A midi, le taux de participation s'élevait à 49,40%

En Nouvelle-Calédonie, les bureaux de vote pris d'assaut pour le référendum

  • Publié le 4 octobre 2020 à 10:40
  • Actualisé le 4 octobre 2020 à 10:44

Les bureaux de vote de Nouvelle-Calédonie ont été pris d'assaut dimanche dès leur ouverture par les électeurs, témoignant du caractère crucial que les Calédoniens accordent à ce deuxième référendum sur l'indépendance.

Les 304 bureaux de vote pour 180.598 électeurs ont ouvert leurs portes à 08H00 (23H00 samedi soir heure de Paris) et malgré des ondées matinales sur Nouméa, les files d'attentes se sont rapidement étirées. A midi, le taux de participation s'élevait à 49,40%, soit près de 8 points de plus qu'il y a deux ans à la même heure (41,81%). A une heure de la fin du scrutin, à 18H00, il était de 79,63%, soit 6 points de plus qu'en 2018.

"J'ai attendu 45 minutes. c'est très important pour moi de voter, j'ai des enfants et des petits enfants ici, il faut que l'avenir soit clair et que l'on sache ce que l'on va devenir", confie Germaine Le Demezet, retraitée, inscrite dans un bureau du quartier pluriéthnique de la Vallée des Colons.

Doriane Bouyé, issue d'une famille ancrée sur la Caillou depuis sept générations, exprime elle-aussi une volonté de sortir du flou politique. "Le souhait de beaucoup de Calédoniens est de sortir de l'incertitude. J'espère qu'on va rester comme on est, mais je ne suis pas inquiète. Quoiqu'il arrive de toute façon, je suis Calédonienne et je resterai toujours dans mon pays", dit-elle.

Le résultat du référendum est attendu dimanche soir, à la mi-journée heure de Paris. Dans le cadre du processus original de décolonisation par étapes de l'accord de Nouméa (1988), un premier référendum a déjà eu lieu le 4 novembre 2018 et a été remporté à 56,7% par les non-indépendantistes, une marge plus serrée que prévue.

Si les électeurs répondent à nouveau non dimanche, un troisième scrutin sera encore possible d'ici 2022. Trentenaire à barbichette, Guillaume Berger, a voté lui "comme la dernière fois, pour l'indépendance, car ce sont les conditions de la paix civile", estime ce Caldoche. "Si les Kanak décident d'aller à l'indépendance, ils iront", même si le +non+ l'emporte au 3e référendum. "Du coup notre présence sera remise en question si on n'est pas capable de construire l'indépendance avec eux dès maintenant".

- Mémoire des anciens -

Plus au nord de la capitale calédonienne, dans le quartier populaire de Montravel, des dizaines d'habitants font flotter au vent le drapeau kanak - une flèche faitière dans un soleil sur fond rouge, vert et bleu - aux abords des bureaux de vote de l'école Gustave Mouchet.

Dans la cour de récréation, les files d'attente serpentent entre les arbres et sous le préau dans une atmosphère bon enfant. "Les gens sont mobilisés, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de jeunes qui ont pris conscience de l'avenir du pays. Il faut se prendre en main et voter", observe Gilles Tavergeux, retraité et président d'un club de football.

Tee-shirt et drapeau aux couleurs de la Kanaky, Mel, 27 ans, vote oui pour "avoir l'égalité, le respect, le partage et la paix", assure-t-il, "parce qu'on est divisé dans ce pays".

Robe bleu vif et chignon serré, Marie-Rose est descendue du village de Canala, au nord de Nouméa, pour venir voter à Montravel où elle a vécu de nombreuses années, travaillant comme femme de ménage, et où elle est toujours inscrite.

"Il faut qu'on se débrouille sans la France maintenant. Je vote "oui" pour la mémoire de tous nos anciens qui sont tombés", explique celle qui est originaire de la même tribu qu'Eloi Machoro, emblématique guérillero kanak, tué en 1985 par des troupes du GIGN.

Une fois "ses enfants grands", Marie-Rose est repartie vivre dans sa tribu "parce qu'à Nouméa il faut tout payer". "Ici, il y a des gens riches mais aussi beaucoup qui sont dans le besoin. A la tribu, on a juste besoin de petites pièces pour payer le sucre et le riz, pour le reste il y a la pêche et les légumes", indique-t-elle.

AFP

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