pas s'appliquer pour Camaïeu, car les "difficultés ne sont pas liées au Covid mais antérieures, et l'offre de la FIB est mieux-disante". "Ce serait aller contre la loi d'autoriser cette offre", avance-t-il.

Fin 2018, la société avait été reprise par ses créanciers après une procédure de sauvegarde. En 2016, elle avait déjà négocié avec ses créanciers pour que la moitié de sa dette, qui s'élevait alors à un milliard d'euros, soit convertie en actions.

AFP

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