Covid-19

Reconfinement et vaccination : double pression sur le gouvernement

  • Publié le 29 décembre 2020 à 16:05
  • Actualisé le 29 décembre 2020 à 19:02

Un reconfinement local dans l'Est ? Un allongement du couvre-feu? Quel rythme pour la vaccination contre le Covid-19? A trois jours de 2021, les Français sont suspendus à d'éventuelles annonces du gouvernement et des voix commencent à réclamer qu'on vaccine plus rapidement.

Un conseil de défense présidé par Emmanuel Macron a eu lieu mardi matin, mais pourrait ne donner lieu à aucune communication dans l'immédiat. Le chef de l'Etat s'exprimera publiquement au plus tard jeudi, pour les traditionnels voeux du Nouvel An, sans qu'on sache toutefois s'il annoncera de nouvelles mesures sanitaires.

"Nous sommes dans une situation aujourd'hui qui de toute façon nécessite une réaction", a plaidé sur Europe 1 le maire (PS) de Nancy, Mathieu Klein, à l'unisson d'autres élus de la région Grand-Est, particulièrement touchée.

M. Klein s'est entretenu ces derniers jours avec le ministre de la Santé, Olivier Véran. Ce dernier lui a dit que "plusieurs scénarios étaient sur la table, parmi lesquels un reconfinement local, régional, parmi lesquels un durcissement de couvre-feu, et parmi lesquels aussi une solution d'attente, qui consiste à renvoyer à début janvier des décisions", a affirmé l'élu.

"Je lui ai fait part pour ce qui concerne notre territoire de l'enjeu de ne pas attendre parce que nous voyons la situation se dégrader de façon régulière depuis le début du mois de décembre", a insisté Mathieu Klein.

En termes de nouveaux cas et de pression sur les hôpitaux, la moitié Est de la France - Grand-Est, Bourgogne Franche-Comté ou Alpes-Maritimes - est particulièrement menacée par un rebond.

- "Sur-mesure" -

Au niveau national, le nombre des personnes hospitalisées et des cas graves en réanimation à cause du Covid-19 est reparti à la hausse (24.645 et 2.694 selon les chiffres de lundi).

Le nombre de nouveaux cas détectés chaque jour est de 12.000 en moyenne sur les sept derniers jours, loin de l'objectif des 5.000 fixé par le gouvernement.
Après les brassages de population des vacances de Noël, des professionnels de santé veulent des mesures strictes pour éviter une explosion de l'épidémie en janvier.

"Il faudrait revenir à un confinement tel qu'on l'a connu le 16 mars (...) mais pour une durée beaucoup plus courte, d'une quinzaine de jours à trois semaines maximum", a estimé sur RTL le Pr Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.

Mais un confinement national est une décision difficile à prendre, qu'il soit strict comme celui de mars à mai ou plus souple comme celui de novembre/mi-décembre.

Il faut "éviter absolument" un troisième confinement, qui "serait un très très gros problème, non seulement économique mais aussi psychologique, éducatif, culturel", a estimé sur Cnews l'ex-ministre socialiste Ségolène Royal, qui souhaite "du sur-mesure" pour les "régions les plus touchées".

- "Vaccinodromes" -

En attendant d'éventuelles annonces, la campagne de vaccination débutée dimanche se poursuit dans des Ehpad, seules structures concernées par la première phase.

Mardi, ce sont par exemple 14 résidents de l'Ehpad des Hortillons d'Amiens qui doivent recevoir le vaccin de BioNTech/Pfizer, le premier disponible. Sur les deux premières journées, une cinquantaine de personnes ont été vaccinées en France. Alors que l'objectif est d'arriver à un million d'ici la fin février, des voix commencent à s'élever pour dénoncer un rythme jugé trop lent par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne, les Etats-Unis ou Israël.

"Si notre pays ne modifie pas sa stratégie en ouvrant des +vaccinodromes+, en réquisitionnant les personnes aptes à vacciner, en autorisant aux gouvernants et aux people qui le souhaitent de se faire vacciner pour montrer l'exemple, le coût économique, social et psychologique sera terrible", a twitté l'économiste Nicolas Bouzou.

"À ce jour, comme tant de maires, je n'ai toujours aucun retour sur le nombre de doses pour cette première phase de vaccination (et) la date de livraison", a déploré le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, également sur Twitter.

"Certains disent qu'on devrait aller plus vite, d'autres disent +Ouh là là, mais ce vaccin a été préparé en moins d'un an c'est beaucoup trop rapide+ (...), il y a des insatisfaits dans les deux sens", a fait valoir lundi soir sur Europe 1 le Pr Alain Fischer, le "monsieur vaccin" nommé par le gouvernement.

"C'est bien qu'on n'aille pas plus vite" dans un premier temps car cela "donne le temps de faire les choses bien en termes de sécurité, d'efficacité, d'organisation et d'éthique avec le consentement", a-t-il poursuivi.

D'autres pays qui procèdent plus rapidement "ont donné la priorité à la vaccination des professionnels de santé, ce qui explique la différence dans les chiffres", a-t-il avancé.

AFP

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