Conflit

Nagorny Karabakh : l'Arménie a perdu plus de 2.300 soldats

  • Publié le 14 novembre 2020 à 17:26
  • Actualisé le 14 novembre 2020 à 17:42

L'Arménie a reconnu samedi avoir perdu plus de 2.300 soldats dans le conflit au Nagorny Karabakh, théâtre de six semaines d'affrontements avec l'Azerbaïdjan qui y reprend le contrôle de larges territoires à la faveur d'un accord de paix décrié.

Ce lourd bilan représente près du double des pertes précédemment annoncées par Erevan dans ce conflit, en plus de 50 civils arméniens tués depuis la reprise des hostilités avec Bakou début septembre pour le contrôle de cette enclave montagneuse du Caucase. "A l'heure actuelle, les corps de 2.317 militaires tués, parmi lesquels des corps non identifiés, ont été pris en charge par le service d'examen médico-légal", a indiqué sur Facebook la porte-parole du ministère arménien de la Santé, Alina Nikoghosian.

Selon elle, le processus d'échange des corps avec l'Azerbaïdjan ne fait que commencer. "Les belligérants ne disposent pas pour le moment de chiffres définitifs", a-t-elle relevé. L'Azerbaïdjan pour sa part ne communique pas ses pertes militaires, rapportant simplement 93 civils tués par les bombardements arméniens. Le président russe Vladimir Poutine, qui fait office d'arbitre dans la région, avait affirmé de son côté vendredi que les combats au Nagorny Karabakh avaient fait plus de 4.000 victimes et 8.000 blessés, ainsi que des dizaines de milliers de réfugiés.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan ont signé en début de semaine, sous parrainage de Moscou, un accord de cessez-le-feu mettant fin au conflit. Ce texte consacre les gains de territoires importants obtenus par l'Azerbaïdjan, et prévoit la rétrocession à Bakou de territoires supplémentaires. Des forces de maintien de la paix russes ont été déployées cette semaine dans la zone de conflit pour s'assurer du maintien de la trêve. L'annonce de cet accord avait été suivi par des manifestations de colère à Erevan, où des protestataires avaient brièvement investi le siège du gouvernement et le Parlement. L'opposition a exigé la démission du Premier ministre Nikol Pachinian.

- Maisons brûlées -

Comme un symbole de ce revers humiliant, des Arméniens ont préféré brûler leur maison plutôt que de la voir tomber aux mains des forces azerbaïdjanaises, à la veille de leur arrivée prévue dans certaines zones. Un journaliste de l'AFP a vu des habitants incendier leurs demeures samedi matin dans le village de Charektar, dans la zone frontalière avec le Nagorny Karabakh dont les troupes azerbaïdjanaises doivent prendre contrôle dimanche. Les habitants prenaient toutes les affaires qu'ils pouvaient avant de partir.

"C'est le dernier jour, demain les soldats azerbaïdjanais seront là", a déclaré un soldat avant de mettre le feu à sa maison. "On attendait pour être fixé. Mais quand ils ont commencé à démonter la station hydro-électrique, on a compris", indique un autre habitant du village. "Tout le monde va brûler sa maison aujourd'hui (...) On nous a donné jusqu'à minuit pour partir".

Vendredi, les forces de maintien de la paix russes ont fait leur entrée à Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, et en contrôlaient les abords et la ligne de front toute proche. Au total, près de 2.000 soldats de Moscou doivent être mobilisés avec des engins blindés et des véhicules spéciaux. En attendant le déploiement complet des forces russes, et la réouverture du corridor de Latchin, cordon ombilical reliant l'Arménie à l'enclave, la seule voie d'accès au Nagorny Karabakh est la route passant par le nord de l'enclave, par le district de Kalbajar, qui doit rétrocédé dimanche à l'Azerbaïdjan.

AFP

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