Il est mort à l'âge de 48 ans

Christophe Dominici, les Blacks en firmament, le désespoir en filigrane

  • Publié le 24 novembre 2020 à 20:39
  • Actualisé le 24 novembre 2020 à 23:38

La carrière de l'ex-international de rugby Christophe Dominici, retrouvé mort mardi à 48 ans dans un parc des Hauts-de-Seine, a épousé la trajectoire sinueuse de sa vie, du sublime essai face aux All Blacks lors du Mondial-99, jusqu'au désespoir le plus sombre, qui le hantait.

"La vie est bien faite. Dans les drames que tu vis, quand tu décides d'aller chercher les choses, tu les atteins. Quand tu n'as plus envie d'aller les chercher, tu es fini." Ainsi parlait Dominici, au soir de sa riche carrière avec le XV de France (67 sélections, 25 essais, 4 victoires dans le Tournoi dont deux Grand Chelem, finaliste de la Coupe du monde 1999).

Mardi, celui qui avait tenté en vain en début d'année de racheter le club de Béziers, a été vu monter sur le toit d'un bâtiment désaffecté du parc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) en début d'après-midi avant de sauter.

Visage connu du grand public, Dominici a fait rentrer l'ovalie et une certaine idée du French flair dans les foyers français un après-midi de 1999, en aplatissant dans l'en-but des Néo-Zélandais un essai d'anthologie, après rebond favorable, pour renverser les All Blacks, le match et mener les Bleus en finale du Mondial (43-31). Une finale perdue une semaine plus tard contre l'Australie (12-35). Dominici connaîtra peu après un épisode dépressif, qui dessinera au final une carrière internationale en pointillés, avec une éclipse entre novembre 2001 et juin 2003.

Le quintuple champion de France s'y est ensuite refait une place -certains disent à la faveur de ses bonnes relations avec Bernard Laporte, alors sélectionneur après avoir été son entraîneur au Stade français- pour en devenir un des cadres, recevant en 2007 le titre officieux de "capitaine des lignes arrières".

L'insouciance du jeune Toulonnais peroxydé aux crochets déroutants avait laissé la place à la réflexion d'un homme de 35 ans, mûrie au gré d'épreuves personnelles (décès de sa soeur, rupture avec sa femme, dépression) relatées dans son autobiographie-thérapie "Bleu à l'âme", parue au printemps 2007.

"Ca m'a permis d'évacuer beaucoup de choses, expliquait-il alors, quelques mois avant le Mondial. J'ai joué deux Coupes du monde avec des élastiques dans le dos et je n'ai jamais gagné. Je les ai enlevés. J'espère que ça me permettra de courir plus vite."

Lors du Mondial-2007, il ne sera plus un titulaire incontestable (3 titularisations en 7 matches) mais entrera dans l'histoire du XV de France avec ses deux derniers essais en Bleu, inscrits contre la Géorgie, qui ont fait de lui le meilleur marqueur français en Coupe du monde avec huit essais.

- "Injustice" -

Dominici connaîtra toutefois une nouvelle déception avec les Bleus, en terminant 4e de cette Coupe du monde à domicile. Après sa carrière, Dominici a multiplié les expériences: bref entraîneur des lignes arrières au sein du Stade Français, le club auquel son image est attachée et dont il était devenu actionnaire (1%), il a également été consultant rugby sur différents médias (RTL, L'Equipe 21, France Télévisions), acteur, mais aussi participant à l'émission "Danse avec les stars".

Ces derniers mois, Dominici était revenu sur le devant de l'actualité avec le projet de rachat du club de Béziers en Pro D2, porté par des Emiratis, finalement tombé à l'eau. Il avait alors évoqué "une injustice, une offense"... "Je voulais monter une grande équipe, avec des acteurs nationaux et internationaux. On avait envie de faire de ce club le plus grand d'Europe", avait-il avancé. Il avait récemment eu maille à partir avec la justice après un incident cet été dans un commerce de Saint-Tropez, qui lui avait valu d'être visé par une plainte pour vol et violences.

Rapidement, mardi, les hommages se sont multipliés. A l'Assemblée nationale, les députés ont salué "une légende du XV de France". Le vice-président de la FFR Serge Simon, qui fut son équipier au Stade français, s'est dit "effondré (...) le rugby français perd une étoile, le XV de France un mythe, le Stade Français une légende et beaucoup d'entre nous un ami", a-t-il twitté.

Le Stade Français, évidemment, a également réagi: "Génie du rugby et compagnon hors pair, il laisse un grand vide dans notre grande famille".

 AFP

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