Discours sur la sécurité

Macron très attendu sur sa stratégie contre les "séparatismes"

  • Publié le 2 octobre 2020 à 10:23
  • Actualisé le 2 octobre 2020 à 11:10

Emmanuel Macron dévoile vendredi son plan d'action pour mieux protéger la République contre les "séparatismes", principalement celui de l'islamisme radical, un dossier sur lequel il est taxé de "naïveté" par la droite et l'extrême droite.

Reporté à plusieurs reprises, ce discours est très attendu à un an et demi de l'élection présidentielle de 2022, qui pourrait se jouer sur les questions de la sécurité et de l'autorité de l'Etat. Accompagné de six ministres, le chef de l'Etat est attendu à 10H aux Mureaux(Yvelines), une ville de 30.000 habitants à une quarantaine de km de Paris, souvent donnée en exemple pour ses initiatives en faveur du "vivre ensemble".

Après avoir été accueilli par le maire, François Garay (DVG), Emmanuel Macron présentera les grandes lignes de la stratégie "La République en actes", qui vise à la fois à "défendre la République et ses valeurs et à lui faire respecter ses promesses d?égalité et d?émancipation", selon l'Elysée.

L'exécutif prévoit de finaliser son projet de loi d'ici la mi-octobre afin qu'il soit présenté en conseil des ministres début décembre puis discuté au Parlement au premier semestre 2021. Dans son discours, Emmanuel Macron devrait annoncer un renforcement et une modification, de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, dont certains articles sont jugés obsolètes. Il sera notamment prévu "des clauses anti-putsch" afin d'éviter toute prise de contrôle inopinée d'un prédicateur radical dans un lieu de culte.

Une autre priorité est de mieux protéger l'enfance et les activités scolaires ou péri-scolaires, qui sont désormais l'un des principaux vecteurs utilisés par la mouvance intégriste pour propager ses idées. "Quelques dizaines de milliers d'enfants" scolarisés à la maison sont potentiellement concernés, selon l'exécutif.

- "Tétanisé" -

Emmanuel Macron devrait également évoquer la neutralité des services publics, notamment dans les transports, et la pénalisation des certificats de virginité délivrés par certains médecins avant un mariage religieux. Aboutissement d'un travail engagé "il y a deux ans", ces mesures ont "nécessité des expertises juridiques" car elles "touchent des sujets extrêmement sensibles, comme les libertés et la laïcité", a précisé l'Elysée.

L'exécutif insiste également sur le fait qu'elles ne visent pas à "stigmatiser" les musulmans, mais au contraire à "les protéger" en tant que "principales victimes de l'islamisme". Consulté de nouveau par Emmanuel Macron cette semaine, le recteur de la Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz a indiqué dans le Monde être prêt à soutenir "complètement l'action du président (...) à condition que la démarche s'inscrive dans une politique volontariste, résolument républicaine et qu?elle s'éloigne de l'opportunisme politicien et des coups de communication" à l'approche d'échéances électorales.

Avant même le discours, la droite et l'extrême droite ont exprimé leur scepticisme quant à la détermination d'un président qu'elles jugent "mal à l'aise", voire "tétanisé" sur ce sujet. "On va de compromis en compromission et les séparatistes et les communautaristes ont très bien compris cela parce qu'ils savent très bien que le gouvernement est faible et donc leur idéologie se propage", a dénoncé la maire LR du VIIe arrondissement de Paris Rachida Dati.

Marine Le Pen a pour sa part souhaité "déclarer, enfin, la guerre" à l'islamisme, alors que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, présente le salafisme, courant rigoriste de l'islam sunnite, comme "le totalitarisme du XXIe siècle".

Beaucoup, à droite comme au RN, font le lien avec le sujet plus vaste de l'immigration, en particulier de l'accueil des mineurs isolés. A gauche, l'offensive d'Emmanuel Macron sur les "séparatismes" est dénoncée comme électoraliste et éloignée des préoccupations des Français en pleine crise sanitaire et économique du Covid-19.

Après son discours, Emmanuel Macron déjeunera avec une délégation des conseils municipaux, des enfants et des jeunes des Mureaux, puis visitera un nouveau lieu artistique de la ville, les Ateliers du Moulin. "Il y a un vivre ensemble chez nous (qu'on) développe avec les associations culturelles et sportives", affirme le maire François Garay, en se félicitant que sa ville ne soit "pas un lieu d'affrontement".

AFP

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