Covid-19

Nouvelle journée de grève à l'hôpital, Castex lâche du lest

  • Publié le 15 octobre 2020 à 18:33
  • Actualisé le 15 octobre 2020 à 19:17

En pleine reprise de l'épidémie de Covid-19, une nouvelle journée de grève et de manifestations était organisée jeudi par des syndicats et collectifs hospitaliers, tandis que l'exécutif lâchait du lest pour remobiliser les soignants avant les vacances et le couvre-feu.

La trêve aura été de courte durée. Trois mois après leur dernière mobilisation le 14 juillet, la CGT et ses alliés appelaient une nouvelle fois les personnels des hôpitaux et des Ehpad à exprimer leur colère et leur désarroi.

A Paris, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en début d'après-midi derrière les Invalides, d'où elles se sont élancées en cortège vers le ministère de la Santé voisin. Dans la foule, Margarita, agente de service en psychiatrie, explique qu'il y a "de plus en plus de travail depuis le Covid et on est toujours en sous-effectif".

A Rennes, où 200 à 300 personnes ont défilé dans le centre-ville à la mi-journée, "la situation à l'hôpital est pire qu'avant la première vague, le service des urgences déborde", affirme Lionel le Plagneul, délégué du personnel.

Ils étaient également 200 à 300 à Besançon, défilant derrière un cercueil noir portant l'inscription "Usagers en danger, hospitaliers épuisés". Une chaîne humaine a rassemblé environ 200 personnes autour de l'hôpital de Chambéry, où "c'est la fuite, on a beaucoup de démissions", s'inquiète Fabienne Dadou, adhérente CGT et infirmière, dont les consoeurs "partent travailler en Suisse".

Hasard du calendrier, ces actions se sont déroulées au lendemain de l'annonce par Emmanuel Macron d'un couvre-feu en région parisienne et dans huit autres métropoles à compter de samedi.

La date avait été fixée durant l'été par la CGT, rejointe début octobre par SUD-Santé, les urgentistes de l'Amuf, les infirmiers du SNPI, ainsi que les collectifs Inter-Urgences et Inter-Blocs. Ces organisations estiment que "la deuxième vague (épidémique) risque de faire s'écrouler notre système de santé et d'action sociale".

- "Manque d'effectifs récurrent" -

L'afflux de malades du coronavirus dans les hôpitaux depuis la rentrée (9.173 mercredi, dont 1.664 en réanimation) a ravivé les craintes de soignants déjà durement éprouvés au printemps. De nombreux établissements ont commencé à déprogrammer une partie de leurs interventions chirurgicales et à battre le rappel des personnels en prévision des vacances de la Toussaint.

Syndicats et collectifs y voient la conséquence des "manques d'effectifs récurrents" dans le secteur et revendiquent "des embauches massives immédiates", ainsi que "la revalorisation significative des salaires". Des demandes auxquelles était déjà censé répondre le "Ségur de la santé", signé en juillet par une majorité de syndicats hospitaliers (FO, CFDT et Unsa).

Cet accord prévoit notamment une augmentation générale de 183 euros net par mois pour tous les personnels (hors médecins), dont une première hausse de 90 euros effective à partir du 1er septembre et versée "au plus tard" sur la paie d'octobre.

Le solde était prévu en mars, mais arrivera finalement "avant la fin de l'année", a annoncé jeudi Jean Castex lors d'une conférence de presse. Le Premier ministre a aussi promis une "indemnité compensatrice" de 110 à 200 euros brut par jour pour ceux qui renonceront à leurs congés "dans les jours et les semaines à venir", à commencer par les vacances de la Toussaint.

Un signe de la fébrilité de l'exécutif, qui cherche à éviter que la contestation se propage à l'hôpital, mais aussi au-delà. La tension monte en effet dans les établissements sociaux et médico-sociaux, restés en dehors du "Ségur", et où la CFDT appelait à la grève mardi, FO menaçant d'en faire autant début novembre.

Une négociation s'est ouverte en début de semaine, afin que les 17.000 agents concernés puissent bénéficier des mêmes revalorisations. En parallèle, des discussions ont débuté sur la refonte des grilles salariales, qui devrait se traduire par des gains supplémentaires début 2022.

"Ce n'est pas une solution instantanée, mais une solution durable (...) qui était devenue urgente, au problème de l'attractivité de l'hôpital", a affirmé Olivier Véran mercredi. Le ministre de la Santé a également vanté les 4.000 lits "à la demande" et les 15.000 embauches (dont la moitié sur des postes actuellement non pourvus) promis en juillet, lançant à l'adresse des soignants: "Tenez-bon, on est avec vous, merci pour votre action, on y arrivera".

AFP

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